Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Δ΄

Τίτλος:Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Δ΄
 
Τόπος έκδοσης:Κέρκυρα
 
Εκδότης:Εταιρεία Κερκυραϊκών Σπουδών
 
Συντελεστές:Κώστας Δαφνής
 
Έτος έκδοσης:1984
 
Σελίδες:364
 
Θέμα:Ο Καποδίστριας στην Ελβετία
 
Τοπική κάλυψη:Ελβετία
 
Χρονική κάλυψη:1813-1814
 
Περίληψη:O τέταρτος τόμος του ΑΡΧΕΙΟΥ ΚΑΠΟΔΙΣΤΡΙΑ καλύπτει, την αποστολή του Καποδίστρια στην Ελβετία το 1813-1814, που είχε για στόχο την απόσπασή της από τη γαλλική κηδεμονία και την ενότητα και ειρήνευση της χώρας, που θα εξασφάλιζε ένα Σύνταγμα κοινής αποδοχής. Ο Καποδίστριας πέτυχε στην αποστολή του αυτή και η επιτυχία απέσπασε την εκτίμηση και την εμπιστοσύνη του Αυτοκράτορα της Ρωσίας και άνοιξε το δρόμο για τη μετέπειτα λαμπρή σταδιοδρομία του.
 
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Εμφανείς σελίδες: 195-214 από: 454
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vernement doit exercer, dans des bornes bien délimitées, sur les affaires religieuses, matrimoniales et ecclésiastiques des confessions séparées; cette subordination de l’Eglise à l’Etat, couramment appliquée dans les cantons protestants, ne pouvait être du goût de l’Eglise catholique. Ils réitèrent leur appui à Rapperswil, qui doit jouir de privilèges comparables à ceux de Saint-Gall. Ils réclament l’augmentation des membres du Petit Conseil, en insistant pour qu’il atteigne au moins le nombre de 11; ils se préoccupent de la levée des impôts et donnent enfin des conseils judicieux pour la mise en vigueur du nouveau régime.

Ces documents importants sont confiés à Müller-Friedberg (Document n° 66) pour qu’il les amène à Saint-Gall. La constitution cantonale sera finalement acceptée par le Grand Conseil le 31 août, mais suscitera une véritable révolte populaire, comme nous le verrons plus loin.

Vaud

Enfin, les ministres allaient envoyer le 10 juillet leurs Observations sur la constitution du canton de Vaud. Mais là, les tractations préliminaires avaient été facilitées par le passage de Capodistrias à Lausanne. Il avait eu, on s’en souvient,1 une longue conversation sur cet objet avec quelques membres du Petit Conseil; il est intéressant de constater que ses remarques verbales avaient porté surtout sur la nécessité d’élever le cens dans plusieurs cas, pour permettre à la classe des propriétaires d’être bien représentée dans les Conseils, de fixer à 13 le nombre des membres du Petit Conseil et de réduire celui des juges de paix, pour éviter que leur charge ne tombe dans les mains de gens incompétents. Le nombre considérable de juges de paix venait de ce que, depuis l’Acte de Médiation, ils étaient placés à la tête de chaque cercle (soixante pour le Pays de Vaud) et exerçaient en plus de leurs fonctions judiciaires des fonctions administratives à la tête du cercle.2

Il est vraisemblable que ces observations traduisent la pensée propre de Capodistrias, en tout cas proche des instructions reçues à Paris, puisqu’il n’avait pas revu son collègue Schraut depuis son voyage à Paris, lors de son passage à Lausanne; et nous constatons que nous

1. V. supra, p. 160-162.

2. G. Arlettaz, Libéralisme et société dans le Canton de Vaud (1814-1845), Lausanne 1980, p. 98. Pour le commentaire de la constitution, nous utilisons le chap. III de cet ouvrage.

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retrouvons ces observations dans les remarques faites aussi bien aux Argoviens, qu’aux Tessinois et aux Saint-Gallois: il y a sur ces points une volonté bien nette d’harmonisation qui est l’œuvre spécifique du ministre russe. Mais il nous semble que s’il a raison en ce qui concerne la justice, il se méprend en ce qui concerne l’attribution de privilèges électoraux aux seuls propriétaires terriens. La tradition helvétique favorisait les citoyens des villes par rapport aux sujets des campagnes, mais n’accordait pas d’importance particulière à la propriété foncière. Il est vrai que les deux choses se confondaient souvent, puisque la plupart des notables des villes plaçaient une partie de leur fortune dans des propriétés rurales. Mais l’élimination politique, dans les constitutions de 1814, d’une partie de la population citadine active, non-propriétaire mais exerçant un métier indépendant et jouissant souvent de biens mobiliers, et qui désirait participer aux affaires de l’Etat, fut une des erreurs du régime de la Restauration.

Nous pensons d’autre part qu’il a été influencé dans ses idées par la rencontre qu’il a eue à Lausanne avec les chefs de l’opposition de Seigneux et Polier, et vraisemblablement aussi avec de Mestral de Saint-Saphorin.

Enfin, Capodistrias revient chaque fois à sa proposition d’augmenter le nombre de membres du Petit Conseil, soit du gouvernement, à 13; l’avenir lui donnera tort, puisque actuellement encore, dans la plupart des cantons — et même au niveau fédéral — ce sont sept conseillers qui se partagent le pouvoir exécutif.

La prudence proverbiale des Vaudois les avait poussés à attendre «le résultat du retour de Mr de Capo d’Istria à Zurich, afin de voir si, comme il l’a insinué dans la conversation, il nous écrira à cet égard». Le 22 juin, le Petit Conseil s’attelle tout de même au travail, réalisant que le projet doit être prêt pour l’ouverture de la Diète le 11 juillet. Les conseillers prennent connaissance du rapport de Muret du 23 sur la conférence qu’il a eue avec Capodistrias à son retour:1

[...] Mr de Capo d’Istria a dit qu’il avait été charmé de faire la connaissance des Membres du Gouvernement de ce Canton; qu’il y a trouvé de véritables hommes d’état, etc., qu’il a vû avec plaisir combien le Gouvernement était considéré, combien l’Empereur de Russie était aimé dans le Canton etc.

Venant ensuite à la Constitution, Mr de Capo d’Istria a dit: «Il vous faut finir et au plutôt; vous mettrez votre Constitution

1. ACV, Rég. des Délib., p. 247-249, séance du 25 juin, lettre du 23.

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sur le champ en activité, ou vous retarderez cette epoque comme vous le voudrez; mais il faut finir, avoir quelque chose à présenter, c’est l’essentiel.» Il a ensuite parlé du projet de Constitution. Il y a, a-t-il dit, de très bonnes choses, il faut que vos Gouvernans demeurent en place; seulement il faudrait exiger quelque propriété des membres directs etc. Il a insisté sur la réduction du nombre des Tribunaux; il a parlé de nos formes, en disant qu’il ne suffit pas d’avoir pour soi sa conscience et la raison; qu’il faut aussi n’être pas trop en désaccord avec ceux avec qui l’on doit soutenir des relations.

Après avoir résumé son voyage en Suisse,1 le ministre fait connaître à Muret son projet, qui reste un peu confus pour nous:

[...] Si l’acte fédéral est généralement accepté, tout est dit: S’il ne l’est pas par la majorité, ou qu’il ne le soit que par une faible majorité, alors l’Empereur de Russie offrira son alliance particulière à quelques Cantons, au Canton de Vaud en particulier. Alors je voudrais bien savoir qui vous attaquera? Vous aurez la force morale par votre alliance avec la Russie, et la force physique par vos propres moyens. Je leur en ai dit quelque chose à Berne; ils ne s’y attendaient pas, ils sont restés bouche béante; il faut qu’il y ait un clou rivé entre vous et eux, je vous en réponds; — il faut (a-t-il dit) que tout en acceptant l’acte fédéral qui deffend les alliances particulières, vous fassiez quelque reserve qui vous laisse libres au besoin: cela leur donnera à penser; mais la rédaction est délicate, nous en reparlerons, etc.

Mr de Capo d’Istria a dit qu’il allait parler avec Mr de Schraut; qu’ils verront ensemble s’il convient que ce soit la Diète ou que ce soit eux qui donnent l’impulsion au Canton de Vaud; que dans tous les cas lui Mr de Capo d’Istria agira seul et offrira au besoin au Canton l’alliance particulière de la Russie.

Le 28 juin, Muret écrit:2 «Mr le Comte a parlé de l’augmentation du nombre des Membres du Petit Conseil; il desire que la mise en activité de la Constitution soit insensible, que le Petit Conseil demeure et qu’on y ajoute des membres du parti opposé etc.». Muret suggère en outre d’ajouter à la constitution un article semblable à celui de la constitution de Zurich sur la religion. Précisons que Vaud était, comme Zurich, un canton entièrement protestant, ce qui supprimait la question délicate de la répartition des sièges et des charges entre les deux confessions qui se posait en Argovie, à Saint-Gall et dans les Grisons.

1. V. supra, pp. 165 et 167.

2. ACV, Rég. des Délib., p. 255, séance du 1er juillet, lettre de Muret du 28 juin 1814.

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De Seigneux, lui, n’avait pas perdu de temps pour se mettre au travail. Le 24 juin, il envoie à Capodistrias son projet de constitution accompagné d’une lettre que nous transcrivons, étant donné qu’elle traduit bien les sentiments de sa classe:1

Monsieur le Comte

Pénétré de reconnaissance pour les efforts que fait votre E. dans le but de procurer à la Suisse entiere une Constitution qui lui assure un bonheur durable et qui soit en rapport avec la regeneration politique de la plus grande partie de l’Europe je compte parmi les jours heureux de ma vie celui ou j’ai eu le bonheur de faire la connaissance personnelle de V.E. et ou j’ai pu en lui exprimant ma gratitude lui presenter mes voeux pour la reorganisation de ce Canton. La Bonté avec la quelle V.E. a écouté et accueilli nos observations et l’invitation qu’Elle a bien voulu faire à Mon ami Mr de Mestral de lui soumettre mes idées par écrit m’enhardit Mr le Comte a vous les adresser directement sous la forme du projet de Constitution ci joint. Je me flatte que V. E. y reconnaîtra l’Esprit de Modération et de Conciliation des hommes de ce Canton dont j’ai l’honneur de partager l’opinion et qui à si juste titre reclament un ordre de choses plus equitable et plus en harmonie avec celui qui, graces aux victoires des armées alliées, s’établit dans tous les états qui ont été courbés sous le despotisme de la France Bevolutionnaire. Nos interets les plus chers Ceux de nos familles et de nos neveux étant entre les Mains de V. Ex. Nous attendons avec une pleine confiance le résultat de ce qui va etre décidé par la puissante intervention des puissances Mediatrices Voir disparaître de chez nous des formes odieuses qui rappelle sans cesse cette fureur démagogique qui a tant coûté de larmes et de sang voir remplacer par des Magistrats [biffé: équitables] respectables ceux dont le seul mérité fut d’applaudir à tout le Mal qui se faisoit et de donner au Peuple égaré des Gages de leur immoralité voir enfin succeder à une constitution vicieuse et mauvaise dans ses principes un ordre de choses qui laisse à chacun sa place dans l’Etat assure la tranquillité au dedans et l’Estime au de hors Voila Monsieur le Compte [sic] mon vœu et celui des hommes de ce Canton qu’un esprit de parti injuste a sans cesse écarté de la chose publique depuis 1803.

Ayant joint au projet de Constitution que je prend la liberté de soumettre à V.E. quelques observations generales je n’ajouterai rien de plus si ce n’est qu’ayant eu connaissance du Projet de Constitution presente au Grand Conseil du Canton dans sa derniere seance j’y ai retrouvé ce même principe vicieux que nous reprochons à celle sous laquelle nous existons c’est à dire des Elections

1. BCU, Fonds de Seigneux, IS 1931, brouillon de lettre de G. H. de Seigneux à Capodistrias, Lausanne, 24 juin 1814.

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tions beaucoup trop populaires qui laissent entre les mains des Intrigane cette pernicieuse Influence qui en pervertissant le Sens National doit procurer de Mauvaix choix Il y auroit bien d’autres objections a faire à cet ouvrage imparfait mais ses défaut n’echapperont pas au jugement exercé de V.E.

Puisse celui que j’ai l’honneur de lui presenter avoir quelque mérité à ses yeux Puissent mes principes mes Sentimens et mes Intentions me valoir Son Estime je serai assez recompensé de mon travail et de mes efforts pour la regeneration de Mon Pays.

J’ai l’honneur d’Etre Mr le Comte avec les sentimens de la plus haute consideration et d’un dévouement sans bornes

de Votre Excellence le plus humble et le plus obéissant Serviteur

G.H. de Seigneux

Lausanne le 24 Juin 1814

Le lendemain, il envoie une seconde lettre1 avec un mémoire «rédigé par l’un de nos magistrats municipaux le plus versé dans cette matière et son contenu si V.E. prend la peine de le lire achèvera de la convaincre que l’institution des Bourgeoisies est dans notre Canton l’une des principales causes de notre ancienne prospérité et par la meme celle qu’il est le plus essentiel de conserver et de proteger».

C’est à ces deux lettres que Capodistrias répond le 29 juin déjà (Document n° 58). On admirera une fois de plus son habileté diplomatique: «Je sais apprecier l’importance des renseignemens que Vous avés bien voulu me communiquer et des vues générales qui les accompagnent, et mon désir est d’en profiter autant que le permettront les circonstances à l’empire desquelles on ne peut jamais se soustraire.»

Le 2 juillet2, «le Cn Conseiller Muret envoye une lettre en original qu’il a reçue de Mr le Comte de Capo d’Istria, sous la date du 2e de ce mois. S.E. annonce que l’on attend Mr Monod pour s’occuper des observations que les Ministres se proposent de transmettre sur la Constitution de ce Canton; que les Ministres desirent conférer avec lui et le Cn Conseiller Muret sur ces observations, avant d’en donner communication au Petit Conseil». Malheureusement, nous n’avons pas retrouvé la trace de cette lettre de Capodistrias du 2 juillet. La conférence des députés vaudois avec les ministres a lieu le 8 juillet vraisemblablement;3 le Petit Conseil a reçu «une lettre du Cn Conseiller Muret, en date du 8e du courant, dans laquelle il avise qu’il a eû avec le Cn Monod, et en

1. ibidem, brouillon de lettre non daté. Autre écriture.

2. ACV, Rég. des Délib., p. 261-262, séance du 4 juillet, lettre de Muret du 2 juillet.

3. ACV, ibidem, p. 276, séance du 11 juillet, lettre de Muret du 8.

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présence de Mrs Reinhardt et Mousson, deux conférences avec les Ministres, MM. de Capodistrias et de Schraut, sur la constitution cantonale. Il fait part du résultat de cette conférence et des changemens demandés par les Ministres. Il finit par annoncer que ceux-ci enverront une note à cet égard».

Le 10 juillet, les Ministres expédient leurs Observations précédées d’une lettre, signée de Capodistrias et Schraut, émanant du secrétariat russe (Document n° 62), où les ministres se félicitent de la bonne collaboration qu’ils ont eue avec Monod et Muret.

Les Vaudois avaient été en Suisse les adeptes les plus convaincus des idées de la Révolution. Et c’est la survivance de cet idéal démocratique qui inquiétait leurs voisins. Pour apaiser ces derniers, les ministres vont user de toute leur influence pour effacer le plus possible les restes du régime démocratique. D’où leur souci d’établir un système censitaire qui élimine du champ politique un nombre important de citoyens peu fortunés et nouveaux venus. Ils insistent pour que le canton de Vaud fasse un geste pour s’aligner sur le reste de la Suisse: ... «En général il convient d’apporter des changemens notables dans l’organisation des premières autorités, afin que le Canton de Vaud ne paraisse pas rester stationnaire sur la ligne de l’Acte de médiation, dont la Suisse doit désirer de perdre le Souvenir. En se rapprochant du système des anciens Cantons, le Gouvernement de Vaud gagnerait beaucoup en affection et en confiance auprès de ses Coétats, et dans l’estime des puissances qui s’intéressent aux destinées de la Suisse.»

Nous retrouvons dans la suite des Observations les remarques faites aux autres cantons. La constitution d’Argovie est prise comme point de départ tant pour l’organisation judiciaire que législative et administrative. Le terme de «bourgmestre» effacerait le relent révolutionnaire de «président» du Petit ou Grand Conseil. Enfin, les conseils donnés pour la mise en activité du nouveau régime sont les mêmes que ceux prodigués à l’Argovie et à Saint-Gall.

Quant au Grand Conseil, les ministres proposent que ses 180 membres soient élus en partie par nomination directe dans les cercles, en partie par nomination indirecte par le Grand Conseil, en partie par un corps électoral composé des membres du Conseil d’Etat, du Tribunal d’appel et de membres du Grand Conseil. C’est à peu de choses près le système qui sera retenu.

Le Petit Conseil accusera réception des Observations le 13 juillet;1

1. ACV, ibidem, p. 279, séance du 13 juillet 1814.

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il les discutera et modifiera le projet de constitution dans ses séances des 16 et 18 juillet1 et peut écrire à ses députés à Zurich: «Nous nous occupons sans relâche du projet de Constitution. Deja nous l’avons revu, et il ne nous reste plus qu’à en faire la rédaction définitive. Nous avons adopté à peu près toutes les observations des Ministres. Le seul point sur lequel le Petit Conseil n’a pas crû devoir cèder est la réduction des Districts, et ce par les considérations que vous connaissez; mais comme correctif on pourra réduire les membres des Tribunaux à sept.» Il s’agit alors de faire adopter le projet revu par le Grand Conseil, qui y consacra dans un climat tendu ses séances des 2 et 3 août (cette dernière de 7 h. du matin à 5 h. du soir). Le Petit Conseil éprouva la nécessité de rapporter le détail de ces difficiles délibérations à ses députés à Zurich, pour qu’ils puissent justifier devant les ministres les décisions adoptées. Certains passages de ce long document (douze pages dans le registre) méritent d’être reproduits:2

Sur le pied où nous en sommes avec nos confédérés, il parait qu’il ne sera question pour la Diète que de déposer cet ouvrage dans ses archives, dépôt que vous ferez au moment que vous jugerez convenable, mais il sera nécessaire, auparavant, de le présenter aux ministres et de nous assurer de leur assentiment. Vous voudrez bien vous charger de ce soin, et représenter à cette occasion, si vous jugez la chose nécessaire, que dans un moment où toutes les passions sont en jeu, et où le Gouvernement peut avoir besoin à chaque instant de l’appui de la masse des citoyens, il eut été aussi impolitique que dangereux de proposer un ouvrage qui eut concentré le pouvoir dans un certain nombre de mains, et précisément dans celles qui se sont toujours tenues à l’écart quant il a été question de sacrifier; qu’une nouvelle convocation du Grand Conseil pour proposer des changemens à cette Constitution, ne promettait aucun heureux résultat, et que nous avons d’autant moins lieu à nous attendre à des demandes de cette nature, que nous avons fait par déférence pour les vœux exprimés par les Ministres et par le désir d’opérer un rapprochement, beaucoup plus qu’on ne pouvait l’espérer d’un peuple attaché aux principes libéraux, et qui certainement s’est montré digne de la liberté par sa conduite; beaucoup plus aussi qu’on n’a demandé aux anciens Cantons, qui ont jusqu’ici eû les coudées franches dans l’un et dans l’autre sens.

Les avantages qu’avait réclamés Capodistrias pour les propriétaires

1. ACV, ibidem, p. 283, séance du 16 juillet; p. 284-285, séance du 18 juillet: passage cité.

2. ACV, ibidem, p. 330-343, séance du 9 août 1814.

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terriens suscitent un profond ressentiment dans une assemblée où l’on se targuait de principes démocratiques; aussi les conseillers tiennentils à exprimer le regret qu’ils ont à abandonner la Constitution de 1803 qui leur avait donné toute satisfaction:

[...] L’ouvrage de cette revision, ébauché dans la session du 5e Mars, a été achevé dans celle du 28e Juillet au 30e Août. Par tout l’esprit de conciliation et de déférence a obtenu des sacrifices d’un Conseil composé d’hommes attachés à l’ancienne Constitution, et qui lui devaient leur existence politique et leur places. En particulier les observations qu’il a plû aux Ministres d’adresser sur le projet du 5e Mars ont été prises en sérieuse considération, et ont amené la presque totalité des changemens que présente la Constitution actuelle; On peut s’en convaincre par la lecture de ces notes, essentiellement destinées à expliquer les motifs qui ont engagé le Grand Conseil à apporter quelques autres changemens qui n’etaient- pas demandés ou à ne pas suivre exactement sur quelques points les avis qu’on avait bien voulu lui donner.

Quant aux changements adoptés, ils étaient déjà bien résumés dans le procès-verbal de la séance du 2 août1 et concernaient principalement la suppression des assemblées électorales de district, la fonction des juges de paix, la réduction à douze ans de la durée des fonctions des membres du Grand Conseil, la fixation du cens dans les cercles les plus pauvres. C’est évidemment la question de l’élection des membres du Grand Conseil qui suscite les plus vifs débats:2

Un des objets les plus difficiles et les plus importane était la nomination aux places du Grand Conseil. Le système du projet du 5e Mars était celui de la Constitution de 1803; tous ceux qui y avaient travaillé etaient dans l’opinion qu’on avait une garantie suffisante de la bonté des choix dans la meilleure composition des assemblées électorales. Les Ministres ont pensé différemment; ils ont proposé d’abord un système qui conduisait à donner à certaines Villes une prérogative nécessaire peut-être, ou du moins naturelle dans d’autres contrées, mais qui dans ce Canton est en opposition avec nos mœurs, nos principes et l’état actuel des lumières reparties à peu près également sur tous les points du Canton, système qui tendrait pareillement à donner à un petit nombre de grands propriétaires une prérogative semblable, qui hors de proportion avec l’importance réelle de ces Citoyens, ont indisposé la grande masse des habitans, et amené de fâcheux résultats.

1. ACV, ibidem, p. 315, séance du 2 août 1814.

2. ACV, ibidem, p. 336, séance du 9 août 1814.

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Les ministres regrettent qu’on ait écarté «la classe nombreuse des rentiers, des Négocians et des Artisans». Comme le remarque G. Arlettaz,1 «les députés directs sont astreints à des conditions de propriété et le peuple perd toute intervention sur la nomination de cinquante-quatre membres du Grand Conseil». La durée du mandat de député portée à douze ans assurera une extrême stabilité au gouvernement, mais aussi une tendance à l’exclusive familiale et à l’interdépendance des charges publiques, contre laquelle s’élèvera le libéralisme.

Et pourtant, l’opposition est bien loin d’être satisfaite. Capodistrias avait pris les devants en écrivant en ces termes, le 13 juillet déjà, à H. de Mestral:2

Zurich le 1/13 Juiet 1814

Copie

Monsieur, Je me fais un plaisir de V(ou)s annoncer que le résultat de l’examen qui a été fait ici de la nouvelle Constitution du P[ay]s de Vaud, promet d’etre conforme aux interets les mieux entendus de ce pays en general, et des classes dont les Beclamations devaient être ecoutées. Je me flatte, Monsieur, que l’effet de la deference montrée par le Gouvernement à nos Conseils impartiaux, ne tardera point à se faire sentir. Je me feliciterai toujours d’y avoir contribué, et trouverai une satisfaction particulière à avoir amené un état de choses qui satisfasse dorénavant les vœux des hommes recommandables, et leur permette de servir leur Patrie de tous leurs moyens et de tous leur zele.

J’attends de la Sagesse du Gouvernement l’accomplissement de cet espoir.

Recevés Monsieur, l’assurance renouvellée etc.

(signé) le Comte de Capo d’Istria

à Mr de Mestral St Saphorin

Cette lettre, de Mestral en communique la copie à son ami de Seigneux avec les commentaires suivants:3

Aub(onne) 16 Juillet 14

Je reçois dans cet instant, Mon cher Monsieur, la lettre dont vous trouverés ici la copie. Cette lettre me fait esperer qu’il est question

1. G. Arlettaz, op. cit., p. 100.

2. BCU, Fonds de Seigneux, IS 1931, copie de la lettre de Capodistrias (Zurich, 13 juillet 1814) à de Mestral de Saint-Saphorin, en annexe à la lettre de ce dernier à de Seigneux, du 16 juillet 1814.

3. ibidem, lettre de Mestral St Saphorin à G. H. de Seigneux, Aubonne, 16 juillet 1814.

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d’autre chose que des modifications insignifiantes dont on Vous avait parlé. Sans quoi nous serions forcé de reconnaître que le Ministre, avec les meilleures intentions possibles s’est fait de grandes illusions.

Comme la decence l’exige je vai lui ecrire pour lui temoigner notre reconnaissance, notre impatience de connaître l’ouvrage en question, et notre désir que la mise en activité de la Constitution ne soit pas uniquement confiée à un Corps evidement intéressé à se maintenir exclusivement en place. Je crois qu’il serait bon que partant de la communication que je vous ai donnée de sa lettre, vous prissiés la peine de lui ecrire demain dans le même sens. [...]

H. de M.S.S.

(P.S.) Je veux aussi parler au Comte du service qu’il rendrait à notre pays en recommendant à ceux qui le regissent la plus grande prudence, les plus grands ménagements vis-à-vis de Berne dans un moment ou Berne vient de faire au sujet du P. de Vaud la démarche la plus favorable à notre indépendance. — Je pense que vous ferés volontiers chorus avec moi.

Il joint également à cette lettre la copie de sa réponse à Capodistrias.1

Le 16 juillet 1814.

Mr le Cte de Capo d’Istria,

Je sais que V.E. a travaillé sans relâche à l’organisation generale de la Suisse et au perfectionement de la Constitution de ce Canton. Puisse n(otre) reconnoissance et le sentiment du bien que vous avez fait vous servir de recompense pour d’aussi penibles travaux. Sans connoitre precisement en quoi consistent les changemens que vous avez conseillés a notre Gouvernement je ne puis douter qu’ils ne soyent dans le sens que nous pouvions desirer, mais je dois l’avouer avec francàhise a votre excell. Si la mise en activité du nouvel ordre des choses doit etre opere, comme on me la dit, par le G(rand) C(onseil) actuel renouvellé seulement d’un tiers de ses membres, le bien que nous pouvions esperer d’un changement dans la constitution, sera entièrement perdu; car ce changement n’aura servi qu’a consolider dans leurs places tous les hommes qui sont emploiés actuellement, et comme l’experience a prouvé qu’un Gouver(nement) n’est bon que par le mérité des hommes qui sont à sa tete nous serons toujours gouvernes par les memes principes et par le meme système. Nous aimons à nous flatter Mr le Cte qu’il n’en sera pas ainsi et que tous vos travaux etc. etc. auront pour nous un plus heureux résultat.

1. ibidem, copie du brouillon de la lettre de H. de Mestral à Capodistrias, pas de signature; ce pourrait aussi être le brouillon d’une lettre du juriste de Seigneux.

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Capodistrias; répond d’une manière assez sèche et laconique le 28 juillet;1 il est vrai qu’il était à ce moment-là, nous le verrons, en pleine crise avec les Bernois, et que les propos des aristocrates vaudois tombaient fort mal.

Copie d’une lettre du Comte de Capo d’Istria à Mr H. de Mestral S1 Saphorin de Zurich du 14/28 Juillet 1814 reçue le 1er Août. Monsieur

C’est avec un veritable regret que je ne puis Vous communiquer le travail que nous avons adressé au Canton de Vaud sur sa reconstitution. Veuillez croire que cette restriction que nous avons dû nous imposer a son motif dans des considerations generales, et dont personne en particulier ne doit se faire l’application.(1)

Quant aux formes d’execution, nous n’avons pas cru qu’il fut possible de mettre le Canton de Vaud dans une ligne secondaire, et de l’empecher de suivre un exemple donné par Zürich, Bâle, et Schaffouse, qui ont procédé à la revision constitutionnelle par l’organe du Grand Conseil de la Mediation. L’opiniâtreté de Berne Soleure et Fribourg ne confirme d’ailleurs que trop, le droit du Canton de Vaud a cet égard.(2)

Je suis persuadé, Monsieur, que les mesures prises par nos soins pourvoiront a ce que vos désirs sur la conduite à tenir clans la conjoncture presente par le Canton de Vaud a l’egard de celui de Berne, ne soient pas trompés. Ce que Vous me faites l’honneur de me dire la dessus est de la plus grande justesse et n’a pu qu’etre pris en considerations.(3)

Recevez Monsieur etc.

Les chiffres correspondent à des commentaires désabusés ajoutés par de Mestral.

En conclusion, ce régime mis en place au cours de l’été 1814, qui mécontente les uns et les autres, persistera jusqu’à la constitution libérale de 1831, qui supprimera les clauses censitaires et abaissera l’âge civique à 23 ans. Mais, en fait, on ne peut guère reprocher aux ministres, et à Capodistrias en particulier, d’avoir appliqué les principes de leur temps.

Genève

Capodistrias allait également être appelé à donner son aval à la constitution de Genève. L’adoption d’une constitution en accord avec celle des principaux cantons avait été l’une des conditions

1. ibidem, copie adressée à de Seigneux, par H. de Mestral, d’une lettre de Capodistrias datée de Zurich, 28 juillet 1814.

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mises à son rattachement à la Confédération suisse. Les magistrats genevois étaient parfaitement conscients que la forme qu’ils lui donneraient déterminerait le choix des cantons en leur faveur ou contre eux.

Sous l’Ancien Régime, l’exercice du pouvoir avait été partagé à Genève entre le Conseil Général, le Petit Conseil et le Conseil des Deux Cents (CC). Depuis le moyen âge, le Conseil Général était formé par l’assemblée des citoyens qui se réunissait généralement dans le cloître de la cathédrale de Saint-Pierre. Il s’agissait donc d’une institution assez proche des Landsgemeinde. Le Petit Conseil avait l’initiative des lois et gouvernait la cité. Dès 1526 avait été créé, sur le modèle de Berne et Fribourg, les nouveaux alliés de Genève, un pouvoir intermédiaire, le Conseil des CC.1

Du XVIe au XVIIIe siècle, le régime genevois évolua dans un sens aristocratique: le Conseil Général perdit la plupart de ses droits au des profit deux autres Conseils, dont les membres, désignés par cooptation, appartenaient à un nombre limité de familles.

Au cours du XVIIIe, le Conseil Général chercha à plusieurs reprises à récupérer les pouvoirs perdus. Des troubles très violents entraînèrent en 1738 l’intervention de Berne, Zurich et de la France qui imposèrent, avec succès, un règlement de médiation et calmèrent les esprits pour un temps. Sous l’influence des idées de Rousseau, en particulier du Contrat Social, de nouvelles luttes opposèrent bourgeois et aristocrates. A la suite de la révolution de 1782, la bourgeoisie exerça le pouvoir pendant quelques semaines; mais l’intervention armée de la France, de la Sardaigne et de Berne restaura le gouvernement aristocratique. Celui-ci fut renversé sous l’influence de la révolution française et la constitution de 1794 institua à Genève un régime démocratique dont les institutions étaient calquées sur le modèle français. Enfin, par son annexion à la France en 1798, Genève fut dotée d’une administration semblable à celle des autres villes de province françaises.

La position des magistrats genevois de la Restauration est très délicate. Issus du milieu patricien, ils seraient tentés de revenir à un régime aristocratique et prêts à sacrifier le Conseil Général, source des difficultés du XVIIIe siècle. Ils savent en outre qu’en agissant ainsi, ils répondraient aux désirs des grands cantons confédérés. Saladin n’a-t-il

1. Pour ce chapitre, nous nous référons à: François Ruchon, Histoire politique de Genève (1813-1907), Genève 1953, t. I, p. 41-78. Lucien Fulpius, L’organisation des pouvoirs politiques dans les constitutions de la République et Canton de Genève, Genève 1942, p. 39-69.

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pas écrit à son ami Turrettini le 1er mai:1 «il est hors de doute que si nous nous présentons bien, [...] avec un projet de constitution sage et serré qui prévienne les troubles, et qui n’offre plus trace d’un Conseil general turbulent, on nous verra avec plaisir servir de barrière au sud de la Confédération». Mais ils sont conscients aussi qu’ils susciteront ainsi une profonde déception dans le cœur des Genevois très attachés à cette institution séculaire. Et c’est pour éviter des réactions négatives et passionnées qu’ils entoureront la genèse de cette constitution d’un secret absolu.

Une première commission pour rédiger la constitution est constituée au début de mai.2 Malgré les injonctions comminatoires de Saladin et Schmidtmeyer, la commission ne semble guère avoir avancé dans ses travaux. Au début de juin, elle fut remaniée et comprit dès lors Des Arts qui y exerça un rôle prépondérant, Boin, Turrettini, Viollier, d’Ivernois et Schmidtmeyer. Elle fit diligence puisqu’elle put, le 22 juin déjà, donner lecture au Conseil des bases de la nouvelle constitution, qui furent adoptées. Le Conseil chargea alors ses députés à Zurich de les présenter à la Diète, mais s’engagea à les garder secrètes à Genève. L’essentiel en était: l’égalité des citoyens devant la loi, la mise en place d’un système représentatif, avec un Conseil de 250 membres, un Conseil d’Etat de 28 membres qui détiendrait l’initiative des lois et le pouvoir exécutif; la séparation des pouvoirs exécutif et judiciaire. Le droit d’être électeurs était réservé à ceux qui payeraient une contribution de vingt livres de Suisse, mais aussi à ceux qui exerceraient certaines fonctions: conseillers d’Etat, juges, professeurs à l’Académie, régents au collège, pasteurs, etc.

Nous sommes bien renseignés sur la réaction de Capodistrias devant ce document et sur ses démarches en faveur de Genève grâce aux lettres adressées par Saladin à Turrettini en juillet 1814. Le 2 juillet:3

Je passois avant hier 1 heure avec Mr Capo d’Istria pour savoir ce qu’il presumoit sur notre sort, il le voit tout a fait du bon coté, tout en désirant que l’on ne néglige aucun moyen, Il me montra 2 lettres qu’il expedioit au canton du Tessin et a celui de St Gall, ou il les invitoit a donner a leurs députés les instructions nécessaires pr l’admission des nouveaux Cantons. Il me dit qu’il avoit pensé a nous faire valoir auprès des Cantons et surtout des nou-

1. AEG, PH no 5722. Lettre de Saladin à Turrettini, Zurich 1er mai 1814. Déjà citée p. 117.

2. v. supra, p. 120.

3. AEG, PH 5722, lettre du 2 juillet 1814.

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veaux, sous 2 rapports 1° sous celui de nos relations etendues qui pouvoient menager a la Suisse de plus forts appuis, et par conséquent mieux affermir les nouveaux Cantons. 2° Sous celui de nos relations avec l’Angleterre ou nous venions d’envoyer des députés et ou nous serions écoutés favorablem(en)t. Surtout lorsque la Suisse nous auroit reuni a Elle, qu’aucune Ville ni Canton ne pouvoit avoir a Londres, des relations aussi directes ni aussi multipliées que nous; que l’on ne pouvoit voir que Berne qui en eut, et que sa contenance dans l’opposition ne permettroit pas de la mettre en avant. Le Ministre ajouta Servès vous de ce moyen il est bon, mais n’ayons pas l’air de nous être entendu.

Capodistrias est évidemment au courant du séjour que d’Ivernois fait depuis le 21 juin à Londres, ville où il est particulièrement bien introduit. Saladin poursuit:

Il me dit que la veille de concert avec Mr de Schraut, et Mr Reinhard, il avoit lu les bases de notre constitution dont nous avions remis copie a ce dernier et qu’il en etoit toujours plus content; qu’il en avoit parlé a Lausanne en y passant comme d’un chef d’œuvre qui evitoit les extrêmes.

Ces derniers propos nous ra mènent au procès-verbal de la séance du Conseil du 13 juin:1 «Il (Capodistrias) a fini par demander à connoitre les bases générales de notre future constitution.

Et c’est probablement parce qu’il les avait discutées de vive voix avec les conseillers, que ceux-ci avaient tenu compte de ses avis, et peut-être parce qu’il est débordé de travail dans ces premiers jours de juillet, qu’il s’est abstenu d’envoyer à Genève des observations écrites semblables à celles d’Aarau, de Lausanne, Saint-Gall ou Bellinzone. Saladin termine enfin sa lettre:

Ne conviendroit il point que depuis l’Angleterre les deputes de Geneve a Zurich obtinssent une lettre de recommandation p(ou)r Mr Canning Ministre plenipot. cela seroit un préalable avantageux, on assure qu’il est lié et recommandé ici, a des gens qui meritent peu de confiance pour ne rien dire de plus.

Le 6 juillet,2 Saladin précise:

Il est hors de doute que notre Charte Constitutionnelle telle quelle est favorise plutôt notre admission comme Canton, et d’ici a peu de tems on ne devra point craindre de le dire, pour rendre son

1. v. supra, p. 155.

2. AEG, PH n° 5722, lettre du 6 juillet 1814.

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acceptation encore plus sure; et nous ne doutons pas que les Ministres que nous ne pressentirons la dessus, que lorsque la Commission diplomatique se sera occupée de ces Bases, n’ecrive la lettre dans le sens indiqué par Mr Des Arts.

Le 7, il a un nouvel et long entretien avec Capodistrias:1

Nous le previnmes de deux choses la lre de l’arrivée des députés savoisiens, et de la convenance qu’il y avoit à les exhorter meme pour avoir du succès a retarder leurs démarches, jusqu’a ce que nous soyons Canton. La 2de de la necessite qu’il y auroit a ce que la Diete d’abord, et les Ministres plénipotentiaires ensuite pour faciliter chez nous l’acceptation et la mise en activité de notre Constitution écrivissent une lettre a notre Gouvernem(en)t dans le but der econnoitre que les bases etoient propres a faire notre bonheur, a nous faire recevoir plus facilem(en)t dans la Confédération tout en reconnoissant la grande impartialité des Bédacteurs. Le Ministre nous assura de ses dispositions favorables a cet égard, et que nous devions aussi le reclamer de la Com(missi)on diplomatique.

La présence des députés savoyards à Zurich brouille considérablement les cartes pour nos députés genevois. Mais ils restent surtout préoccupés d’obtenir au plus vite pour leur gouvernement l’approbation des bases:

Nous avons fait2 auprès de Mr le President de la Diète, du Chancelier, des Ministres des démarches pour obtenir des lettres a notre Gouvernement dans le sens que nous a indiqué Mr le S(yndic) Des Arts, nous nous flattons qu’elles seront satisfaisantes et propres a faire adopter chez nous par toutes les Classes notre Constitution; En general la bienveillance existe, et nous nous employons toujours avec activité a ne point la laisser se refroidir.

D’apres les conseils de Mr Capo d’Istria j’ai envoyé hier matin a Mr Canning une copie des bases de notre Constitution, cela etoit d’autant plus convenable qu’en Sa qualité il signera probablem(en)t la lettre des Ministres à notre Gouvernem(en)t.

Le 19 juillet:3

Si nous obtenons de la Diète notre réunion, et que la Lettre du Président a notre Gouvernem(en)t la lui communique, je me suis encore assuré de S. Ex. [Capodistrias] qu’il nous ecriroit une lettre adhortatoire d(an)s le sens convenu.

1. ibidem, lettre du 8 et 9 juillet 1814.

2. ibidem, lettre du 12-13 juillet 1814.

3. ibidem, lettre du 19 juillet 1814.

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Entre-temps, la Commission diplomatique avait adopté les bases le 10 juillet et déclaré qu’elle donnerait un préavis favorable à la Diète pour la réunion de Genève à la Suisse.1 Ce rapport fut présenté le 19 à la Diète et les cantons invités à se prononcer sur la question.

L’aval de la Commission diplomatique avait incité la commission genevoise à rédiger le projet définitif de la constitution. Et pour documenter Des Arts, Saladin lui avait fait parvenir, semble-t-il, les projets de quelques-unes des constitutions cantonales. Le 20 juillet, Des Arts peut lire au Conseil un projet de constitution, les lois relatives à la première formation du Conseil Représentatif et du Conseil d’Etat et les Lois Eventuelles à appliquer dans les territoires qui seraient cédés ultérieurement à Genève.2 Des copies en sont remises aux conseillers, qui pourront présenter leurs observations à la commission; mais le secret le plus absolu leur est imposé! On attend toujours l’approbation du landamman et des ministres: elle arrive enfin. Le 26 juillet, on lit en conseil la lettre de Reinhard approuvant les bases, et le même jour:3

On lit la lettre des Ministres Plénipot. d’Autriche de Russie et d’Angleterre datée Zurich 10-22 Juillet, elle contient des félicitations sur le succès obtenu par nos députés dans leur mission auprès de la Diète, et une approbation complete de notre projet de constitution, engageant le Conseil à la mettre au plûtôt en vigueur, cette lettre est signée, Schraut, Stratford Canning, le Comte Capod’Istria.

Cette lettre (Document n° 67), insérée dans le registre, est fort concise. La constitution, dit-elle en substance, «réunit à leurs yeux le double avantage de placer le bonheur des Citoyens sous la Garantie d’institutions libérales et solidement assises, et de s’adapter à l’esprit des autres Cantons par des rapports favorables à l’harmonie générale».

Dans les premiers jours d’août, le projet avec les amendements proposés à la commission est lu, discuté et remanié par le Conseil.4 Le 9, après une dernière lecture et délibération, il est accepté:5

1. Fr. Ruchon, op. cit., p. 49. Rapport incorporé dans AEG, R.C. 1814, entre les pp. 325 et 326.

2. Ruchon, op. cit., p. 49.

3. AEG, Reg. du Conseil 1814, p. 322.

4. AEG, R.C. 1814, p. 333, séance du 1er août; p. 334, séance du 2; p. 338, séance du 3; p. 344, séance du 8 août 1814.

5. ibidem, p. 346, séance du 9 août 1814.

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Lecture faite dans le Conseil Provisoire du Projet d’Edit de Gouvernement qui lui a été présenté par une Commission de Son Corps, après en avoir délibéré avec maturité et lui avoir fait subir diverses modifications qui lui ont paru convenables, l’avis en deux tours a été de l’approuver comme étant propre à assurer le bonheur de la République, et de le soumettre aux suffrages des Genevois qui à la date du 15 avril 1798 avoient le droit de voter en Conseil Général, ainsi que des Genevois âgés de 24 ans issus de Père ou d’Ancêtre ayant ce droit. En conséquence les Genevois seront convoqués aux jours et au lieu déterminés par une publication spéciale pour approuver ou rejeter le projet susmentionné.

Le Conseil se hâte de faire imprimer le rapport et le projet, mais exige dans l’intervalle un secret absolu sur la teneur des documents. Pourtant, un des conseillers, le régent Alexandre Couronne, proteste d’emblée auprès de Des Arts et s’élève contre le régime censitaire contraire aux traditions genevoises:1

[...] Et sur qui tombera l’exclusion projetée? Elle tombera en grande partie sur d’anciens citoyens, qui vivant avec économie du travail de leurs mains, ne paient de taxes apparentes que la somme de 5 à 6 fr. de France, mais paient par leurs vertus et leur moralité une contribution bien plus propre que quelques écus à assurer à notre République renaissante la tranquillité et le bonheur.

Dès que la constitution fut imprimée, le Conseil fit une proclamation qui en recommandait l’acceptation. L’agrégation de Genève à la Suisse en dépendait et toute opposition, toute réticence aurait les plus fâcheux effets. La déclaration était faite au nom des syndics et du Conseil, datée du 15 août et signée par Schmidtmeyer, l’un des deux députés à la Diète. On remarquera l’habileté des magistrats qui demandent à l’ensemble des citoyens d’entériner la disparition du Conseil Général; alors que dans les autres cantons, seul le Conseil se prononça sur la constitution.

Dès le 17, le projet de la constitution fut distribué aux citoyens, qui sont appelés à voter par quartier du 22 au 24 août. 2444 d’entre eux approuvèrent le projet, 334 le rejetèrent; mais si l’on considère que 6000 citoyens environ pouvaient se prononcer sur la question, on peut penser que le fort nombre d’abstentions est en fait une opposition larvée. Ce n’est évidemment pas de cette façon que la chose est présentée aux ministres. Le registre consigne:2

1. Fr. Ruchon, op. cit., p. 50.

2. AEG, R.C. 1814, p. 375-376.

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le 26 août 1814 On arrête d’envoyer la Constitution aux Ministres des Puissances Alliées ainsi qu’à l’Ambassadeur de France en Suisse, en leur écrivant pour leur communiquer le résultat des votes.

Le 27 Août 1814 Lecture du Registre Mr le Syndic Des Arts rapporte qu’il a écrit au nom du Conseil aux Ministres Plénipotentiaires des Puissances Alliées en Suisse, ainsi qu’à l’Ambassadeur de France, en leur envoyant la Constitution.

Voici le texte de sa lettre, adressée en fait au seul ministre du tsar:1

A Monsieur le Comte Capodistria Envoyé Extraordinaire de Sa Majesté l’Empereur de toutes les Russies, auprès de la Confédération Helvétique.

Très excellent Seigneur!

L’intérêt que votre Excellence veut bien prendre à notre Republique et dont Elle nous a donné les preuves les plus signalées, nous autorise à vous faire part de l’important résultat des Assemblées qui ont voté sur le Projet de notre Constitution, 2444 votans l’ont accepté, 334 l’ont rejeté, tout s’est passé avec le plus grand ordre et la plus grande décence: Votre Excellence pourra être surprise de la diférence qu’il y a entre le nombre des personnes qui ont voté pour la constitution, et de celles qui ont signé il y a quelques mois l’adresse par laquelle on nous demandoit de reprendre nos fonctions: les habitants de la Ville et de la Campagne de tout âge, étrangers ou Genevois, concoururent à cette démarche, les seuls Genevois ayant droit de cité, âgés de 25 ans accomplis, solvables et non assistés des Hôpitaux ont été admis à donner leurs suffrages. Nous allons procéder sans délai à la formation des nouveaux Conseils, nous prions Votre Excellence de mettre le sceau à ses bontés et à notre bonheur, en nous recommandant à la généreuse protection de Sa Majesté Imperiale qui a daigné nous en promettre la continuation, et de seconder de votre influence les démarches que nous avons faites pour être agrégés à la Confédération Helvétique. Vous acquerrez de nouveaux droits à notre gratitude en assurant ainsi à notre Patrie une assiette heureuse et stable.

Agréez l’assurance du respect avec lequel nous sommes

Monsieur le Comte de V. Exc. les Très Humbles et Très Ob. serviteurs

Les Syndics et Conseil provisoires de la Rép. de Genève

Signé Falquet Conseiller et Secrétaire d’Etat

Genève, le 27 août 1814.

1. AEG, Copie des lettres du Conseil 1814, f. 117.

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Officiellement avisé de l’adoption de la constitution genevoise, Capodistrias répondait quelques jours plus tard, en termes cordiaux (Document n° 74): «Je n’avais jamais douté de cette adhésion presque unanime, connaissant le mérite du Code politique qui vient de réunir les suffrages des Genevois».

Canning, qui avait signé la lettre du 22 juillet (Document n° 67), avait, quant à lui, assez vite pris ses distances. Dans une lettre du 4 août, transmise par l’intermédiaire de d’Ivernois le 13 août, le ministre anglais écrivait:1

[...] Consolider cette liaison [entre la Grande-Bretagne et Genève] en faisant reposer l’indépendance de la République sur une base moins rétrécie, où Elle puisse prendre l’assiette digne de ses nouvelles destinées, seroit une tâche d’autant plus agréable à Son Altesse Royale, qu’Elle envisage l’aggrandissement du territoire de Genève, et sa réunion à la Confédération Helvétique, comme les mésures les plus propres à assurer à Celle-ci le maintien de sa neutralité, et à contribuer par celà même au repos de l’Europe.

Pourtant, de Zurich, Saladin et Schmidtmeyer se font rassurants:2

Les Ministres ont toujours continué de témoigner a vos députés le même interet et la même bienveillance pour Genève. Ils se sont assurés de celle du Ministre d’Angleterre, et Ils n’ont pas été à même de juger des dispositions du Ministre de France que l’on assure avoir reçu les memes instructions de la cour que les autres Ministres relativem(en)t a la Suisse.

Le 26 août, Canning séjourne précisément à Genève, comme en témoigné un billet qu’à peine arrivé, il adresse à d’Ivernois;3 les deux compères n’ont pas dû tarder à échanger leurs vues sur la nouvelle constitution, dont le Genevois, mis devant le fait accompli à son retour d’Angleterre, se montre fort désappointé.

Cette constitution, qui comprenait 11 titres et 93 articles, et des lois complémentaires pour les territoires qui seraient annexés, est la plus longue des constitutions cantonales adoptées à ce moment-là. Elle n’est ni systématique, ni logique; son expression est souvent confuse et elle n’a pas les qualités juridiques du modèle de Rengger qui s’est imposé dans plusieurs cantons. Elle deviendra du reste dans les années

1. AEG, R.C. 1814, entre les pp. 353 et 354.

2. AEG, R.C. 1814, entre les p. 347 et 348. Rapport de Saladin et Schmidtmeyer au Conseil, Zurich, 10 août 1814.

3. BPU, Ms suppl. 977, t. II, f. 221. Lettre de Stratford Canning, «aux Balances», Genève, 26 août 1814.

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suivantes la cible d’attaques virulentes de conseillers stimulés par Mme de Staël, qui formeront le noyau de l’opposition libérale genevoise et obtiendront la suppression de quelques-unes des mesures les plus réactionnaires.1

Aussi restons-nous interloquée devant l’approbation sans réserve qu’apporte le ministre du tsar à cette constitution. Il a pleine confiance, il est vrai, dans les deux membres de la commission de rédaction, Schmidtmeyer et d’Ivernois, qu’il a côtoyés à Zurich. Au sujet de ce dernier, Capodistrias écrit au landamman de Beding (Document n° 68): «Mr d’Ivernois déjà aussi bon Suisse qu’il a été jusqu’ici bon Genevois Vous dira également le mal que votre solitude actuelle fait aux affaires. Il a réussi dans sa mission avec un bonheur digne de Ses talens et de Son esprit.» Il est certain qu’au cours des entrevues que les deux hommes ont eues lors du bref séjour de d’Ivernois à Zurich, à son retour de Londres, le Genevois n’aura pas caché la déception que lui procurent les bases de la constitution mises au point durant son absence.

Peut-être est-ce dans le contexte général qu’il faut chercher l’explication. La tension reste extrême entre Berne et Vaud. En soutenant à Genève un régime conservateur qui convient fort aux patriciens bernois, Capodistrias espérait-il, comme d’autres, tempérer ainsi indirectement l’effervescence démocratique vaudoise, le canton de Vaud étant pris en tenailles entre deux régimes conservateurs? Son intervention dans les affaires vaudoises est dictée par les ordres du tsar «éclairé» par La Harpe; il n’a guère de marge de manœuvre. Sa politique est cohérente dans le même sens dans les autres nouveaux cantons d’Argovie, de Saint-Gall, du Tessin. Mais à Genève, qui ne fait pas encore partie de la Confédération, il est plus libre dans ses directives. Ce régime qui reposait sur un système censitaire, corrigé par la création d’un corps privilégié formé des pasteurs, régents, professeurs et fonctionnaires supérieurs, et dont l’exécutif est confié à un Conseil d’Etat pléthorique de vingt-huit membres convenait-il mieux à ses sentiments personnels? Nous restons perplexe.

La boîte à musique

Un autre point obscur dans les relations de Capodistrias avec Genève, mais qui touche à la petite histoire, apparaît dans la correspondance de Saladin. Il écrit à Turrettini le 6 juillet:2

1. L. Fulpius, op. cit., p. 61.

2. AEG, PH 5722, lettres des 6, 8-9, 12-13, 19-20 juillet 1814.

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    vernement doit exercer, dans des bornes bien délimitées, sur les affaires religieuses, matrimoniales et ecclésiastiques des confessions séparées; cette subordination de l’Eglise à l’Etat, couramment appliquée dans les cantons protestants, ne pouvait être du goût de l’Eglise catholique. Ils réitèrent leur appui à Rapperswil, qui doit jouir de privilèges comparables à ceux de Saint-Gall. Ils réclament l’augmentation des membres du Petit Conseil, en insistant pour qu’il atteigne au moins le nombre de 11; ils se préoccupent de la levée des impôts et donnent enfin des conseils judicieux pour la mise en vigueur du nouveau régime.

    Ces documents importants sont confiés à Müller-Friedberg (Document n° 66) pour qu’il les amène à Saint-Gall. La constitution cantonale sera finalement acceptée par le Grand Conseil le 31 août, mais suscitera une véritable révolte populaire, comme nous le verrons plus loin.

    Vaud

    Enfin, les ministres allaient envoyer le 10 juillet leurs Observations sur la constitution du canton de Vaud. Mais là, les tractations préliminaires avaient été facilitées par le passage de Capodistrias à Lausanne. Il avait eu, on s’en souvient,1 une longue conversation sur cet objet avec quelques membres du Petit Conseil; il est intéressant de constater que ses remarques verbales avaient porté surtout sur la nécessité d’élever le cens dans plusieurs cas, pour permettre à la classe des propriétaires d’être bien représentée dans les Conseils, de fixer à 13 le nombre des membres du Petit Conseil et de réduire celui des juges de paix, pour éviter que leur charge ne tombe dans les mains de gens incompétents. Le nombre considérable de juges de paix venait de ce que, depuis l’Acte de Médiation, ils étaient placés à la tête de chaque cercle (soixante pour le Pays de Vaud) et exerçaient en plus de leurs fonctions judiciaires des fonctions administratives à la tête du cercle.2

    Il est vraisemblable que ces observations traduisent la pensée propre de Capodistrias, en tout cas proche des instructions reçues à Paris, puisqu’il n’avait pas revu son collègue Schraut depuis son voyage à Paris, lors de son passage à Lausanne; et nous constatons que nous

    1. V. supra, p. 160-162.

    2. G. Arlettaz, Libéralisme et société dans le Canton de Vaud (1814-1845), Lausanne 1980, p. 98. Pour le commentaire de la constitution, nous utilisons le chap. III de cet ouvrage.