Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Ζ΄

Τίτλος:Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Ζ΄
 
Τόπος έκδοσης:Κέρκυρα
 
Εκδότης:Εταιρεία Κερκυραϊκών Σπουδών
 
Συντελεστές:Κώστας Δαφνής
 
Έτος έκδοσης:1986
 
Σελίδες:362
 
Θέμα:Ελληνικά κείμενα του Καποδίστρια
 
Κατάλογος Καποδιστριακού Αρχείου Κερκύρας
 
Ο Καποδίστριας στην Ελλάδα
 
Χρονική κάλυψη:1811-1828
 
Το Βιβλίο σε PDF:Κατέβασμα αρχείου 45.07 Mb
 
Εμφανείς σελίδες: 266-285 από: 362
-20
Τρέχουσα Σελίδα:
+20
https://kapodistrias.digitalarchive.gr/published/includes/resources/auto-thumbnails.php?img=/var/www/html/ikapo/published/uploads/book_files/5/gif/266.gif&w=550&h=800

lutter à la fois contre trois ennemis également redoutables, la misère, l’anarchie et les Turcs.

Quand même la croisière des flottes alliés enlèverait à Ibrahim-Pacha les renforts égyptiens, il n’est que trop à craindre que l’Epire et l’Albanie ne lui fournissent des troupes pour poursuivre vigoureusement ses opérations, et pour écraser les débris de la population qui se sont réfugiés sous les remparts de Nauplie et de deux autres forteresses, et alors les garnisons affamées de ces places pourront-elles lui résister?

Enfin dans la supposition qu’Ibrahim-Pacha fût contraint à s’arrêter ou même à se retirer du Péloponése, les forteresses que resteraient au pouvour des Turcs capituleraient-elles avec un gouvernement qui n’aura pas été en mesures de les forcer, et auquel des antécédents malheureux ne donnent aucun crédit auprès des musulmans riches et puissants, qui constituent le nerf de leurs garnisons?

Or des forteresses dans le Péloponése restant au puvoir des Turcs, les Puissances peuvent-elle jamais espérer d’éxécuter par la voie des négociations l’article 2 du traité qui pose en principe la séparation entière entre les individus des deux nations, et la nécessité de prévenir de nouvelles collisions entre elles?

D’autre part, si les Turcs s’obstinent à continuer la guerre contre les Grecs, et si de nouvelles catastrophes viennent appeler sur les infortunes des Hellènes la commisération européenne, les Puissances intervenantes ne seront-elles pas, malgré elles peut-être, entraînées à l’adoption de mesures plus fortes, dont le résultat serait, ce qu’on désire le plus éviter, les hostilités de la guerre?

Aucune de ces conséquences ne nous semble à redouter et dans aucune hypothèse, si recevant dès à présent quelques secours de la part des très-hautes Puissances, les Grecs se voyaient à même de se donner un gouvernement, dont les opérations militaires et administratives auraient une direction ferme et un but invariable, et qui, dévoilant à la nation le secret de ses ressources, lui procurerait les moyens de se suffire en peu de temps à elle-même, et de satisfaire honorablement aux engagements qu’elle aura contractés, malgré la lutte qu’elle continuerait à soutenir contre les Turcs.

De toutes les mesures coërcitives que le traité du 6 juillet légitime, celle de mettre par quelques secours les Grecs en état de remplir les clauses de cet acte, serait selon nous la seule complètement conforme à son esprit et à son but. Elle seule convaincra la Porte que les Puissances alliées veulent invariablement la paix du levant par le salut de la Grèce. Elle seule pourrait contraindre les Turcs à y consentir, sans que des mesures coërcitives d’une autre nature provoquent les hostilités directes entre l’Angleterre, la France, la Russie et la Porte.

Si les cabinets des souverains médiateurs partageaient cette conviction, ils jugeraient peut-être convenable en pareil cas de faire déclarer à la Porte:

Σελ. 266
https://kapodistrias.digitalarchive.gr/published/includes/resources/auto-thumbnails.php?img=/var/www/html/ikapo/published/uploads/book_files/5/gif/267.gif&w=550&h=800

Que loin de vouloir la forcer à changer ses résolutions, ils les respectent.

Que par les mêmes motifs ils ne changeraient point non plus leurs propres déterminations, et ils rempliraient fidèlement les clauses du traité, en entretenant des relations amicales avec les Grecs.

Qu’enfin si l’établissement de ces relations était considéré par la Porte comme un acte d’hostilité, elle n’aurait qu’à déclarer la guerre aux Puissances médiatrices, qui à leur tour adopteraient des mesures de défense.

Mais est-il à supposer que la Porte s’aveuglât au point de déclarer en effet la guerre à la Grande-Bretagne, à la France et à la Russie, de s’exposer à voir sa capitale affamée en peu de jours, et de provoquer peut-être la chute de l’empire?

Quel parti pourrait-elle donc adopter? Celui de garder le silence, ou bien de s’épuiser en réclamations; et ce résultat offrirait déjà une chance de plus à la conservation de la paix sur le Bosphore.

Le temps achèverait l’ouvrage, et il l’achèverait peut-être en portant toutes les Puissances européennes, nulle exceptée, à acéder spontanément au traité du 6 juillet.

Mais en accordant aux Grecs les secours qu’ils souhaitent, les Puissances ne prendraient-elles pas de fait, et en contravention aux principes du traité de Londres, une part active aux hostilités entre les Turcs et les Grecs? Ne s’écarteraient-elles pas de la marche qu’elles se sont tracée dans l’espoir d’amener les turcs à accepter la médiation?

La présence des flottes combinées dans l’Archipel, le contact qu’elles vont opérer entre les Puissances intervenantes et les Grecs, les relations qui en seront le résultat, tous ces faits répondent assez à ces objections, et nous semblent même légitimer aux yeux des Turcs l’assistance que les grecs invoquent.

Et en effet pourquoi les Puissances laisseraient-elles ignorer aux Turcs que, voulant le but, elles veulent fermement et irrévocablement les moyens? Qu’en conséquence elles ont accordé des secours aux Grecs, soit afin de les mettre en état de remplir les engagements qu’en vertu du traité ils auront contractés envers la Porte elle-même (si celle-ci accepte la médiation), soit pour leur fournir les moyens de subsister et de se défendre au cas où, dans un aveuglement funeste pour ses propres intérêts, la Porte repousserait la main secourable que lui tendent les Puissances.

La vérité, quelque pénible qu’elle soit, frappe néanmoins tous les esprits; les Turcs eux-mêmes finiraient par la reconnaître, et s’il y a un moyen de les faire fléchir devant la nécessité de leur situation sans recourir aux armes, celui que nous proposons nous semble Punique.

D’un mot seul, et par un secours qui dans le fait ne leur imposerait que des sacrifices momentanés et hors de proportion avec les dangers qu’il préviendrait, les Puissances alliées écarteraient les chances d’une guerre sur le Bosphore, et

Σελ. 267
https://kapodistrias.digitalarchive.gr/published/includes/resources/auto-thumbnails.php?img=/var/www/html/ikapo/published/uploads/book_files/5/gif/268.gif&w=550&h=800

sauveraient la Grèce. Expliquons notre pensée.

Des capitalistes d’une haute respectabilité sont prêts à contracter avec la Grèce l’emprunt d’un million de livres sterling à 80 ou 85 pour 100, à un intérêt de 5 pour 100; mais ils demandent que les dividendes de cet emprunt soient garantis par l’Angleterre, la France et la Russie.

En accordant cette garantie, les Puissances contracteraient l’obligation d’acquitter chacune annuellement une somme de 20,000 livres sterling représentant, outre les intérêts de la dette, un fonds d’amortissement de la valeur de 1 pour 100. Cette avance de 20,000 livres sterling ne serait pas même requise en numéraire, car les capitalistes chargés de l’emprunt s’engageraient à la faire eux-mêmes, en obtenant en retour des inscriptions sur le grand livre de la dette publique des gouvernements respectifs pour la valeur de cette somme.

Le capital qu’une opération semblable mettrait à la disposition de la Grèce, serait employé d’une part à l’extinction des deux emprunts contractés à Londres; il fournirait de l’autre au gouvernement grec le seul moyen de régulariser son système de défense, et de remettre en activité les ressources du pays.

Par le fait, la durée de cette garantie ne serait que de quelques années. Elle ne s’étendrait que jusqu’au jour où la Grèce ayant rétabli son crédit et utilisé les richesses considérables que renferme son sol, trouverait facilement les moyens de contracter sous sa propre responsabilité un nouvel emprunt, qui acquitterait ses engagements envers les Puissances intervenantes, et absorberait la dette d’où ces engagements dériveraient.

Si les Puissances préféraient au mode que nous verons de proposer, celui de prêter directement aux Grecs une somme une fois payée, aux intérêts et sous la garantie qu’elles jugeraient convenable de prendre, cette somme, pour répondre aux besoins du moment et aux vues énoncées plus haut, ne saurait être au-dessous de 900,000 livres sterling, c’est-à-dire de 300,000 livres sterling pour chaque Puissance.

Enfin, si ni l’un ni l’autre de ces modes n’obtenait le suffrage des Puissances, ce serait encore un immense bienfait pour la Grèce, si, adoptant dès aujourd’hui le principe de la nécessité et de l’urgence d’un secours à accorder à la Grèce, elles voulaient déclarer dans le protocole des conférences de leurs plénipotentiaires à Londres, que du moment où les Grecs auront accepté le traité du 6 juillet, elles leur prêtent collectivement la somme de...., ou qu’elles offrent au gouvernement grec l’appui de leur propre crédit, pour le mettre en état de contracter un nouvel emprunt.

Cette déclaration demeurerait provisoirement secrète. Étant éventuelle, elle ne compromettrait aucun intérêt, et le gouvernement grec pourrait s’en prévaloir auprès de quelques capitalistes recommandables et discrets pour obtenir des secours

Σελ. 268
https://kapodistrias.digitalarchive.gr/published/includes/resources/auto-thumbnails.php?img=/var/www/html/ikapo/published/uploads/book_files/5/gif/269.gif&w=550&h=800

immédiats, qui, dans sa position actuelle, contribueraient essentiellement à son salut.

Hors de là il ne resterait aux Grecs qu’à invoquer la Providence et à se résigner à leur sort; ils s’y résigneront, mais au moins les conséquences de leur dénûment et de leur désespoir ne feront plus peser sur eux aucune responsabilité.

Nous nous dispenserons de nous arrêter sur des considérations qui démontreraient combien un secours accordé aujourd’hui à la Grèce serait placé, si nous osons nous exprimer ainsi, à un haut intérêt. Il préviendrait des sacrifices plus grands, soit dans le cas où les Grecs, tout en acceptant la médiation, se trouveraient hors d’état de remplir les engagements qu’ils auraient contractés, soit dans celui où les Puissances se verraient forcées d’avoir recours à des mesures coërcitives directes, pour contraindre la Porte à accepter une médiation.

Nous nous dispenserons enfin de développer ici toute l’étendue des avantages qui résulteraient de ces secours dans un avenir assez rapproché, puisque ces secours rendraient possibles les relations commerciales entre les Puissances intervenantes et la Grèce, relations dont le traité du 6 juillet établit le principe.1

1. Correspondance, τ. 1ος σσ. 213 - 224.

«H εν Λονδίνω συνθήκη της 6ης Ιουλίου αναγγέλλει ότι η αιματοχυσία και τα δυστυχήματα όσα από του 1821 ερημώνουν τα προς Ανατολάς και θέτουν εις κίνδυνον τα μέγιστα συμφέροντα θα παύσουν και επομένως δεν θα ταραχθή εκ τούτων η ειρήνη, την οποίαν η Ευρώπη απολαύει, διότι προς τούτον τον σκοπόν αι Δυνάμεις της Αγγλίας, της Γαλλίας και της Ρωσσίας προσφέρουν διά της μεσιτείας και εγγυήσεώς των προς μεν τον Σουλτάνον έντιμον με την Ελλάδα ειρηνοποίησιν, προς δε τους Έλληνας τον τρόπον του ν’ απαλλαγούν από την ολεθρίαν απομόνωσίν των, να βελτιώσουν την ενεστώσαν κατάστασίν των και τέλος να ελπίσουν ευτυχέστερον μέλλον. Αλλά τα Μυστικοσυμβούλια αυτών μελετώντα τας περιστάσεις, όσας δύνανται να βραδύνουν ή να επενέγκουν δυσκίνητα εμπόδια εις την κατόρθωσιν της σωτηριώδους προθέσεώς των και ζητούντα να προλάβουν ή να υπερνικήσουν όλα ταναντία, θα καταπεισθούν ότι δεν θα φθάσουν τον σκοπόν των Δυνάμεων ευτυχώς πως, ειμή μόνον απαλλάττοντα την Ελλάδα όσον τάχιον από την αθλιωτάτην και αξιοθρήνητον κατάστασιν, εις την οποίαν έφθασεν εξ αιτίας του οκταετούς εξολοθρευτικού πολέμου και των εξ αυτού συμφορών.

Εν υποθέσει ότι οι Τούρκοι αποδέχονται η απορρίπτουν την μεσιτείαν των Δυνάμεων, θα εξετάσωμεν εν συντόμω με ποιους τρόπους αι Δυνάμεις αύται θα κατορθώσουν ώστε να πληρωθούν αι ευχαί των και αι ευχαί της Ευρώπης

Σελ. 269
https://kapodistrias.digitalarchive.gr/published/includes/resources/auto-thumbnails.php?img=/var/www/html/ikapo/published/uploads/book_files/5/gif/270.gif&w=550&h=800

και της ανθρωπότητος.

Εν υποθέσει ότι οι Τούρκοι και οι Έλληνες δέχονται την συνθήκην της 6ης Ιουλίου, ότι ήρχισαν τακτικαί διαπραγματεύσεις μεταξύ αυτών, και τέλος έγινε σύμβασις διά της μεσιτείας και υπό την εγγύησιν των τριών Δυνάμεων. Εις την παρούσαν κατάστασιν της Ελλάδος, και καθ’ ην θα ευρεθή αύτη αφού παύσουν αι εχθροπαξίαι, ποίαν ηθικήν ή υλικήν εγγύησιν θα δυνηθή να προσενέγκη αμοιβαίως εις τας Δυνάμεις η Κυβέρνησίς της, και πώς θα τολμήση να τας βεβαιώση ότι θα εκπληρώση τα υπεσχημένα; Και αν θα υποσχεθή με τον επισημότερον τρόπον κατά τούτο, ποίους τρόπους έχει εις την διάθεσίν της ώστε να δυνηθή να τα εκπληρώση;

Προ τριών ετών οι Έλληνες δεν υπάρχουν, ουδέ πολεμούν, ειμή διά των βοηθημάτων τα οποία χρεωστούν εις τον ελεημοσύνην των Χριστιανών της Ευρώπης. Αι γαίαι των είς τε την Πελοπόννησον και εις την Ανατολικήν και Δυτικήν Ελλάδα είναι αγεώργητοι, αφ’ ότου οι Τούρκοι φέρουν εκεί την ερήμωσιν και τον θάνατον. Διότι οι γεωργοί φέρουν τα όπλα, και αι οικογένειαί των ή ηχμαλωτίσθησαν, ή διεσκορπίσθησαν εις τας νήσους, ή κατέφυγον εις βράχους απροσίτους. Αι κώμαι, τα χωρία και αι πόλεις της Ελλάδος κατεστράφησαν και κατήντησαν ερείπια και ερημίαι. Άλλο δεν έμεινεν εις τους κατοίκους της, ειμή ο αρχαίος χαρακτήρ αυτών, και η ομόφωνος και αμετάθετος απόφασίς των να μην υποκύψουν εις τον ζυγόν των Τούρκων ή άλλου τινός ξένου.

Αλλ’ οι ούτως ευγενώς διατεθειμένοι Έλληνες, και λαός και αρχηγοί, εξ αιτίας του πολέμου, και των εξ αυτού δεινών και της αναρχίας δεν θέλουν να κατασταθή Κυβέρνησίς ισχυρά, και δυναμένη να διομολογήση και να εκπληρώση τα διωμολογημένα σύμφωνα με την συνθήκην της 6ης Ιουλίου, και την απόφασιν των μεσιτευουσών Δυνάμεων. Και από ποίαν εντόπιον πηγήν, ηθικήν ή χρηματικήν, οποιαδήποτε Κυβέρνησις θα εξαρτύση εις την Ελλάδα σήμερον την επιρροήν της, την υπόληψίν της, την εξουσίαν της, και τους τρόπους του να ενεργήση τα χρέη της; Είναι το αυτό ή ως αν ήθελε να μη γνωρίσή τις την φύσιν των ανθρώπων, ή να κρίνη προκατειλημμένως και αδίκως περί του φονικού πολέμου των Ελλήνων, αν θελήση να τους ονειδίση διά την εξ αυτού αθλίαν κατάστασίν των, ή να βάλη βάσιν εις εγγύησίν τινα συνισταμένην εις πράξιν υπογεγραμμένην από την Κυβέρνησίν των, Κυβέρνησιν πολιορκουμένην από παντοίας επειγούσας ανάγκας, και κατακυριευμένην από την αυτογνώμονα θέλησιν των παλληκαρίων, των οποίων η κακομοιρία αποτελεί την δύναμιν, και των οποίων η απελπισία δικαιώνει πολλάκις τας καταχρήσεις.

Και όμως ποίαν άλλην εγγύησιν ηδύναντο αι Δυνάμεις να λάβουν από την Ελλάδα, διά να εγγυηθούν ωσαύτως εκ μέρους των εις τους Τούρκους ότι οι Έλληνες θα εκτελέσουν τας αποφάσεις, τας οποίας θα κάμουν μεσολαβούσαι; Άλλον τρόπον δεν έχουν προς τούτο, ειμή να καταλάβουν στρατιωτικώς ωχυ-

Σελ. 270
https://kapodistrias.digitalarchive.gr/published/includes/resources/auto-thumbnails.php?img=/var/www/html/ikapo/published/uploads/book_files/5/gif/271.gif&w=550&h=800

ρωμένας τινάς θέσεις, ή κανέν φρούριον ή καμμίαν νήσον. Αλλά τούτο δεν συμβιβάζεται με την συνθήκην της 6ης Ιουλίου και με τον ειρηνοποιόν σκοπόν των. Οι αυτοί στοχασμοί γίνονται εναργέστεροι εν υποθέσει ότι η Πύλη θ’ απορρίψη την μεσιτείαν των.

Είμεθα πεπεισμένοι ότι οι Έλληνες θα προθυμηθώσι να συναινέσουν εις την ειρημένην συνθήκην, έχοντες εντελή εμπιστοσύνην εις τους Χριστιανικούς και καλοκαγάθους σκοπούς των συμμάχων Δυνάμεων. Αλλ’ εις την παρούσαν κατάστασίν των όλως γυμνοί και αποροι όντες, θα παρέβαινον το πρώτον και ιερώτερον χρέος των, αν δεν εζήτουν από τους βασιλείς βοήθειαν τινα, διά ν’ αποφύγουν τους απείρους κινδύνους, εις τους οποίους τους ρίπτουν αφ’ ενός η παντελής έλλειψις τροφών, και αφ’ ετέρου αι προσπάθειαι των Τούρκων να κατακτήσουν την Πελοπόννησον, ενώ χωρίς της ετοίμου βοηθείας των Δυνάμεων θ’ απολεσθούν ήδη, ότε αύται απεφάσισαν να τους σώσουν.

Είναι δε πιθανόν να τους φυλάξη και τώρα η θεία πρόνοια θαυματουργούσα. Πλην αυτοί θα εξακολουθήσουν παλαίοντες εναντίον τριών εχθρών επίσης φοβερών, της παμπτωχείας, της αναρχίας και των Τούρκων, αλλ’ όχι βέβαια και μη προξενούντες λίαν δεινά και κινδυνώδη αποτελέσματα τόσον δι’ εαυτούς όσον και διά την διατήρησιν της ειρήνης εις τον Βόσπορον.

Και αν δε οι συμμαχικοί στόλοι εμποδίσουν τον Ιμβραχήμ να λάβη νέας δυνάμεις από την Αίγυπτον, τάχα δεν είναι φόβος μη λάβη από την Ήπειρον και την Αλβανίαν βοήθειαν στρατευμάτων, διά να εξακολουθήση ακμαίως τον πόλεμον, και να καταθραύση τα λείψανα των λαών, των καταφυγόντων υπό τα τείχη του Ναυπλίου και δύο άλλων φρουρίων, και τότε να παραδοθούν εις αυτόν αι πεινώσαι φρουραί, παραδίδουσαι τα φρούρια αυτά;

Εν υποθέσει τέλος ότι ο Ιμπραχήμ θα βιασθή να σταθή η και να φύγη από την Πελοπόννησον, τάχα τα φρούρια όσα μένουν εις την εξουσίαν των Τούρκων είναι δυνατόν να παραδοθούν επί συνθήκη εις Κυβέρνησιν, μη δυναμένην να τους υποχρεώση εις τούτο, και ως εκ των προτέρων μη έχουσαν καμμίαν υπόληψιν εις τους πλουσίους και δυνατούς των Τούρκων, οίτινες είναι τα νεύρα των φρουρών των; Μενόντων άρα φρουρίων εν τη Πελοποννήσω εις την εξουσίαν των Τούρκων, δύνανταί ποτε να ελπίσουν αι Δυνάμεις να εκτελεσθή διά μέσου διαπραγματεύσεων το β' άρθρον της συνθήκης, το ορίζον παντελή διαχωρισμόν των δύο εθνών προς αποφυγήν νέων μεταξύ αυτών συγκρούσεων; Αν αφ’ ετέρου οι Τούρκοι ισχυρογνωμούντες εξακολουθήσουν τον κατά των Ελλήνων πόλεμον, και αν νέαι καταστροφαί εφελκύσουν την συμπάθειαν της Ευρώπης επί τους Έλληνας, δεν θ’ αναγκασθούν αι Δυνάμεις να παραδεχθούν δραστηριώτερα μέτρα, τα οποία θα αποτελέσουν ό,τι αυταί επιθυμούν ν’ αποφύγουν, ό εστι τον πόλεμον.

Αλλ’ αι Δυνάμεις δεν έχουν να φοβηθούν τοιούτον τι, αν προμηθεύσουν ολίγα βοηθήματα εις τους Έλληνας, ώστε να δυνηθώσιν ούτοι να συστήσουν

Σελ. 271
https://kapodistrias.digitalarchive.gr/published/includes/resources/auto-thumbnails.php?img=/var/www/html/ikapo/published/uploads/book_files/5/gif/272.gif&w=550&h=800

Κυβέρνησιν, δυναμένην να ενεργή σταθερώς και προς ένα σκοπόν αμετάτρεπτον τα τε στρατιωτικά και διοικητικά χρέη της, ήτις αφού ανακαλύψει εις το έθνος τους κεκρυμμένους πόρους του, να τω χορηγήση τους τρόπους του να επαρκέση εντός ολίγου εις εαυτό, και να εκπληρώση εντίμως ό,τι αν ήθελεν υποσχεθή η Κυβέρνησίς του, καίτοι εξακολουθούσα τον κατά Τούρκων πόλεμον.

Αφ’ όλα τα εκβιαστικά μέτρα όσ’ απαιτούνται να εκπληρωθή η συνθήκη της 6 Ιουλίου, το να δώσουν εις τους Έλληνας διά τινων βοηθημάτων την δύναμιν να την εκτελέσουν, θα ήτο το μόνον όπου συνάδει παντελώς με το πνεύμα και με τον σκοπόν της.

Τούτο μόνον θα καταπείση τον Σουλτάνον ότι αι σύμμαχοι Δυνάμεις θέλουν αφεύκτως την ειρήνην της Ανατολής διά της σωτηρίας των Ελλήνων. Τούτο μόνον δύναται να βιάση τους Τούρκους να συναινέσουν εις ό,τι θέλουν αι Δυνάμεις, και επομένως να μη χρειασθούν αύται άλλα μέτρα, τα οποία δύνανται να κινήσουν εις αμέσους εχθροπραξίας την Αγγλίαν, Γαλλίαν, Ρωσσίαν και Τουρκίαν.

Τούτου δοθέντος τα Μυστικοσυμβούλια των συμμάχων θα έκρινον ίσως εύλογον να δηλοποιήσουν εις την Πύλην ότι αι Δυνάμεις σέβονται τας αποφάσεις της, και δεν θέλουν να την βιάσουν να τας μεταβάλη. Πλην διά τους αυτούς λόγους δεν μεταβάλλουν ουχ’ ήττον και αυταί τας ιδικάς των, και επομένως θα εκπληρώσουν τα της συνθήκης πιστώς, διατηρούσαι φιλικάς σχέσεις με τους Έλληνας. Αν δε τούτο θεωρηθή από την Πύλην ως εχθροπραξία, αύτη δύναται να κηρύξη πόλεμον εις τας μεσολαβούσας Δυνάμεις, και τότε θα λάβουν και αυταί αμυντικά μέτρα υπέρ εαυτών. Αλλ’ είναι δυνατόν να υποτεθή ότι ετυφλώθη τόσον, ώστε να κηρύξη τω όντι πόλεμον κατά της Αγγλίας, Γαλλίας και Ρωσσίας, και ούτω να εκθέση την μητρόπολίν της εις το να πάθη υπό της πείνης εντός ολίγου, και ίσως να προκαλέση την πτώσιν της αυτοκρατορίας; Τί άρα μέλλει τότε να πράξη; Ή θα φυλάξη σιωπήν, ή θ’ αποκάμη απαιτούσα να παύσουν αι τοιαύται σχέσεις, και τούτο θα συντελέση επί πλέον εις το να διατηρηθή η ειρήνη εις τον Βόσπορον. Ο δε χρόνος θα δώση τέλος εις τα της συνθήκης, και ίσως θα δώση τέλος αναγκάζων και όλας τας Δυνάμεις της Ευρώπης να συναινέσουν εκουσίως εις αυτήν.

Αλλά χορηγούσαι εις τους Έλληνας τα απαιτούμενα βοηθήματα αι Δυνάμεις, δεν λαμβάνουν τάχα πραγματικώς μέρος ενεργόν εις τας μεταξύ Τούρκων και Ελλήνων εχθροπραξίας, αντιβαίνουσαι εις την συνθήκην, και δεν εκτρέπονται από τον οποίον εχάραξαν εις εαυτάς όρον, επ’ ελπίδι να υποχρεώσουν τους Τούρκους να δεχθούν την μεσιτείαν των; Η παρουσία εις το Αρχιπέλαγος των συμμαχικών στόλων, και η εκ τούτων συνάφεια και αι σχέσεις των Δυνάμεων με τους Έλληνας απαντούν εις αυτάς τας ενστάσεις, και μάλιστα φαίνεται ότι νομιμοποιούν εις τα όμματα των Τούρκων την οποίαν οι Έλληνες επικαλούνται βοήθειαν.

Πλην και διατί αι Δυνάμεις δεν δηλοποιούν εις τους Τούρκους ότι θέλουν

Σελ. 272
https://kapodistrias.digitalarchive.gr/published/includes/resources/auto-thumbnails.php?img=/var/www/html/ikapo/published/uploads/book_files/5/gif/273.gif&w=550&h=800

να επιτύχουν τον σκοπόν, θέλουν σταθερώς και αμεταθέτως τα προς τον σκοπόν αυτόν φέροντα, και ότι επομένως εχορήγησαν βοηθήματα εις τους Έλληνας, είτε διά να τους βάλουν εις θέσιν να εκπληρώσουν προς την Πύλην αυτήν, αν δεχθή την μεσιτείαν, ό,τι αν θα υποσχεθούν δυνάμει της συνθήκης, είτε διά να τους προμηθεύσουν τους τρόπους του να υπάρξουν και να υπερασπίσουν εαυτούς εις περίπτωσιν, καθ’ ην η Πύλη, τυφλώττουσα ως προς τα ίδιά της συμφέροντα, ήθελεν απωθήσει την οποίαν αι Δυνάμεις της προσφέρουν χείρα βοηθείας;

Η αλήθεια, αν και λυπηρά, πλήττει όλας τας διανοίας, και οι Τούρκοι αυτοί τέλος πάντων θα την γνωρίσουν, ώστε, αν είναι τρόπος να τους βιάσουν, να υποχωρήσουν εις την ανάγκην χωρίς πόλεμον, άλλος τρόπος δεν φαίνεται ειμή μόνος ο παρ’ ημών προβαλλόμενος, ούτως αι σύμμαχοι Δυνάμεις μ’ έναν μόνον λόγον και διά τίνος βοηθείας, ήτις θα τας επιβάλη θυσίας ακαριαίας και μη αναλόγους, με τους οποίους θα προκαταλάβη κινδύνους, θ’ αποσκεδάσουν τους φόβους του πολέμου εις τον Βόσπορον, και θα σώσουν την Ελλάδα.

Εξηγούμεν τον στοχασμόν μας. Τραπεζίται αξιοσέβαστοι είναι ετοιμοι να συμφωνήσουν με την Ελλάδα δάνειον ενός εκατομμυρίου λιρών στερλινών προς ογδοήντα ή ογδοήντα πέντε καθ’ εκατόν, και με τόκον προς πέντε καθ’ εκατόν. Όμως απαιτούν την εγγύησιν της Αγγλίας, Γαλλίας και Ρωσσίας διά τα επιμερίσματα του αυτού δανείου.

Αν λοιπόν αι Δυνάμεις δώσουν την εγγύησίν των, θα υποχρεωθούν να πληρώσουν είκοσι χιλιάδας λίρας κατ’ έτος εκάστη, και εκτός των τόκων χρεόλυτρον προς εν καθ’ εκατόν, και η δόσις αυτή δεν θ’ απαιτείται εις χρήματα, διότι αι τραπεζίται δανεισταί υπόσχονται να την πληρώνουν αυτοί, λαμβάνοντες αναγραφάς ισαξίας επί του μεγάλου βιβλίου του δημοσίου χρέους εκάστης Κυβερνήσεως.

Το δ’ εκ τούτου κεφάλαιον εις την διάθεσιν της Ελλάδος τιθέμενον, αφ’ ενός μεν, θα χρησιμεύση εις εξόφλησιν των δύο δανείων του Λονδίνου, αφ’ ετέρου δε, θα χορηγήση εις την Ελληνικήν Κυβέρνησιν τα μέσα να διευθετήση τα προς άμυναν της Ελλάδος, και να βάλη εις ενέργειαν τους πόρους της. Η δε διάρκεια της εγγυήσεως αυτών θα είναι πραγματικώς ολιγοετής, διότι δεν θα επεκταθή ειμή άχρι της ημέρας εκείνης, καθ’ ην η Ελλάς απολαύουσα πάλιν δημοσίας πίστεως, και χρήσιμα τα σημαντικά πλούτη των γαιών της κατασταίνουσα, θα εύρη ευκόλως τους τρόπους να συμφωνήση υπό την ιδίαν της εγγύησιν νέον δάνειον, ότε και θα εκπληρώση τας υποχρεώσεις της προς τας Δυνάμεις.

Αν όμως προτιμήσουν αύται να δανείσωσιν αμέσως τους Έλληνας ποσότητά τινα, άπαξ πληρωτέαν, και να λάβουν ευλογοφανή τόκον και εγγύησιν οποίαν εγκρίνουν, τότε η ποσότης αύτη, διά να επαρκέση εις τας σημερινάς ανάγκας και εις τους ανωτέρω εκτεθειμένους σκοπούς, δεν πρέπει να είναι ολιγωτέρα των εννεακοσίων χιλιάδων λιρών στερλινών, τριακοσίων δηλαδή χιλιάδων δι’

Σελ. 273
https://kapodistrias.digitalarchive.gr/published/includes/resources/auto-thumbnails.php?img=/var/www/html/ikapo/published/uploads/book_files/5/gif/274.gif&w=550&h=800

εκάστην Δύναμιν. Αν τέλος πάντων αι Δυνάμεις δεν δέχονται ούτε το εν ούτε το άλλο, πάλιν ευεργετούν την Ελλάδα μεγάλως, αν παραδεχθούν από της σήμερον την ανάγκην και το κατεπείγον βοηθείας τινός χορηγηθησομένης εις αυτήν, και θελήσουν να δηλοποιήσουν εις το πρωτόκολον των συνδιαλέξεων των εν Λονδίνω πληρεξουσίων των ότι, αφ’ ου δεχθούν οι Έλληνες την συνθήκην της 6ης Ιουλίου, τους δανείζουν ομού και αι τρεις την ποσότητα... ή προσφέρουν εις την Κυβέρνησιν των το υποστήριγμα της ιδίας αυτών πίστεως διά να τους βάλουν εις θέσιν να συμφωνήσουν νέον δάνειον. Η δηλοποίησίς των θα μείνη προς ώρας μυστική. Γινομένη δε προς το ενδεχόμενον, δεν θα βάλη εις κίνδυνον ουδενός τα συμφέροντα, και η Ελληνική Κυβέρνησις θα την μεταχειρισθή είς τινας τραπεζίτας τιμίους και διακριτικούς, να λάβη παρ’ αυτών άμεσα βοηθήματα, τα οποία ήδη ήθελον συντελέσει ουσιωδώς εις την σωτηρίαν των Ελλήνων.

Τούτων μη γενομένων, άλλο δεν μένει εις αυτούς ειμή να επικαλεσθούν την θείαν πρόνοιαν, και ν’ αφεθούν εις την τύχην των, αλλά τότε δεν θα βαρύνη επ’ αυτούς ουδεμία ευθύνη διά τας συνεπείας της παντελούς στερήσεως και απελπισίας των.

Αποφεύγομεν τους λόγους, δι’ ων θ’ απεδεικνύομεν πόσον θα ωφέλει αν εδίδετο σήμερον βοήθειά τις εις τους Έλληνας, και μόνον λέγομεν ότι θα προελάμβανε μεγαλυτέρας θυσίας τόσον εις την περίπτωσιν καθ’ ην ούτοι δεχθέντες την μεσιτείαν δεν θα ευρίσκοντο εις την κατάστασιν να εκπληρώσουν ό,τι υποσχεθούν όσον εις την περίπτωσιν καθ’ ην αι Δυνάμεις θα ηναγκάζοντο να καταφύγουν εις άμεσα εκβιαστικά μέτρα, ώστε να υποχρεώσουν την Πύλην να δεχθή την μεσιτείαν των. Αποφεύγομεν τέλος ν’ αναπτύξωμεν όλας τας ωφελείας, όσαι θα πηγάσουν μετ’ ολίγον από την τοιαύτην βοήθειαν, και μόνον λέγομεν ότι αύτη θα επενέγκει τας εκ της συνθήκης της 6ης Ιουλίου εμπορικάς σχέσεις μεταξύ των μεγάλων Δυνάμεων και της Ελλάδος».1

1. Επιστολαί ό.π. σσ.

9.

Note confidentielle communiquée aux trois Cabinets de Saint-James, des Tuileries et de Saint-Pétersbourg.

Paris, 20 septembre-2 octobre 1827.

Les cours de la Grande-Bretagne, de France et de Russie, en offrant aux Turcs et aux Grecs leur médiation, conformément au traité du 6 juillet, leur ont proposé la conclusion immédiate d’un armistice.

Les Grecs ont accepté la médiation, et ont déclaré qu’ils étaient prêts à convenir d’une suspension d’armes avec les Turcs.

Σελ. 274
https://kapodistrias.digitalarchive.gr/published/includes/resources/auto-thumbnails.php?img=/var/www/html/ikapo/published/uploads/book_files/5/gif/275.gif&w=550&h=800

La Porte a rejeté les propositions des représentants des cours intervenantes, et la flotte égyptienne, forte de quatre-vingts voiles, dont quarante autrichiennes, est entrée le 9 septembre à Navarin.

Dans leur prévoyante sollicitude, les cours alliées ont cherché, dès le mois de juin, par des insinuations amicales, à arrêter dans le port d’Alexandrie l’expédition égyptienne. Cependant cette expédition a eu lieu, et des milliers d’Arabes vont achever la ruine du Péloponése, au moment même où, pour la prévenir, les flottes réunies ont reçu l’ordre de se mettre en croisière dans les parages de la Grèce.

Le divan a sous les yeux le traité et la note collective des représentants de la Grande-Bretagne, de la France et de la Russie. Il sait que l’une des mesures par lesquelles il pouvait être contraint à accepter la médiation devait consister dans l’effet moral et matériel de la croisière, et il s’applaudit aujourd’hui de s’y être soustrait par la persévérance, par le courage même avec lequel le pacha d’Ègypte a su déjouer les démarches des agents des cours alliées. Peut-on supposer encore que la Porte voudra fléchir devant l’autorité des conseils des cours intervenantes?

Dans cet état de choses, comment les Grecs du Péloponése pourront-ils résister? Ou s’ils succombent en ce moment, comment les Puissances peuvent-elles espérer d’atteindre le but du traité du 6 juillet, en conservant la paix, ou du moins en ne se plaçant pas sous l’empire d’événements qui provoqueraient nécessairement la guerre qu’elles désirent éviter?

Il ne nous appartient de discuter ces graves questions que sous un seul point de vue, celui que nous avons signalé dans notre mémoire du 31 août (12 septembre).

Nous osons affirmer que, malgré les renforts considérables qu’Ibrahim-Pacha vient de recevoir, le Péloponése peut encore être sauvé, et la Porte contrainte à accepter plus tard la médiation, sans que les Puissances aient recours aux armes, si ces Puissances accordent aux Grecs dès aujourd’hui les secours pécuniaires que nous avons sollicités.

Nous disons dès aujourd’hui, parce que toute la question est dans le temps. Rien ne le prouve mieux que l’arrivée des Egyptiens. Si la croisière avait été établie par les stations anglaise et française, dès le moment où la Porte déclara par une note formelle et publique qu’elle n’admettrait jamais d’intervention étrangère dans le affaires de la Grèce, assurément la pacha d’Égypte n’aurait point encouru les frais de son expédition, et les vaisseaux autrichiens au moins auraient hésité à lui offrir leurs services.

En appliquant cette observation aux circonstances actuelles, on se convaincra que l’exécution du traité, dans un but pacifique, n’est possible qu’en ne point abandonnant le sort de la Grèce aux chances incertaines et périlleuses du temps.

Les Grecs n’existent aujourd’hui que par les secours modiques que leur ont envoyé, après la catastrophe d’Athènes, leurs compatriotes établis à l’étranger.

Les dérnières places qui leur restent sont à peine ravitaillées pour quelques jours. Les récoltes vont être enlevées par les Arabes débarqués à Navarin. Comment

Σελ. 275
https://kapodistrias.digitalarchive.gr/published/includes/resources/auto-thumbnails.php?img=/var/www/html/ikapo/published/uploads/book_files/5/gif/276.gif&w=550&h=800

se flatter alors que cette population épuisée de misère puisse lutter avec avantage contre des forces si considérables? Quand même par un miracle elle parviendrait à se maintenir sous les remparts de Nauplie, de Malvoisie et de Corinthe, le pays n’en serait pas moins complètement dévasté, et ses resources anéanties pour de longues années.

Cependant c’est de l’existence seule de ce pays que dépent l’accomplissement des vues conservatrices qui caractérisent l’alliance consacrée par l’acte du 6 juillet.

Si l’on nous demande comment dans la crise actuelle les secours que je sollicite pour la Grèce peuvent lui fournir les moyens d’en sortir victorieuse, nous répondons:

Qu’en employant une partie de ces secours à la levée de quelques bataillons de bons soldats suisses, la Grèce aidée de leurs bras et le leur discipline, et favorisée d’ailleurs par la croisière qui intercepterait les communications avec l’Égypte, opposerait non-seulement une résistance vigoureuse aux armées d’Ibrahim, mais finirait par les forcer à mettre bas les armes.

Et cette mesure, nous n’en doutons pas, serait d’une exécution facile et immédiate, si les Puissances intervenantes daignaient appuyer confidentiellement de leur crédit et de leur influence les démarches que le gouvçrnement grec ferait à cet effet auprès des cantons helvétiques.

Nous nous arrêtons ici, en conjurant encore une fois et pour la dernière fois les cours intervenantes, de prendre en considération les observations respectueues que nous avons consignées dans notre mémoire, et celles que nous prenons la liberté d’exprimer ici; nous les supplions d’accueillir avec bienveillance ces observations, dans l’intérêt de la malheureuse nation Grecque, et dans celui, nous osons le répéter, du maintien de la paix.1

1. Correspondance, ό.π., σσ 235 - 238.

«Αι Αυλαί της Μεγάλης Βρετανίας, της Γαλλίας και της Ρωσσίας, την μεσιτείαν των προσφέρουσαι εις τους Τούρκους και τους Έλληνας, κατά την συνθήκην της 6ης Ιουλίου, επρότειναν και άμεσον ανακωχήν όπλων. Και οι μεν Έλληνες εδέχθησαν την μεσιτείαν, ειπόντες ότι ήσαν ετοιμοι να συμφωνήσουν μετά των Τούρκων περί της ανακωχής αυτής. Η δε Πύλη απέρριψε τας προτάσεις των αντιπροσώπων των μεσιτευουσών Αυλών, και ο Αιγυπτιακός στόλος συγκείμενος από ογδόντα τέσσαρα πλοία, εξ ων τα σαράντα Αυστριακά, έφθασε την 28ην Αυγούστου εις Νεόκαστρον. Αι σύμμαχοι Αυλαί προνοούσαι, εφρόντισαν από τον Ιούνιον να εμποδίσουν διά φιλικών εισηγήσεων τον Αιγυπτιακόν στόλον εις τον λιμένα της Αλεξανδρείας, αλλ’ ο στόλος αυτός απέπλευσε, και χιλιάδες

Σελ. 276
https://kapodistrias.digitalarchive.gr/published/includes/resources/auto-thumbnails.php?img=/var/www/html/ikapo/published/uploads/book_files/5/gif/277.gif&w=550&h=800

Αράβων υπάγουν να συντελέσουν εις την Πελοποννήσου τον όλεθρον, καθ’ ον καιρόν οι συμμαχικοί στόλοι έλαβον διαταγάς να περιπλέουν ηνωμένοι τα παράλια της Ελλάδος, διά να τον προλάβουν.

Το Διβάνι έχει υπ’ όψιν την συνθήκην και την ομόφωνον δηλοποίησιν των αντιπροσώπων της Μεγάλης Βρετανίας, της Γαλλίας και της Ρωσσίας. Όθεν ηξεύρει ότι και ο περίπλους των ειρημένων στόλων ηδύνατο να βιάση την Πύλην ηθικώς τε και φυσικώς, να δεχθή την μεσιτείαν των, και ήδη γαυριά διότι υπεξέφυγε πάσαν βίαν διά της επιμονής, και μάλιστα διά της αυθαιρεσίας, δι’ ης ο Σατράπης της Αιγύπτου ηδυνήθη να ματαιώση τα κινήματα των πρακτόρων της τριπλής συμμαχίας.

Πώς λοιπόν να υποθέσωμεν ότι εις το εξής η Πύλη, υπείκουσα εις τας συμβουλάς των συμμάχων, θα κλίνη τον αυχένα; Τούτου μη διδομένου, πώς θα δυνηθούν ν’ ανθέξουν οι Πελοποννήσιοι Έλληνες; Αν δε κατ’ αυτήν την ώραν υποκύπτουν, πώς είναι δυνατόν να ελπίσουν αι Δυνάμεις να φθάσουν τον σκοπόν της συνθήκης των, φυλάττουσαι την ειρήνην, ή τουλάχιστον μη λαμβάνουσαι μέτρα, άτινα ως εκ των περιστάσεων ήθελον προκαλέσει τον πόλεμον, τον οποίον θέλουν ν’ αποφύγουν. Δεν ανήκει εις ημάς να συζητήσωμεν αυτά τα βαρέα ζητήματα, ειμή κατά μόνην την έποψιν, ην κατεδείξαμεν εις το υπόμνημα της 31 Αυγούστου/12 Σεπτεμβρίου. Και δυνάμεθα να βεβαιώσωμεν ότι, καίτοι έλαβεν ο Ιμβραχήμ νέας δυνάμεις αξιολόγους, δύναται ακόμη και η Πελοπόννησος να σωθή και η Πύλη να βιασθή βραδύτερον, να δεχθή την μεσιτείαν των Δυνάμεων χωρίς πόλεμον, αν αύται χορηγήσουν από της σήμερον εις τους Έλληνας τα ζητηθέντα χρηματικά βοηθήματα. Λέγομεν δ’ από της σήμερον, διότι το παν συνίσταται εις τον αρμόδιον καιρόν. Και τούτο αποδείκνυται εναργώς από την άφιξιν των Αιγυπτίων εις τα Μεθωκόρωνα, οίτινες δεν θα ήρχοντο, αν οι στόλοι της Αγγλίας και της Γαλλίας ήρχιζαν να περιπλέουν διά να τους εμποδίσουν, άμα αφού η Πύλη διεδήλωσεν επισήμως ότι δεν εδέχετο ποτέ μεσιτείαν ξένων εις τα της Ελλάδος ότε και ο Μεχμεταλής φειδόμενος της απαιτουμένης διά την εκστρατείαν ταύτην δαπάνης, δεν θα επέτρεπε να εκπλεύση ο στόλος του από τον λιμένα της Αλεξανδρείας και τα αυστριακά πλοία δεν θα προσεφέροντο ευκόλως εις την υπηρεσίαν του υπό ναύλον.

Όθεν οι σύμμαχοι Δυνάμεις εφαρμόζουσαι την παρατήρησιν ταύτην εις τας παρούσας περιστάσεις, θα καταπεισθούν ότι δεν είναι δυνατόν να εκπληρωθή η συνθήκη εν ειρήνη, εκτός αν παραστήσουν την τύχην της Ελλάδος εις το επί τοσούτον αβέβαιον και κινδυνώδες του χρόνου, καθ’ όσον οι Έλληνες δεν υπάρχουν την σήμερον, ειμή διά των ολίγων βοηθημάτων, τα οποία τους έστειλαν μετά την πτώσιν των Αθηνών οι εις τα ξένα ομογενείς των και καθ’ όσον τα μένοντα εισέτι φρούρια είναι εφοδιασμένα μόλις δι’ ολίγας ημέρας. Αφού δε οι Άραβες θερίσουν τα γεννήματα των Ελλήνων, τότε ποία ελπίς μένει να πολεμήση προς τόσον ανωτέρας δυνάμεις και να νικήση ο κακόμοιρος αυτός

Σελ. 277
https://kapodistrias.digitalarchive.gr/published/includes/resources/auto-thumbnails.php?img=/var/www/html/ikapo/published/uploads/book_files/5/gif/278.gif&w=550&h=800

λαός;

Αλλά και αν ως διά θαύματος σωθή διατηρούμενος υπό τα τείχη του Ναυπλίου, της Μονεμβασίας και της Κορίνθου, ο τόπος πάλιν θα κατερημωθή και θα μείνη διά πολύν καιρόν άφορος. Και όμως από μόνην αυτού του τόπου την ύπαρξιν εξαρτάται το πλήρωμα των συντηρητικών σκοπών, οίτινες χαρακτηρίζουν την γενομένην διά της συνθήκης της 6ης Ιουλίου συμμαχίαν.

Αν μας ερωτήσουν πώς εις την παρούσαν κρίσιν των πραγμάτων τα ζητούμενα υπέρ της Ελλάδος βοηθήματα δύνανται να την προμηθεύσουν τους τρόπους να εξέλθη νικήτρια από το στάδιον του πολέμου, αποκρινόμεθα ότι αφού μεταχειρισθώμεν μέρος αυτών των βοηθημάτων εις το να συλλέξωμεν λόχους τινάς αγαθών στρατιωτών Ελβετών διά να την βοηθήσουν με τους βραχίονάς των και με την τάξιν των. Βοηθουμένη άλλωστε από τους συμμαχικούς στόλους, ως εμποδίζοντας την συγκοινωνίαν του Ιμβραχήμ με την Αίγυπτον, η Ελλάς όχι μόνον θ’ αντιτάξη αντίστασιν ισχυράν εις τα στρατεύματά των, αλλά και θα τα βιάση να ρίψουν κάτω τα όπλα.

Η δε συλλογή των Ελβετών θα εκτελεσθή ευκόλως και αμέσως, αν αι μεσιτεύσασαι Δυνάμεις υποστηρίξουν εμπιστευτικώς διά της επιρροής των τας περί τούτου ενεργείας της ελληνικής κυβερνήσεως εις την Ελβετίαν.

Τελευτώντες επικαλούμεθα και αύθις τας μεσολαβούσας Δυνάμεις να λάβουν εις σκέψιν τας παρατηρήσεις όσας εκτίθεμαι είς τε το υπόμνημα και εις ταύτην την διακοίνωσίν μας. Παρακαλούμεν δε να τας δεχθούν ευμενώς διά τε το συμφέρον του δυστυχούς ελληνικού έθνους και διά την διατήρησιν της ειρήνης».1

1. Επιστολαί, ό.π., σσ.

10.

Note confidentielle communiquée aux trois Cabinets de Saint-James, des Tuileries et de Saint-Pétersboug.

Paris, 1-13 octobre 1827.

La Grèce placée désormais, par son adhésion au traité du 6 juillet, sous la sauvegarde de l’Angleterre, de la France et de la Russie, espère jouir sous peu des relations que cet acte lui promet.

Cependant les besoins pressants qui l’environnent, et la nécessité où elle se trouve d’y pourvoir une heure plus tôt, la portent à soumettre dès ce moment ses

Σελ. 278
https://kapodistrias.digitalarchive.gr/published/includes/resources/auto-thumbnails.php?img=/var/www/html/ikapo/published/uploads/book_files/5/gif/279.gif&w=550&h=800

voeux aux cabinets des trois Puissances, avec l’espoir qu’elles voudront les accomplir dans leur bienveillante sollicitude.

Ne voulant et ne pouvant plus avoir recours à l’assistance des associations philhelléniques formés en Europe depuis six ans, elle adoptera en principe, comme régie invariable de la conduite de son gouvernement, de concentrer de la conduite de son gouvernement, de concentrer tous ses efforts dans la vue de s’assurer et de mériter uniquement les secours des trois Puissances médiatrices, et de toutes celles qui par la suite voudront intervenir en sa faveur.

En partant de ce pricipe, la Grèce se flatte d’obtenir des ce moment les bons offices des cours de Londres, de Paris et de Saint-Pétersbourg auprès des cantons helvétiques, pour le cas où son gouvernement demanderait de faire avec eux une capitulation militaire.

Ce bons offices consisteraient aujourd’hui dans les explications confidentielles que les agents des trois cours pourraient avoir, dans le cercle de leurs relations particulières, au sujet de cette capitulation.

Il suffirait qu’ils fussent autorisés à déclarer que leurs souverains apprendraient avec plaisir toutes les facilités que les magistrats des cantons y apporteraient, et qu’ils leur en sauraient gré.

Cette simple déclaration relèverait l’énergie des amis de la cause grecque, en inspirerait aux hommes timides, et aplanirait d’avance une foule de légers obstacles, qui pourraient arrêter ou retarder la conclusion de l’arrangement éventuel dont il s’agit de poser les bases1.

1. Correspondance, τ. 1, Genève 1839, σσ. 262 - 263.

11.

Note confidentielle communiquée aux trois Cabinets de Saint-James, des Tuileries et de Saint-Pétersbourg

Paris, 1-13 octobre 1827.

Au moment où les cours qui interviennent dans les affaires de la Grèce s’occupent sans doute de la nomination des agents qui doivent les représenter sur le théâtre des événements, il serait utile peut-être de considérer cette mesure sous un point de vue analogue au but qu’elle doit atteindre.

Vu la situation actuelle des choses, ce but ne peut pas être dans les premiers

Σελ. 279
https://kapodistrias.digitalarchive.gr/published/includes/resources/auto-thumbnails.php?img=/var/www/html/ikapo/published/uploads/book_files/5/gif/280.gif&w=550&h=800

moments l’organisation des relations commerciales, mais seulement toutes les mesures par lesquelles la Grèce peut se mettre en état de les établir avec utilité, soit pour elle, soit pour les Puissances médiatrices.

D’après cette considération, ce ne sont pas des consuls, mais des agents politiques, que les Puissances constitueraient dès aujourd hui les dépositaires de leurs pensées et de leurs intentions.

Si elles se plaisaient à leur conférer le titre de résidents ou de chargés d’ affaires, elles satisferaient à tous les intérêts, et accompliraient tous les voeux.

Les Grecs reconnaîtraient sous cette qualification, des agents qui auraient la mission de veiller à l’exécution du traité; ils y trouveraient de plus une possibilité de se faire représenter eux-mêmes auprès des trois cours, par ceux de leurs compatriotes qui, par leur fortune, leur position sociale dans l’étranger, et la bonne opinion dont ils jouissent, seraient à même de replir ces fonctions à la satisfaction des trois cours et de leur propre pays.

Le titre de consul nuirait peut-être dans les premiers moments à la considération qui doit environner les agents étrangers qui arriveront en Grèce, parce que les Grecs ont de tout temps eu des relations très-familières avec les agents étrangers de cette dénomination.

Par le même motif, ce titre ne suffirait peut-être pas pour engager les Grecs établis hors du pays à renoncer à leurs propres affaires, et à venir à leurs frais se fixer à Londres, à Paris ou à Saint-Pétersbourg; or la Grèce ne possède pas, dans sa détresse actuelle, les moyens de payer sur les deniers de l’état ses agents dans l’étranger. Leur présence y est cependant de la plus importante nécessité, car sans elle les intérêts de cette malheureuse nation ne pourront jamais sortir de l’influence, ni être soustraits à l’action des particuliers.

Les cours intervenantes sont instamment sollicitées d’honorer ces observatious d’une attention bienveillante1·

1. Correspondance, τ. 1, Genève 1839, σσ. 263 - 264.

12.

Questions adressées par M. Willmot-Horton au Comte Capodistrias, et Réponses faites par ce dernier

Paris, 3 15 octobre 1827

Q. Que doit-on entendre par la Grèce d’aujourd’hui?

R. La nation Grecque se compose des hommes qui, depuis la conquête de

Σελ. 280
https://kapodistrias.digitalarchive.gr/published/includes/resources/auto-thumbnails.php?img=/var/www/html/ikapo/published/uploads/book_files/5/gif/281.gif&w=550&h=800

Constantinople, n’ont pas cesé de professer la religion orthodoxe, de parler la langue de leurs pères, et qui sont demeurés sous la juridiction spirituelle ou temporelle de leur église, n’importe le pays qu’ils habitent en Turquie.

Q. Quelles sont les limites qu’elle a imposées à son étendue territoriale?

R. Les limites de la Grèce sont tracées depuis quatre siècles par des droits que ni le temps, ni des malheurs de tout genre, ni la conquête, n’ont jamais pu prescrire.

Elles le sont depuis 1821 par le sang versé dans les massacres de Cydonie, de Chypre, de Chios, de Candie, de Psara, de Messolonghi, et dans les nombreux combats sur terre et sur mer dont s’honore cette brave nation.

En partant de ces faits qui dominent l’histoire de la Grèce et qui caractérisent la lutte qu’elle soutient depuis sept ans, on se persuadera aisément que ce n’est ni l’ambition, ni la cupidité, mais un devoir aussi sacré qu’inviolable, qui l’engagera constamment à restreindre le moins possible les limites de son territoire.

Quand même le sentiment de ce devoir se tairait devant la puissance de considérations majeures, les Grecs se demanderont à juste titre si c’est dans l’intérêt de la paix que les cours médiatrices les porteraient à faire l’abandon de ceux de leurs compatriotes qui seraient encore condamnés à subir le joug musulman.

Plus les cours intervenantes considéreront la nature de la guerre dont elles désirent arrêter la continuation ou prévenir les conséquences, plus elles se persuaderont que la base territoriale sur laquelle doit reposer la pacification du levant, pour être solide et permanente, ne saurait être déterminée ni dans ce moment, ni même par la seule puissance des négociations.

Si l’on voulait du reste s’en rapporter sur cette grave question à l’opinion assurément impartiale des plus célèbres géographes anciens, Strabon nous dirait:

"La Grèce étant découpée par plusieurs golfes et caps qui composent de grandes presqu’îles situées l’une après l’autre, forme cinq peninsules dont chacune renferme la precedente.

"La première, c’est le Péloponése.

"La deuxième résulterait d’une ligne qu’on tirerait depuis Pagues (Mazi) jusqu’à Nisée (port de Mégare).

"La troisième, depuis le golfe de Crissa (baie de Salone) jusqu’aux Thermopyles. La ligne qu’on suppose tirée entre ces deux points, renferme la Béotie (Livadie), et coupe obliquement la Phocide et le pays des Locriens épicnémidiens (vayvodolik de Bodoniza).

"La quatrième, depuis le golfe d’Ambracie (golfe d’Arta) jusqu’au golf Maliaque (golfe de Zeitoun) et aux Thermopyles, dans une ligne qui passe par le mont OEta (Aimnos) et par la Trachinie.

"La cinquième commencerait également au golfe d’Ambracie, et se terminerait au golf Thermaïque (de Salonique), dans une ligne qui passe par la Thessalie et la

Σελ. 281
https://kapodistrias.digitalarchive.gr/published/includes/resources/auto-thumbnails.php?img=/var/www/html/ikapo/published/uploads/book_files/5/gif/282.gif&w=550&h=800

Macedoine”.

Si l’on ajoute les îles de la mer Égée et celles de l’Asie mineure, on aura les limites de la Grèce proprement dite.

Q. Quel est le rapport de la population à l’étendue du territoire?

R. Les notions qu’on avait avant la guerre actuelle sur la population de la Grèce étaient très-vagues. Elles le sont plus encore depuis 1821, surtout à raison des déplacements et de la dispersion des habitants de cette malheureuse contrée. Néanmoins les tableaux statistiques que M. Pouqueville vient de publier fournissent des données d’après lesquelles il ne sera pas impossible de répondre, sur les lieux, à cette question d’une manière satisfaisante.

Q. Quelles portions, tant continentales qu’insulaires, du territoire de la Grèce demeurent libres aujourd’hui du joug des forces ottomanes?

R. A l’exception des îles où les Turcs ne se trouvaient point au commencement de la levée de boucliers, et où ils n’ont plus reparu, tout le reste de la Grèce est une arène de combats et de destruction.

Depuis la chute de l’acropole, les Grecs ne possèdent que les forteresses de Nauplie, de Malvoisie et de Corinthe dans le Péloponése, de Grabuse en Candie; mais dans ce moment ils ont repris une position forte dans la Grèce occidentale. Le terrain donc qu’ils disputent aux Turcs, qu’ils possèdent ou qu’ils posséderont, sera plus ou moins étendu, selon que la fortune des armes les favorisera.

Q. En quoi consiste le gouvernement grec existant de fait, tant dans les hommes qui gèrent les affaires, que dans la nature et l’étendue du pouvoir, que la puissance législative a attribué au gouvernement exécutif?

R. On peut répondre à ces deux questions en exposant sommairement les actes constitutionnels que les députés de la nation Grecque légalement réunis ont voté dans leurs assemblées, d’abord à Épidaure, et en dernier lieu à Trézène.

Ces lois cependant, comme toutes celles qui sont confectionnées dans des circonstances semblables, ne peuvent d’aucune manière donner la juste mesure de la nature et de l’étendue des pouvours qu’elles constituent.

Il serait inutile d’en présenter ici les motifs; on se bornera seulement à faire observer que l’assemblée des députés des diverses provinces de la Grèce compose sans contredit le seul et véritable pouvoir législatif de la nation, et que les personnes auxquelles cette assemblée a confié le pouvoir exécutif dans les différentes branches de l’administration sont les seules légalement revêtues du droit de gérer les affaires.

Si le congrès national, et plus encore le pouvoir exécutif, n’ont pu jusqu’ici exercer leurs fonctions de manière à ne laisser subsister aucun doute sur leur

Σελ. 282
https://kapodistrias.digitalarchive.gr/published/includes/resources/auto-thumbnails.php?img=/var/www/html/ikapo/published/uploads/book_files/5/gif/283.gif&w=550&h=800

puissance, s’est que se trouvant l’un et l’autre sans argent, sans antécédents, ils ont dû subir les nécessités du moment; dès lors ils ont obéi à la force des chose et conséquemment à celle des hommes qui, sans faire partie du gouvernement, gouvernent momentanément de fait et dans le cercle de leur influence locale.

Il en sera bien autrement dès que les mêmes députés, les mêmes organes du pouvoir exécutif, pourront faire face aux besoins les plus urgents de la nation au moyen d’une caisse publique, d’un peu de crédit, et de la confiance dont les cours médiatrices voudront honorer leur gouvernement.

Q. Quel rapport existe-t-il entre l’étendue du pouvoir exécutif tel qu’il émane de lois organiques de l’état, et l’action de ce même pouvoir tel qu’il est soumis à la force des choses?

R. Si par la force des choses on entend la misère affreuse qui menace la Grèce de son anéantissement, il n’y a pas de rapport à indiquer; car du moment où le pouvoir est soumis â cette espècede force, il n’existe plus.

Mais si par la force des choses on entend les nécessités et la discorde, inhérentes à la situation d’un peuple qui porte les armes avec le courage du désespoir, et pour sauver sa vie, sa religion, son honneur et le peu de biens qu’il possède, on concerva aisément que les rapports entre le pouvoir exécutif tel qu’il devrait émaner des lois organiques, et l’action de ce même pouvoir, doivent changer selon les circonstances du moment, c’est-â-dire les succès ou les revers dans les combats, les progrès ou les pas rétrogrades de la nation dans l’affranchissement de son territoire.

Le pouvoir, sous le point de vue sous lequel il est présenté dans cette question, n’est et ne peut être qu’un fait. Or il cesse de l’être, il devient même une théorie illusoire, dès que les revers et le dénûment de tous les moyens frappent le gouvernement de déconsidération aux yeux du peuple.

Q. Quels sont les partis qui divisent la Grèce, et quel rapport y a-t-il entre les vues et les projets de ces partis et le voeu général du peuple?

R. Dans la stricte acception des termes il n’ y a point de partis en Grèce, parce que les intérêts ne sont pas encore assez bien définis, pour que l’ambition ou d’autres passions semblables puissent les associer dans des systèmes solidement établis et opposés les uns aux autres, ce qui constitue dans d’autres contrées les partis proprement dits.

En Grèce il y a des intérêts dissemblables, et de nature à être conciliés par des combinaisons fondées en justice, ou à être rendus hostiles par la perfidie, l’ignorance ou l’impéritie.

Ce sont ces intérêts qui ont donné naissance à la discorde, et qui lui ouvriront des abîmes aussi longtemps que les Grecs ne pourront organiser un gouvernement

Σελ. 283
https://kapodistrias.digitalarchive.gr/published/includes/resources/auto-thumbnails.php?img=/var/www/html/ikapo/published/uploads/book_files/5/gif/284.gif&w=550&h=800

qui soit fort de la droiture de ses intentions et de la puissance de ses moyens.

Les vues des hommes que les intérêts et les circonstances du moment ont pu rëunir dans des projets souvent éphémères, tel que celui d’élever en Grèce un trône et de l’offrir à un prince des dynasties européennes, n’ont eu pour but constant et invariable que l’affranchissement de la nation, sa liberté, son indépendance; et dans ce but ces vues etaient et seront conformes aux voeux du peuple.

Toute autre vue qui tendrait à placer la nation Grecque sous une dépendance politique quelconque, par cela même qu’elle est hautement réprouvée par le peuple, ne pourra jamais prévaloir dans la pensée d’aucun Grec, encore moins dans les conseils d’une réunion de Grecs qui se donneraient le nom de parti, et qui se croiraient forts de l’assentiment national.

Q. Comment pourrait-on démontrer que le gouvernement grec existant est l’organe de la volonté générale du peuple Grec, à tel point que l’on pourrait raisonnablement s’attendre à la soumission du peuple aux engagements que prendrait le gouvernement dans l’intérêt de sa politique intérieure et extérieure?

R. Le gouvernement grec existant, comme tout gouvernement quelconque, sera l’organe légal de la volonté du peuple; il se portera garant de ses engagements, tant envers les Puissances étrangères qu’envers la nation qu’il est appelé à gouverner, du moment où il ne manquera pas des moyens qui lui sont nécessaires pour tirer la nation de la misère et de l’anarchie, faire respecter les lois, et maintenir l’ordre dans le pays.

Or, dans l’état actuel des choses, et tant que la Grèce n’existe que d’aumônes et de souscriptions, comment prétendre que le gouvernement grec, tout en étant l’organe de la nation, puisse contracter et remplir en son nom des engagements, dans l’intérêt de sa politique intérieure et extérieure?

La démonstration qu’on demande ne sera donc possible et vraie que lorsque la Grèce aura reçu des Puissances médiatrices le double secours qu’elle sollicite, celui d’un contact avec elles et celui de quelques subsides.

Q. Formez une estimation des ressources en argent qui ont été mises à la disposition du peuple Grec, soit par la voie d’emprunt, soit par celle de souscription dans les différents états de l’Europe, depuis le commencement de la guerre jusqu’au temps actuel?

R. Les deux emprunts faits à Londres en 1824 et en 1825 grèvent la Grèce d’une dette de 2,426,800 liv. st., et en comptant les semestres des dividendes arriérés, il faudra y ajouter une somme de 73, 665 liv. st.

On peut calculer approximativement que les souscriptions ont produit peut-être au delà de 2,000,000 de francs ou 80,000 livres sterling.

Σελ. 284
https://kapodistrias.digitalarchive.gr/published/includes/resources/auto-thumbnails.php?img=/var/www/html/ikapo/published/uploads/book_files/5/gif/285.gif&w=550&h=800

Mais il ne s’ensuit pas que la Grèce ait reçu on qu’on ait dépensé en Grèce et pour la Grèce la totalité de ces sommes; à peine une fraction minime de ces capitaux est parvenue à sa destination.

Il est difficile en ce moment de donner un aperçu exact de l’argent effectif versé entre les mains des autorités grecques, ou du prix réel des objets que les philhellènes ont envoyés en Grèce.

Plus tard on mettra sans doute sous les yeux des bienfaiteurs de ce pays l’état exact des sommes reçues.

Q. Sur quelle base repose la garantie du remboursement des capitaux que la Grèce a obtenu par voie d’emprunt?

R. La Grèce ne pourra exister sans crédit; et elle ne peut espérer de crédit qu’en remplissant honorablement ses engagements avec ses créanciers. Telle est la base sur laquelle, moralement parlant, repose la garantie en question.

Cette garantie deviendra aussi effective et matérielle, lorsque le territoire de la Grèce sera placé sous la sauvegarde d’un traité, et conséquemment sous celle des Puissances médiatrices.

La nation possède des terres; et ces terres peuvent assurer les créanciers que le gouvernement grec est solvable, et qu’il peut faire honneur à ses engagements.

Q. Quel est le rapport entre les capitaux nomitatifs dont le remboursement est garanti, et le montant des sommes versées entre les mains du gouvernement grec?

R. Manquant en ce moment des notions exactes sur la quantité des sommes versées entre les mains du gouvernement grec, il m’est impossible de déterminer ces rapports.

Q. La Grèce possède-t-elle encore des ressources pour se procurer de nouveaux secours des peuples de l’Europe?

R. La ressource principale consistera, ainsi que nous l’avons indiqué plus haut, dans son crédit et dans les domaines de la nation.

Dès qu’elle aura un gouvernement et un territoire assurés, elle prendra des mesures pour tenir ses engagements relatifs à la dette actuelle. Elle pourra sous la garantie des domaines nationaux former un nouvel emprunt, et les capitalistes de l’Europe ne se refuseront pas assurément à y prendre part.

Q. Quel rapport y a-t-il entre les ressources générales que la nation libre du joug ottoman pourrait réaliser éventuellement, et les moyens que le gouvernement peut de fait tirer du territoire sous sa domination immédiate?

R. On ne pourra répondre utilement à cette question que lorsqu’on saura en quoi consiste le territoire qu’hatera la nation libre du joug ottoman.

Σελ. 285
Φόρμα αναζήτησης
Αναζήτηση λέξεων και φράσεων εντός του βιβλίου: Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Ζ΄
Αποτελέσματα αναζήτησης
    Σελίδα: 266

    lutter à la fois contre trois ennemis également redoutables, la misère, l’anarchie et les Turcs.

    Quand même la croisière des flottes alliés enlèverait à Ibrahim-Pacha les renforts égyptiens, il n’est que trop à craindre que l’Epire et l’Albanie ne lui fournissent des troupes pour poursuivre vigoureusement ses opérations, et pour écraser les débris de la population qui se sont réfugiés sous les remparts de Nauplie et de deux autres forteresses, et alors les garnisons affamées de ces places pourront-elles lui résister?

    Enfin dans la supposition qu’Ibrahim-Pacha fût contraint à s’arrêter ou même à se retirer du Péloponése, les forteresses que resteraient au pouvour des Turcs capituleraient-elles avec un gouvernement qui n’aura pas été en mesures de les forcer, et auquel des antécédents malheureux ne donnent aucun crédit auprès des musulmans riches et puissants, qui constituent le nerf de leurs garnisons?

    Or des forteresses dans le Péloponése restant au puvoir des Turcs, les Puissances peuvent-elle jamais espérer d’éxécuter par la voie des négociations l’article 2 du traité qui pose en principe la séparation entière entre les individus des deux nations, et la nécessité de prévenir de nouvelles collisions entre elles?

    D’autre part, si les Turcs s’obstinent à continuer la guerre contre les Grecs, et si de nouvelles catastrophes viennent appeler sur les infortunes des Hellènes la commisération européenne, les Puissances intervenantes ne seront-elles pas, malgré elles peut-être, entraînées à l’adoption de mesures plus fortes, dont le résultat serait, ce qu’on désire le plus éviter, les hostilités de la guerre?

    Aucune de ces conséquences ne nous semble à redouter et dans aucune hypothèse, si recevant dès à présent quelques secours de la part des très-hautes Puissances, les Grecs se voyaient à même de se donner un gouvernement, dont les opérations militaires et administratives auraient une direction ferme et un but invariable, et qui, dévoilant à la nation le secret de ses ressources, lui procurerait les moyens de se suffire en peu de temps à elle-même, et de satisfaire honorablement aux engagements qu’elle aura contractés, malgré la lutte qu’elle continuerait à soutenir contre les Turcs.

    De toutes les mesures coërcitives que le traité du 6 juillet légitime, celle de mettre par quelques secours les Grecs en état de remplir les clauses de cet acte, serait selon nous la seule complètement conforme à son esprit et à son but. Elle seule convaincra la Porte que les Puissances alliées veulent invariablement la paix du levant par le salut de la Grèce. Elle seule pourrait contraindre les Turcs à y consentir, sans que des mesures coërcitives d’une autre nature provoquent les hostilités directes entre l’Angleterre, la France, la Russie et la Porte.

    Si les cabinets des souverains médiateurs partageaient cette conviction, ils jugeraient peut-être convenable en pareil cas de faire déclarer à la Porte: