Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. ΣΤ΄

Τίτλος:Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. ΣΤ΄
 
Εκδότης:Εταιρεία Κερκυραϊκών Σπουδών
 
Συντελεστές:Κώστας Δαφνής
 
Έτος έκδοσης:1984
 
Σελίδες:322
 
Θέμα:Κείμενα (1819-1822)
 
Χρονική κάλυψη:1815-1822
 
Περίληψη:
Στον ΣΤ' Τόμο δημοσιεύονται τα κείμενα του Καποδίστρια που αναφέρονται στα χρόνια 1819, 1820, 1821, 1822. Ο αύξων αριθμός των εγγράφων είναι ενιαίος με εκείνο των εγγράφων του Ε' τόμου, δεδομένου ότι αποτελούν μια ενότητα. Αναφέρονται όλα - υπομνήματα, εκθέσεις, εγκύκλιοι, επιστολές - στη διπλωματική δραστηριότητα του Καποδίστρια ως υπουργού Εξωτερικών της Ρωσίας στα χρόνια 1815-1822.
Την ολοκλήρωση της δημοσίευσης των κειμένων της περιόδου αυτής συνοδεύουν σύντομες σημειώσεις, που διαγράφουν συνοπτικά το πλαίσιο της πολιτικής κατάστασης της Ευρώπης, μεταξύ 1819 καί 1822, μέσα στο οποίον κινήθηκε ο Καποδίστριας, πίνακας των εγγράφων των δύο τόμων με κατατοπιστικές περιλήψεις και ευρετήρια κυρίων ονομάτων, ώστε η έκδοση να είναι απόλυτα χρηστική. Εκτενής διεθνής βιβλιογραφία, όπου αναγράφονται εξαντλητικά πηγές και δημοσιεύματα, παρέχουν τη δυνατότητα στους ενδιαφερόμενους για μια γενικότερη θεώρηση, με αφετηρία πάντα τα Καποδιστριακά κείμενα, της ευρωπαϊκής ιστορίας σε μια κρίσιμη φάση εθνικών, πολιτικών και κοινωνικών μετασχηματισμών.
Σημειώνουμε ότι βασικό κείμενο για την πιο άνετη προσπέλαση των κειμένων της δημόσιας δράσης του Καποδίστρια είναι η «Αυτοβιογραφία» του, η οποία δημοσιεύθηκε στον Α' Τόμο του Αρχείου. Ανεξάρτητα από τις οποιεσδήποτε σκοπιμότητες, που δέσμευαν την απόλυτα ελεύθερη έκφραση των απόψεων και σκέψεων του Καποδίστρια σχετικά με πρόσωπα και γεγονότα, το κείμενο αυτό μας δίνει τη γραμμή πλεύσης για την αποκρυπτογράφηση των ενεργειών και κινήσεων του υπουργού της Ρωσίας κατά το χειρισμό καίριων θεμάτων.
 
Κ. ΔΑΦΝΗΣ
 
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En établissant une comparaison fort juste à tous égards entre l’ ennemi qu’il fallait combattre à cette époque, et celui qu’il s’agit de vaincre maintenant, on prouverait sans peine qu’aujourd’hui il est plus difficile, mais plus important encore d’ adopter un système commun.

Le développement de ce parallèle ne laisserait aucune incertitude sur l’ urgente nécessité de discutèr et de décider avant toutes les autres les deux questions que nous venons de poser.

On est autorisé à croire que cette première partie des travaux de Troppau aurait forcément pour résultat:

1) un système de conduite général et fondé en droit;

2) la définition de ce système dans des termes clairs par les actes des conférences.

Mais quel sera le second objet des délibérations ou quel doit être le but de ce système?

Soit que les actes de 1815 et 1818 constituent la doctrine que professeront en commun les cours alliées, soit qu’elles arrêtent de nouvelles stipulations, ces puissances ne pourront se proposer que d’anéantir le pouvoir des insurrections dans les pays qui ont eu le malheur d’en éprouver les fatales conséquences, de rétablir dans ces contrées l’ autorité légitime des souverains, d’l’ asseoir sur des principes sages et réparateurs et d’ assurer ainsi aux Etats, victimes des excès révolutionnaires, et à l’ association européenne de double bienfait d’une heureuse tranquillité au-dedans et d’une complète indépendance audehors.

Ce grand problème a été résolu par les cours alliées en 1814 et 1815 lors de la restauration de la monarchie française.

Cependant it y a des hommes d’Etat qui n’ approuvent point les déterminations qu’elles prirent dans ces graves conjonctures, et sous ce rapport les opinions sont partagées.

Les uns pensent et soutiennent que s’il existe des germes de révolution en Europe, que s’ils viennent de se développer avec une effrayante rapidité en Espagne, à Naples et au Portugal, c’est parce que la révolution n’a point été étouffée dans son berceau, parce que toutes ses suites n’ont point été annihilées en 1814 et 1815 et qu’au contraire elle a reçu une espèce de sanction par la charte constitutionnelle qui soumet à des restrictions le pourvoir souverain.

D’après ce jugement, si les puissances alliées ont une résolution à accomplir, pour sauver les peuples qu’opprime encore une fois le joug dont ils étaient à peine délivrés, c’est d’ adopter une marche et des principes entièrement contraires à ceux qui ont été suivis en 1814 et 1815 à l’ égard de la France.

D’autres considèrent l’ état actuel de choses d’un point de vue différent.

En examinant la révolution française dans ses causes et dans ses effets comme toute autre révolution politique, ils invoquent le témoignage de l’ expérience de tous les siècles et prétendent démontrer, l’histoire à la main, qu’il

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n’y a pas de puissance humaine qui fasse rétrograder à volonté les révolutions, qui parvienne instantanément à les arrêter, qui les arrête même par la seule action de la force.

Selon cette opinion on pourrait dire que l’ Espagne, que Naples, que le Portugal ont subi la révolution, parce que l’ autorité publique dans ces Etats n’a pu lui résister, et qu’elle n’a pu lui résister, parce qu’elle était absolue sans avoir ni l’ energie, ni les moyens nécessaires pour l’être.

Suivant ce même avis, les cours alliées, en délibérant sur les mesures les plus propres à ramener le règne de l’ ordre dans les deux péninsules, n’ auraient qu’à faire une prudente application des principes qui ont rassis sur ses bases la France réconciliée avec l’ Europe.

Ces doctrines paraissent exagérées. Professées l’une et l’ autre par l’ esprit de parti, elles touchent aux extrêmes, tandis que la vérité réside toujours dans un juste milieu; or, c’est la vérité qu’il faut avant tout et par-dessus tout chercher de bonne foi.

C’est donc à reconnaître ce qu’il y a de vrai dans ces deux manières d’ envisager la situation de l’Europe et de ses deux presqu’îles que doivent s’ appliquer les plénipotentiaires assemblés à Troppau, et c’est aussi uniquement sur des notions recueillies par une stricte impartialité que peut être résolue la question suivante:

"Quelles sont les mesures qui dans la position présente de tous les gouvernements européens peuvent assurer à l’ autorité souveraine les moyens de délivrer le monde du fléau des révolutions?”

Une fois fixées en principe, ces mesures pourraient être facilement exécutées en Espagne, au Portugal et dans le Royaume des Deux-Siciles.

Observations

Il est douteux que des combinaisons ordinaires puissent augmenter et relever de sitôt le pouvoir moral des gouvernements qui se sont vus réduits à la triste extrémité de signer des actes dictés par une insurrection triomphante.

Il en est des gouvernements dans leurs relations publiques, comme des individus dans leurs relations particulières. Une circonstance heureuse, comme un événement malheureux, un trait de courage, comme une marque de faiblesse, décident de leur considération et de leur sort.

De nos jours un gouvernement déconsidéré peut difficilement trouver son salut en lui-même et s’il demande un secours au-dehors, il risque de compromettre à la fois et ses propres intérêts et ceux de la puissance qui essayerait de lui prêter son appui.

Il est donc évident que des mesures extraordinaires et inattendues peuvent seules produire un aussi important résultat.

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Un fait récent dépose en faveur de cette assertion. L’acte du 14(26) septembre 1815 était sans doute une combinaison inattendue. Il fut porté à la connaissance de toutes les cours de l’ Europe et quelques différents qu’aient pu être les motifs de leur accession, cette accession devint universelle.

Pourquoi donc, en méditant les hautes vérités énoncées dans cet acte, ne pourrait-on se flatter de rencontrer la combinaison extraordinaire, objet de nos voeux et de nos recherches? Pourquoi les souverains refuseraient - ils de déclarer que leur autorité est inférieure à l’ autorité de la loi divine, dès que cette loi déviendrait la première base de la législation politique, dès que les monarques seraient fermement résolus de remplir avec une religieuse exactitude les engagements contractés le 14(26) septembre?

Ce grand et généreux dessein ne pourrait se réaliser que par la confection d’un code qui fût une émanation pure des préceptes du législateur suprême de tous les peuples chrétiens.

Ce code consacrerait tous les droits, respecterait toutes les propriétés morales et matérielles, tracerait des règles d’administration, produirait nécessairement un système de lois extraordinaire, inattendu et rallierait peut-être à la cause de l’ ordre et du pouvoir légitime une grande masse d’hommes, amis du bien et convaincus que la religion fait seule prospérer les Empires.

Mais ces lois bienfaisantes, comment les préserver d’une influence qui pourrait en paralyser les salutaires effets? Comment les garantir de la corruption des moeurs qui rend inutiles toutes les précautions de la sagesse, et comment épurer les moeurs de la génération actuelle, pervertie par tant d’années de crimes et d’immoralité?

Ce qui afflige le plus tout observateur bienveillant, c’est la persuasion que la jeunesse de notre siècle croit et se développe au milieu des plus dangereux exemples, car des moeurs impures sont tout ensemble l’ effet et la cause des révolutions, et depuis près de trois siècles l’Europe ne voit que se succèder les révolutions religieuses et politiques.

L’on a souvent répété que l’ éducation devait amener la réforme des moeurs. Cela est vrai, mais par une singulière et déplorable erreur on ne fait que multiplier les moyens d? instruction. C’est évidemment confondre deux choses bien différentes: l’ instruction et l’ éducation. Une bonne éducation présuppose de bonnes moeurs et le respect de la morale publique. Elle exige que la vertu forme la règle dans un pays et le vice - l’ exception; or, partout où s’est consommée une révolution politique, les moeurs sont corrompues; donc, une bonne éducation est impossible, à moins que le temps n’ait sanctionné la révolution, en effaçant toutes ses traces.

L’ examen de ce vaste sujet démontrerait que l’unique moyen d’ arranger notre génération aux égarements les plus funestes serait de lui ouvrir de l’ espace et de lui imprimer du mouvement.

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Resserrée dans les limites trop étroites pour son activité, elle s’ écarte, tous les jours plus vive et plus mobile, du chemin de la vertu et aucune loi ne semble pouvoir prévenir ce malheur.

Que l’on sépare la partie saine de la partie infectée par les erreurs du temps, la partie morale et tranquille - de la partie qui sent le besoin d’un mouvement excentrique; alors la législation reprendra son pouvoir conservateur et la société pourra se reconstituer utilement sur les principes de la religion chrétienne.

L’ idée de cette séparation peut sembler un paradoxe; elle s’est cependant réalisée dans d’autres siècles.

Les colonisations ont sauvé la Grèce, et Rome, pour conserver ses lois, a fait la conquête du monde.

Με το υπόμνημα του αυτό ο Καποδίστριας συνόψιζε τα ζητήματα που επρόκειτο να απασχολήσουν τους συμμάχους στο Συνέδριο του Τρόππαου2. Παρά τις αντιρρήσεις της Αυστρίας, που προτιμούσε μονομερή τη συνάντηση, επιτεύχθηκε τελικά η σύμπραξη όλων των μελών του Διευθυντηρίου «και οι υπουργοί της Πρωσσίας, Γαλλίας και Αγγλίας μετέσχον μετά των κυβερνήσεων Αυστρίας και Ρωσίας εις τας διασκέψεις αίτινες ήρχισαν κατά Νοέμβριον του 1820»3.

Κυρίαρχο ζήτημα, σύμφωνα προς τη γραμμή που επέβαλε ο τσάρος Αλέξανδρος, η ενότητα των μεγάλων Δυνάμεων και η κατάπνιξη των εξεγέρσεων εναντίον της νομιμότητας. Κύρια επιδίωξη ο σεβασμός των συνθηκών και η απεμπόληση των ιμπεριαλιστικών επιδιώξεων. Τέλος, η εγκαθίδρυση ενός συστήματος «γενικής συμπεριφοράς θεμελιωμένης στο· δίκαιο»4.

1. VPR. τομ. ΙΑ' σ. 540-544.

2. Πρβλ. γενικότερα, Αρχεία Βιέννης, St. Κ. Kongressakten Troppau 1820, Fsz. 37-39, Gesandtschaftsarchive, Kongresse von Troppau und Laibach K. 60, M. Bignon, Du Congrès de Troppau (1821) passim, A. Stern, Geschichte Europas, τομ. B' (1924) σ. 129 κ.ε., Ch. Seignobos, Histoire politique de l’ Europe contemporaine, τομ. B' (1924), σ. 107 κ.ε., H. Schmalz, Versuche einer gesamteuropäischen Organisation, σ. 66 κ.ε. Για την αντιπαράθεση του Καποδίστρια με τον Μέττερνιχ, βλ. Ch. Mazade, Un Chancelier d'ancien Régime (1889) σ. 249, H. Srbik, Metternich, der Staatsmann und der Mensch, τομ. A' (1925) σ. 604, Ch. Webster, The Foreign Policy of Castlereagh (1934) σ. 285, M. Winkler, Zarenlegende Alexander (1948) σ. 119, M. Bourquin, Histoire de la Sainte Alliance (1954) σ. 277, P. Schroeder, Metternichs Diplomacy (1962) σ. 60 επ.,

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Επίσης R. Metternich - A. Klinkowstroem, Aus Metternich’s nachgelassenen Papieren τομ. Γ΄ (1881-83) σ. 353, M. Boyce, The Diplomatic Relations of England with the Quadruple Alliance, σ. 40.

3. Αρχείον Ι. Καποδίστρια, ό.π., σ. 64.

4. Βλ. την Réponse του Καποδίστρια «aux communications de l’ Autriche et de la France, in date du mois d’ Août 1820, à être adressée circulairement aux Cours de Vienne, du Paris, Londres et de Berlin», στα Αρχεία Βιέννης, St. K. Kongressakten, Troppau, Fsz. 38, Fol. 28-35 και αξιοποίηση της στου Π. Πετρίδη, Η διπλωματική δράσις του Ι. Καποδίστρια, σ. 105 κ.ε.

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Υπόμνημα προς τον τσάρο της Ρωσίας Αλέξανδρο (Τρόππαου 14/26 Οκτωβρίου 1820)1

Premier entretien confidentiel avec M. le prince de Metternich

Conformément aux ordres de v.m.i. nous venons d’annoncer à M. le prince de Metternich qu’elle a lu et médité le mémoire autrichen du 23 octobre que, d’ailleurs, avant de nous autoriser à discuter formellement et en conférence les grandes questions qu’il renferme, vous désiriez connaître, Sire, dans la plus intime confiance la pensée du cabinet de Vienne sur la nature du secours moral qu’il demande aux cours alliées pour la seconde période de son entreprise sur Naples.

Nous avons dit au ministre:

"La cour d’Autriche a conçu le plan d’ opération au moyen duquel elle espère atteindre son but. Elle doit donc avoir en même temps tracé d’ avance celui qu’elle verrait suivre avec le plus de satisfaction par ses alliés. Supposant que cette partie essentielle de son travail formerait l’ objet du second mémoire que M. le prince de Metternich nous avait promis, nous le prions de nous en faire part sans délai, vu que si nous n’avons par sous les yeux l’ ensemble de ses idées, il nous serait difficile d’ articuler avec succès une opinion sur les propositions consignées dans le mémoire du 23 octobre”.

Le ministre nous a répondu qu’il s’ attendait à cette observation de notre part et qu’il était prêt en conséquence à nous communiquer sans restriction sa pensée tant sur la nature de la coopération morale qu’il réclamait des cours alliées, que relativement au second mémoire qu’il nous avait promis.

Nous l’ avons prié alors de remettre à un seconde entretien qui pourrait avoir lieu le lendemain, les explications qu’il se proposait de nous donner, vu que M. le comte de Nesselrode n’ avait pu encore prendre connaissance du mémoire

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autrichien et de toutes des pièces relatives aux questions qu’il traite.

"J’y consens, - reprit le prince, - mais permettez - moi en attendant de vous développer mon point de vue. Vous aurez le temps d’y réfléchir et notre entretien en sera plus utile”.

Il a parlé longtemps ensuite de la crise dont l’ Europe est menacée, de la situation respective des divers gouvernements, de celle en particulier des cabinets réunis à Troppau.

Ces généralités l’ont ramené à son entreprise sur Naples. Il s’ est efforcé de démontrer que quelque dangereuse qu’elle lui semble sous plusieurs rapports, il ne saurait cependant y renoncer sans voir la péninsule Italienne et le reste du continent européen devenir la proie des sectaires.

"Elle n’est pas dangereuse, - dit-il, - en elle-même, cette entreprise. Nous arriverons à Naples sans difficulté. Mais que ferons-nous, lorsque nous y serons rendus? C’est là que commencent les embarras véritables et les grands périls. Cependant il n’y a qu’un moyen de sortir de ces complications et ce moyen, nous le tenons. Dès que le roi sera délivré, que sa pensée lui appartiendra de nouveau, que son action pourra être légale, c’est lui qui voudra bien pourvoir à la sécurité de ses Etats, et ce sera aux cours alliées à l’ aider dans la grande oeuvre de la restauration de la monarchie des Deux-Siciles”.

M. le comte de Nesselrode l’a interpellé:

"Croyez-vous, mon prince, que le moyen dont vous parlez, en soit un?”

"Oui, sans doute, lisez les lettres que le roi nous a écrites. Il nous déclare qu’il est captif et qu’aucun des actes qu’il a sanctionnées depuis le mois de juillet, ne porte l’ expression de sa volonté”.

"Quelle que soit l’importance de ces déclarations, - a repris M. le comte de Nesselrode, - toujours sera-t-il vrai que le roi de Naples aux yeux de sa nation aura eu recours à une force étrangère pour gouverner ses Etats. S’il dépend aujourd’hui des sectaires, il dépendra alors de 1’ armée autrichienne. Une situation semblable n’est mullement propre à lui offrir les éléments nécessaires à la reconstruction de sa monarchie”.

Le prince ayant désiré entendre l’opinion du comte de Capodistrias là dessus, ce dernier lui a observé qu’il était assurément à déplorer que les moyens mis par le roi à la disposition de l’Autriche paraissent peu efficaces.

"Les lettres de s.m. à 1’ empereur François, ses instructions au commandeur Ruffo sont en effet des instruments dont la cour de Vienne ne saurait faire usage durant la seconde période de son entreprise. Leur publicité exposerait à d’ imminents dangers la vie du roi. De même, pour la troisième période il serait difficile de les employer comme termes de conciliation. Peut-on présenter ces pièces à la nation sicilienne, sans attester 1’ affligeante nullité morale du prince, qu’il s’agit de constituer l’ arbitre de ses destinées? D’une part, il a prêté sermen solennel à des actes qui appellent autour du trône une masse considérable de ses

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sujets. De l’ autre, il cherche à punir cette même masse, en amenant au sein de son pays des troupes étrangères. Et pourquoi veut-il punir ses sujets?... Parce qu’ils ont, comme lui, prêté serment à ces acts sanctionnés, du moins suivant toutes les apparences, par sa propre autorité”.

"Oui, j’en conviens, - a répliqué le prince, - l’ alternative est malheureuse, déplorable. Mais que voulez-vous faire? Offrez-moi un autre mode d’étouffer la révolution d’Italie dans son foyer, et je ne demanderai pas mieux que de l’ adopter. L’Autriche vous en saura gré. Croyez-vous donc que nous n’ayons pas mesuré l’ étendue, l’immensité des dangers auxquels nous nous exposons? Et pourquoi n’avons-nous pas fait marcher jusqu’ici nos troupes sur Naples, pourquoi sommes-nous ici? Nous désirons avant et par-desus tout discuter avec le cabinet de Russie la grande question. Nous vous faisons connaître nos idées, prenez-les en considération, donnez-nous les vôtres en retour. Peut-être parviendrons-nous enfin à résoudre le désespérant problème.

Voici en attendant la manière dont nous envisageons l’appui moral que nous vous demandons et sur laquelle nous vous prions de dire votre avis.

Avant d’entrer à Naples l’ Autriche doit se faire précéder par un manifeste. Nous répondrons ainsi à la note du duc de Campochiaro en date du 5 octobre qui est elle-même une déclaration de guerre.

Le gouvernement napolitain a communiqué sa note aux autres cabinets. C’est par leur réponse qu’ils annonceront leur adhésion au manifeste autrichien.

Nous ne prétendons pas que tous ls cabinets donnent des réponses également fortes. Chacun dira ce qu’il pourra. La France et 1’ Angleterre parleront leur langage constitutionnel. Les puissances qui ont la volonté aussi libre que la pensée, élèveront une voix et plus imposante et plus salutaire.

Les cours alliées n’ont pas reconnu le nouveau gouvernement napolitain. Le premier pas est fait. Le second est celui d’appuyer 1’ Autriche dans la tâche qu’elle s’impose de punir les conspirateurs. Le troisième sera celui de reconstruire sous les auspices de 1’ alliance européenne la monarchie des Deux-Siciles. Notre mémoire ne laisse rien à ajouter à ce sujet”.

Reprenant ici la parole, nous avons fait sentir au prince que c’est dans l’ entretien du lendemain que nous examinerons ensemble la thèse qu’il venait de proposer. Mais que nous le prions instamment de nous communiquer son second mémoire, attendu que, selon ce qu’il a observé lui-même, la question de Naples était secondaire et qu’il n’ était guère possible de l’ aborder utilement dans tous ses rapports, sans s’être expliqué au préalable sur le travail préliminaire qui doit coordonner les opinions des cabinets, afin de les présenter au monde sous l’ aspect d’une unité morale et politique.

"C’est fort just. En lisant mon mémoire du 23 octobre, vous ne pouvez pas me comprendre, parce qu’il n’est qu’un chapitre de mon ouvrage. Je le comprends, moi, car j’en suis l’ auteur. Vous, en lecteurs, vous avez raison de

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désirer vivement de connaître le reste. Je vais l’achever. Le mémoire était fait. Il remplissait 24 feuilles. J’en ai retranché les deux tiers depuis que j’ai eu ma première conversation avec l’ empereur Alexandre. Je vais le finir. Ce n’est pas une pièce faite, elle est à faire, et je désire que nous y travaillons en commun. Dans une matière si difficile on ne s’explique jamais aussi clairement que sur parler. Il faut du noir sur du blanc. Les principes sont connus, mais il faut les revêtir de formules, et ce qui n’est pas aisé, c’est de trouver des formules qui puissent réunir les suffrages des différents cabinets”.

Cette explication, toute abstraite et peu intelligible qu’elle nous ait semblé, nous a donné lieu néanmoins à rendre M. le prince de Metternich attentif aux points suivants:

"I. Vous convenez, prince, que dans la situation actuelle des choses ce n’est plus de la diplomatie que nous devons et pouvons faire. Mais qu’une politique basée sur des principes d’équité et surtout de morale pure et consciencieuse, peut seule sauver le monde et nous-mêmes.

II. Il faut donc nous entendre de bonne foi et ne nous contenter d’aucun résultat qui fût produit par une demi-conviction, moins encore par une conviction forcée. Il est indispensable par conséquent que les délibérations de nos cabinets manifestent tout entière leur plus intime conviction.

III. Donc, l’ accord qui doit résulter de nos présents travaux, ne saurait ressembler à celui qui a signalé précédemment nos relations réciproques et avec les autres puissances.

Soyons de bon compte, nous avons depuis 1815 répété incessamment que nous étions d’accord sur les grandes questions de l’Europe, tout en portant au fond de notre conscience la certitude que notre conviction intime ne sympathisait point pleinement. Ce qui était possible jusqu’ici, paraît ne pouvoir plus l’être. Si le système que nous adopterons, nous laisse quelque chose à désirer, si nous ne croyons pas que nos voeux mutuels soient accomplis, parce que nous fiant peu à nous-mêmes, nous n’ avons pas une plus grande confiance l’un envers l’autre, pourrons-nous espérer de vaincre avec triomphe la crise qui nous environne?

IV. Nous devons convaincre l’Europe que nos deux cabinets n’en font qu’un. Mais pour obtenir ce résultat désirable, il importe que le monde puisse être persuadé qu’il est impossible à chacun de nous de dévier de la ligne de conduite que nous nous serons tracée.

V. Pour que chacun de nos cabinets-maintienne dans l’ esprit des autres gouvernements et dans le domaine tous les jours plus vaste de l’opinion publique toute l’ influence qui lui appartient, il faut qu’il apporte une extrême attention à être, à demeurer sévèrement conséquent.

Si l’ empereur François changeait tout d’un coup dans ce moment sa manière de juger les questions relatives aux affaires intérieures des Etats, il

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porterait sans doute une pernicieuse atteinte à sa considération politique. On le croirait vaincu par la crainte seule de la révolution d’ Italie.

Si l’ empereur Alexandre dans ce moment et subitement renonçait à sa manière d’ envisager les mêmes questions, s’il vouait à l’oubli tout ce qu’il a témoigné depuis 1814 dans le totalité de ses rapports politiques concernant ses opinions à ce sujet, il porterait également atteinte à sa considération. Il ne serait utile à la cause commune que par la force de ses armes. Celle de l’ opinion deviendrait nulle. Les hommes les plus paisibles et les mieux intentionnés se méfieront toujours d’un cabinet dont le sentiment et le langage varient au gré du jour, de l’heure, du moment.

VI. D’ après cela, et ne nous dissimulant pas que les cours d’Autriche et de Russie ont professé depuis 1814 des principes divergents sur les questions importantes que présente de nos jours la politique intérieure des Etats, il semble que le problème à résoudre pour établir un accord de conviction réele et permanente et salutaire entre les deux cabinets peut se réduire aux termes qui suivent:

quel est le milien juste que nous avons à choisir, et la ligne droite sur laquelle nous pouvons marcher pour discuter et décider ces questions à la satisfaction mutuelle, sans qu’aucune de nos cours ait à désavouer tacitement ou explicitement la conduite qu’elle a tenue depuis 1814?

Nous espérons de trouver ce juste milieu et de remplir cette condition indispensable. Lé salut du monde l’ exige, nos souverains sont fermement résolus de l’ opérer. C’est à v.a. à travailler la première. Nous nous empresserons de concourir à l’ oeuvre et de partager le labeur, lorsque nous aurons été mis en possession du second mémoire”.

Le prince nous a écoutés avec attention, et il a paru frappé de la franchise, nous osons le dire, de la vérité de nos observations.

"Je m’occuperai immédiatement de mon mémoire, je vous ai prévenus cependant que ce ne sera qu’un canevas. Vous en ferez une pièce. Mais il faut cependant qu’ à mon tour je vous demande votre opinion particulière sur les axiomes que nous avons posés dans notre mémoire du 23 octobre.

Reconnaissez-vous le principe de droit que nous y établissons? Etes-vous d’ accord que lorsque les rapports intérieurs d’un pays prennent un caractère offensif envers les Etats voisins, ceux-ci aient le droit de les improuver et d’agir efficacement, afin de se préserver de la contagion?”

"Nous avons clairement articulé, prince, l’opinion de l’ empereur et les principes régulateurs de sa politique. Donnez-vous la peine de lire notre réponse au chevalier de Zea et le mémoire du 20 avril. Peut-on élever après cela des doutes sur le système du cabinet de Russie?”

"Nullement, aussi je profiterai de vos pièces du 20 avril. Vous verrez mon travail et vous serez contents”.

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L’entretien a été remis au lendemain.

Το υπόμνημα συντάχθηκε με τη συνεργασία του δεύτερου τη τάξει υπουργού κόμη Νέσσελροντ. Αντικείμενο του οι συζητήσεις των δύο υπουργών της Ρωσίας με τον ηγέτη της αυστριακής εξωτερικής πολιτικής πρίγκιπα Μέττερνιχ2. Κύρια επιδίωξη των Αυστριακών η μεμονωμένη επέμβαση τους στα εσωτερικά της Ιταλίας προς τον σκοπό της κατάπνιξης της επανάστασης στη Νεάπολη. Όμως η ιδιοτελής αυτή επιδίωξη ήταν μοιραίο να αναχαιτιστεί από την άκαμπτη στάση των δύο εκπροσώπων της ρωσικής εξωτερικής πολιτικής και κυρίως του Καποδίστρια που εναντιώθηκε σφοδρότατα στην τακτική των ξένων παρεμβάσεων στις εσωτερικές κρατικές υποθέσεις, καθώς στην Ιταλία και Ισπανία3.

1. VPR, τομ. ΙΑ' σ. 555-559.

2. Για τις αντικρουόμενες απόψεις Μέττερνιχ - Καποδίστρια, βλ. αντί άλλων R. Metternich A. Klinkowstroem, Aus Metternichs nachgelassenen Papieren, τομ. Γ' σ. 353 κ.ε., Η. Kissinger, Grossmacht Diplomatie, σ. 296, E. Rohl, Metternich und England (1967) σ. 101, G. Lukacs, Im Kampfe für die Neugestaltung Europas (1938) σ. 4, K. Mendeissohn-Bartholdy, Briefe von Fr. von Gentz an Pilat, τόμ. B' (1868) σ. 436.

3. Βλ. την απάντηση της ρωσικής κυβέρνησης στο «Mémoire présenté par le Cabinet d’Autriche dans la Conférence du 11/23 et aux communications faites par le Cabinet de Prusse dans la Conférence du 17/29 Octobre”, στα Αρχεία Βιέννης, St. K., Kongressakten Troppau 1820, Fsz. 38, Fol. 32-48 και αξιοποίηση της στου Π. Πετρίδη, Η διπλωματική δράσις, ό.π., σ. 109 κ.ε.

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Υπόμνημα προς τον τσάρο της Ρωσίας Αλέξανδρο (Τρόππαου 15/27 Οκτωβρίου 1820)1

Second entretien confidentiel avec M. le prince de Metternich

Monsieur le prince de Metternich travaillait avec M. de Lebzeltern. Nous fûmes introduits. Après les politesses d’usage le prince nous dit: "Lebzeltern restera avec nous. Il fera la lecture pour moi. Je suis menacé d’une rhume de poitrine et je désire me ménager”.

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L’ entretien commença en effet par la lecture des dépêches du prince Esterhasi arrivées de Londres le même jour. "Les principales sont encore chez l’empereur, - dit le prince, - je vais vous en donner connaissance par un extrait que j’ai fait faire à la hâte”.

Le baron de Lebzeltern lut cet extrait, ainsi que trois autres dépêches en original.

L’ extrait dont il s’ agit, porte en substance les communications que nous avons reçues en dernier lieu par M. le comte de Lieven. Le prince Esterhasi rend compte de ses entretiens avec lord Castlereagh et annonce que le cabinet britannique fera assister lord Stewart aux conférences de Troppau à condition toutefois qu’il n’y prenne aucun engagement et ne livre aucune signature.

Les autres dépêches traitent du procès de la reine, des explications de M. de Decazes sur les instructions éventuelles que les cours alliées ont données à leurs ministres pour le cas de succession au trône de France, et de quelques objets secondaires.

M. le comte de Nesselrode fit ensuite la lecture des dépêches que nous venions de recevoir de Turin. On échangea quelques observations sur les nouvelles qu’elles renferment, et M. le comte de Nesselrode prit la parole.

"J’ai lu avec attention et infiniment d’intérêt, mon prince, votre mémoire du 23 octobre et toutes les pièces justificatives qui l’ accompagnent. Je vous répéterai ce que je viens de dire à l’ empereur. Votre premier travail fait désirer la seconde partie. Il nous serait difficile, pour ne pas dire impossible, de vous prêter un secours moral utile dans votre entreprise sur Naples, sans connaître au préalable vos idées relativement au système que les cours alliées auraient à suivre en général dans la crise actuelle, et sans savoir précisément en quoi consiste ce même secours moral que vous nous demandez”.

"Comme j’ai eu l’honneur de vous l’ annoncer hier, Messieurs, je suis prêt à vous faire part de toutes mes pensées et, je vous le répète, c’est en comptant sur vous et sur les fruits de nos discussions confidentielles, que je m’anime et prends courage.

Pour procéder donc avec ordre et pour nous mieux comprendre mutuellement, distinguons les objets.

Quoique l’ affaire de Naples ne soit qu’un épisode du drame général, nous ne perdons rien à la considérer séparément. Commençons par la question de l’appui moral que je vous demande.

Je vous ai dit hier ce que nous en pensons. Je n’ai aucune raison aujourd hui de vous en dire moins ou davantage. Voyez un peu si la communication que le duc de Campochiaro vous a faite de sa note du 5 octobre, ne vous offre pas le moyen de vous expliquer envers le gouvernement napolitain de la manière la plus favorable au succès de nos opérations militaires. Nous les ferons précéder d’une déclaration. Votre réponse à Campochiaro et celles que les autres cours pourront

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lui adresser en même temps, convaincront la nation napolitaine de l’ unanimité des intentions et des volontés des cours alliées au sujet des plans conçus par l’ Autriche pour délivrer le Royaume des Deux-Siciles des mais des sectaires”.

"Vous dites, prince, unanimité d’intention et dé volonté des cours alliées. Il ne s’agit donc pas tant de répondre au duc de Campochiaro, pour soutenir moralement votre entreprise sur Naples, que de savoir surtout comment répondre de manière à satisfaire vos voeux, à recueillir la totalité des suffrages des cours alliées et à offrir ainsi à Naples et au monde entier un véritable gage de notre unanimité.

Nous ne pouvons nous faire illusion à cet égard. Il n’ya que les trois cours, d’ Autriche, de Prusse et de Russie, qui soient libres de se prononcer sur la grande question. Mais en usant de cette faculté, en s’ acquittant de ce devoir, ne sont-elles pas tenues de prendre en considération la situation respective de la Grande-Bretagne et de la France?

Aujourd’hui ces deux puissances desirent, autant que nous, le succès de votre entreprise, mais encore pour qu’elles puissent avouer hautement leurs voeux, faut-il environner cette entreprise de tout l’ éclat de la légalité?

Mais si l’ Empire Britannique vient à être gouverné par l’opposition et si le ministère actuel en France succombe dans la lutte des elections prochaines?

La question dans cette perspective devient encore plus difficile et va présenter deux faces.

Le changement de ministère à Londres peut nous donner une Angleterre neutre et bienveillante, comme il peut aussi nous affliger d’une Angleterre, amie et associée de la cause des révolutions.

Dans cette double hypothèse il est clair que le cabinet des Tuileries ne pourra suivre que le système anglais, sauf de plus les chances hostiles et les complications immédiates que la France est à même de susciter en raison de sa position, de sa puissance compacte, de ses rapports, de son ipfluence active sur l’ esprit révolutionnaire.

C’est dès lors en mesurant au juste ces situations et en calculant toutes, les probabilités, autant qu’il est donné à la prudence humaine de le faire, que l’on doit, ce semble, oser la solution du problème qui nous occupe. Nous le poserions dans ces termes: comment atteindre notre but, sans être surpris dans la route que nous choisirons pour y arriver, d’aucune des complications qui nous menacent du côté de la Grande-Bretagne et de la France?”

"Je ne disconviens pas, - reprit le prince, - que vous ne posiez bien la question. Veuillez-vous en occuper vous-memes et communiquez-moi ce que vous aurez résolu. Quant à moi, je nè vois pas que pour le moment nous puissions faire autre chose que de marcher, que d’opérer la délivrance du roi de Naples. Peut-être, les résultats surpasseront-ils notre attente. Cependant, j’aime à vous le redire: tracez-moi un autre système de conduite. Je ne demande pas mieux que de

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le discuter avec vous et de l’adopter, si vous me prouvez qu’il soit préférable au mien. Tenez: si vous n’étiez pas les ministres de l’ empereur de Russie, je ne vous aurais pas moins consultés en amis, en hommes d’affaires, en hommes de bien... Considérez donc la question sous toutes ces faces, tâchez de la résoudre par la réponse même que nous vous proposonts de faire à Campochiaro. Je vais plus loin. Voyéz s’il ne serait pas utile de préparer par cette réponse les voies aux opérations militaires, c’est-à-dire, s’il ne conviendrait pas de faire précéder la parole à l’ action”.

Le prince s’ étant arrêté à ces mots, nous lui avons observé que cet appel nous déférait l’ initiative dans la définition de l’ appui moral.

"Oui, sans doute, mes idées vous sont déjà connues. Donnez-moi les vôtres. J’ai de bonnes raisons pour suivre cette marche dans nos discussions. Mon empereur connaît les propositions que je vous ai faites. Il ne me permettrait de les modifier qu’autant que je lui en aurais fourni les motifs. Veuillez donc me les procurer, ces motifs. Sur eux vous fonderez vos contrepropositions, si vous croyez devoir me faire des contrepropositions. En un mot, c’est à vous à parler, car sur cette première partie je n’ai plus rien à dire”.

En témoignant au prince les sentiments dans lesquels nous nous empressions d’accueillir de pareilles preuves de sa confiance, nous avons assuré s.a. que v.m.i. en serait fidèlement informée et que nous prendrions ses ordres sur le travail qu’il nous demandait.

Alors le prince passa à la seconde question et nous remit son deuxième mémoire.

Récapitulant les observations qui ont terminé notrre entretien d’hier, il déclara qu’il admettait complètement notre point de vue. "Pour identifier la politique des deux cabinets, il est nécessaire, que l’une et l’autre soient et demeurent conséquents dans leurs système au milieu des questions qui se rapportent à la politique intérieure des Etats. Néanmoins nous reconnaissons unanimement qu’il faut opposer une digue au torrent des révolutions.

Il est urgent de la trouver, cette digue. Je ne prétends pas y avoir réussi. Je vous livre mon travail. Examinez-le avec sévérité. Je suis exempt d’amourpropre et prêt à considérer mon oeuvre comme non avenue. Je vous l’ abandonne entièrement”.

Le prince de Metternich développa après ce préambule quelques idées générales consignées dans son mémoire, et invita le baron de Lebzeltern à nous en faire lecture.

V.m. trouvera ci-joint l’original de cette pièce.

L’ entretien s’ étant prolongé au-delà de minuit, nous en avons remis la suite au lendemain soir.

Il a été convenu que la conférence aurait lieu le surlendemain et que ce soir nous établirions de commun accord ce que nous aurions à dire ensemble à nos

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colègues sur l’ état de la négociation.

On est aussi tombé d’accord sur notre proposition d’associer M. le comte de Bernstorff à nos présents pourparlers et d’en fixer le siège chez ce ministre, si sa santé ne lui permettait point de quitter sa chambre et son lit.

Και το σύντομο αυτό υπόμνημα συντάχθηκε με τη συνεργασία του Νέσσελροντ. Αφορούσε τη δεύτερη συνάντηση των εκπροσώπων της ρωσικής εξωτερικής πολιτικής με τον πρίγκιπα Μέττερνιχ η οποία, καθώς προκύπτει από το περιεχόμενο της έκθεσης, υπήρξε περισσότερο μετριοπαθής και εγκάρδια από την προηγούμενη χωρίς όμως να έχει επιτευχθεί η γεφύρωση των διαφωνιών ανάμεσα στην Αυστρία και τη Ρωσία2.

1. VPR, τομ. ΙΑ' σ. 562-564.

2. Βλ. αντί άλλων Π. Πετρίδη, Η διπλωματική δράσις του Ι. Καποδίστρια, σ. 113 επ. Πρβλ. Castlereagh, Correspondence, τομ. IB' σ. 312 επ., Wellington, Supplementary Despatches, τομ. A' σ. 116 επ., Μ. Boyce, The Diplomatic Relations of England, ό.π., σ. 41 και Αρχεία Βιέννης, Troppauer Kongressakten, Fsz. 39, Fol. 33-59, St. K. England Weisungen, Fsz. 213, Frankreich Weisungen Fsz. 343.

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Υπόμνημα προς τον τσάρο της Ρωσίας Αλέξανδρο (Τρόππαου 24 Οκτωβρίου/5 Νοεμβρίου 1820)1

Le mémoire approuvé par s.m.i. le 21 octobre (2 novembre), fait dériver des transactions sur lesquelles se fonde l’ alliance européenne, les engagements que les cours alliées ont à remplir aujourd’hui et dont l’ exécution unanime doit avoir pour résultat nécessaire le maintien de la paix et la défaite de la révolution.

En appliquant aux événements du jour les principes de droit, nous avons esquissé le système que les puissances sont appelées à suivre pour atteindre le but qu’elles se proposent, et pour l’ atteindre d’un commun accord, sans s’ écarter des principes qu’elles ont proclamés à la face de l’ Europe, et avec la coopération de tous les hommes qui désirant sincèrement le bonheur de leurs semblables, savent que l’ ordre et les lois en seront toujours les premières bases.

Il s’agit à présent de mettre ce système en action.

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Nous le croyons composé de deux parties distinctes.

Dans la première nous rangerons les obligations explicites que les puissances doivent contracter entre elles dans la vue de faire reprendre au Royaume des Deux-Siciles sa place dans l’ alliance européenne, d’ exercer une influence bienfaisante sur l’ Espagne et sut le Portugal, d’ adopter les mesures les plus propres à empêcher que FEurope ne voie se renouveler des 8 mars et des 2 juillet.

La seconde partie embrasse l’ application immédiate et particulière que les cours alliées feront de leur système au Royaume de Naples, et par conséquent toutes les transactions qu’elles seront dans la nécessité de conclure avec cet Etat.

Première partie

Plus on considère l’ importance et la multiplicité des intérêts que les cabinets réunis à Troppau doivent régler et concilier, et plus on est porté à reconnaître qu’ils ne peuvent ni s’ occuper à la fois de tant de travaux si divers et si graves, ni les poursuivre et les achever avec précipitation.

Après avoir discuté et posé dès à présent principes, on ne peut arrêter de mesures d’exécution que pour les objets dont l’ urgence est évidente, et il semble naturel de ne se livrer à d’ autres entreprises qu’autant que les conjonctures le permettront ou que l’ expérience en révélera l’ opportunité.

On arrêterait donc:

1. Les mesures relatives au Royaume des Deux Siciles.

2. Des principes généraux à l’ égard de l’ Espagne, du Portugal et de tout pays qui éprouverait une commotion révolutionnaire.

3. Un projet de transaction semblable à celui que l’ Autriche a propose mais auquel devraient être associées les idées de M. de Stourdza et qui ne serait en tout état de cause qu’un développement et un corollaire de l’ Acte fraternel du 14(26) septembre.

Pour délibérer sur cette transaction, les cours alliées se réuniraient encore dans le délai d’un an ou de dix-huit mois au plus tard.

Il est facile de prouver la nécessité de cette division de travail et de l’ ajournement que nous proposons.

D’ abord le projet de transaction dont il s’agit, doit être attentivement et mûrement médité par chaque cabinet. Aucun d’eux ne saurait se soumettre à des engagements aussi étendus par leurs conséquences, sans les avoir au préalable considérés dans tous leurs rapports et dans tous leurs effets, sans en avoir même constaté et reconnu les résultats pratiques.

Il serait d’ ailleurs impossible d’ imprimer aujourd’hui un caractère d’ universalité à cette grande combinaison ou de l’ environner des suffrages de tous les gouvernements placés au .centre de l’ alliance générale.

L’ Angleterre et la France n’ offrent pour le moment et n’ offriront peut-être

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de quelque temps encore aucune donnée positive sur la valeur réelle de leur concours et la vraie tendance de leur politique. Elle est vague, indéterminée, dépendante de leur situation intérieure, situation qui peut changer d’un moment à l’ autre et changer de manière à donner une autre face au système européen.

Partir de la supposition que ce système ne peut plus compter sur l’ appui de ces deux Etats et les isoler, ce serait dévancer la marche dutemps, ne pas calculer un avenir qui reste possible, et se changer dans tous les cas d’une responsabilité immense.

Ce serait d’une autre part se faire illusion sur la vérité que d’espérer dès à présent la coopération active de l’ Angleterre et de la France, or, une erreur volontaire ne peut toujours qu’être dangereuse.

Il faut donc de toute nécessité attendre que le gouvernement anglais sorte de ses embarras domestiques, que la France connaisse elle-même la mesure de sa force, qu’elle ait une volonté et le pouvoir de l’ accomplir.

Cependant la bienveillance et la fermeté des cours alliées envers le Royaume des Deux-Siciles auront produit un effet salutaire. Peut-être même auront-elles pu réagir sur l’Espagne et sur le Portugal.

Les notions seront alors positives, les conséquences prévues, les remèdes ultérieurs suffisamment indiqués. Alors aussi les puissances pourront consommer par des mesures vastes et tutélaires l’oeuvre de la paix universelle et compléter un système d’union et de solidarité qui embrasserait tous les gouvernements et tous les peuples de l’Europe.

Quant à la partie essentielle des travaux de Troppau, elle pourrait avoir pour objet:

1. Un acte par lequel les puissances alliées fondéraient sur les transactions existantes, le droit et le dessein qu’elles ont de considérer comme exclu de l’ alliance tout gouvernement qui subit et sanctionne une révolution; d’intervenir en commun dans les pays révolutionnéns qui par leur exemple, leurs contacts et leur influence exercent des hostilités réelles contre tous les Etats, amis du repos, heureux de celui dont ils jouissent, et obéissants à des lois qui émanent d’une autorité légitime; de ramener ces mêmes pays au sein de l’ alliance par des mesures, légales et bienfaisantes, par des insinuations amicales, par la force même, si l’ emploi de la force devenait malheureusement nécessaire.

2. A. la suite de ces déterminations les puissances conviendraient de faire une réponse commune à la note du duc de Campo-Chiaro et d’ adressr au gouvernement napolitain les propositions énoncées dans le mémoire du cabinet de Russie. Elles suivraient en tout état de cause les règles de conduite signalées par ce même cabinet et donneraient pour base à la restauration de la monarchie des Deux-Siciles une organistion intérieure concertée avec le roi et qui établirait d’une part l’ inviolabilité du pouvoir légitime, de l’autre - des institutions sages conformes aux voeux et aux besoins de la nation sicilienne.

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3. Les puissances ne perdraient point de vue dans leur intervention, soit amicale, soit appuyée d’une force militaire, les principes suivis à l’ égard de la France en 1815.

Le résultat de leurs négociations devant absolument obtenir une garantie de durée, et cette garantie ne pouvant se trouver que dans le secours que prêterait au roi la présence d’une armée étrangère, une armée autrichienne occuperait temporairement et sous le nom d’ armée européenne le Royaume de Naples.

Une conférence des ministres plénipotentiaires des cours alliées recevrait l’ordre de négocier avec le gouvernement napolitain les actes par lesquels serait consommée la restauration de la monarchie sicilienne, et de veiller à l’ accomplissement de ces actes.

4. Après avoir réglé tout ce qui concerne la révolution de Naples, les cours alliées prendraient par une conséquence du même principe une attitude commune envers l’ Espagne et le Portugal.

5. Elles annonceraient enfin que dans l’ espace d’une an ou de 18 mois elles se réuniront encore pour achever leur ouvrage et concluré un pacte de solidarité véritable entre tous les gouvernements de l’ Europe, un pacte qui leur offrit à tous le double avantage d’une indépendance politique a jamais reconnue et d’une sécurité intérieure assurée par le bonheur de leurs peuples et par les institutions qu’il réclame.

A la transaction qui comprendrait les cinq articles fondamentaux ci-dessus rapportés, serait joint un article additionnel en vertu duquel 1’ Autriche, la Prusse et la Russie demanderaient 1’ accession des cours de la France et de la Grande-Bretagne, mais en déclarant que cette demande est subordonnée à toutes les conditions que des circonstances particulières pourraient prescrire au gouvernement français, ainsi qu’au gouvernement britannique.

Ils seraient libres, l’une et l’ autre, de devenir parties contractantes, libres d’ajourner leur accession à un terme fixé, libres même de n’ accéder que pour se rendre garants de l’ exécution des engagements que les cours de Vienne, de Berlin et de St. Pétersbourg auraient contractés envers le roi de Naples, libres enfin de n’ intervenir dans les négociations que comme puissances mediatrices.

Seconde partie

La seconde partie des travaux de la réunion de Troppau consisterait dans un acte séparé, mais qui serait regardé comme appartenant à l’ acte principal dont nous venons de parler, et dans les trois pièces suivantes:

A. Réponse à la note du duc de Campo-Chiaro.

B. Proclamation qui devancerait les premiers mouvements de l’ armée européenne.

C. Instructions communes pour les commissaires des puissances alliées

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auprès de ladite armée.

L’acte séparé serait un projet de traité entre s.m. sicilienne et les cours alliées.

On assurerait au roi par ce traité:

1. L’ intégrité pleine et entière des ses possessions territoriales.

2. La réintégration dans son autorité souveraine.

On concerterait avec lui en troisième lieu un plan d’ administration réparatrice qui préservât cette même autorité du retour de l’ insurrection et de la violence.

Pour que ce plan s’ exécutât dans toutes ses parties, on stipulerait que l’ armée autrichienne, portant le titre d’ armée européenne, resterait cantonnée dans le royaume pour un temps convenu.

Tous les règlements relatifs à cette occupation provisoire et à l’ entretien de l’ armée seraient l’ objet d’une convention particulière.

La réponse au duc de Campo-Chiaro, ainsi que la proclamation et les instructions communes pour les commissaires des cours alliées auprès de l’ armée autrichienne, seraient rédigées dans l’ esprit et selon la teneur des observations que renferme la seconde partie de notre mémoire.

Το υπόμνημα έθετε τις αρχές πάνω στις οποίες οι μεγάλες Δυνάμεις όφειλαν να στηρίξουν την πολιτική τους για την αντιμετώπιση των επαναστάσεων στο βασίλειο των δύο Σικελιών και στην Ισπανία. Κυρίαρχη επιδίωξη η σύναψη μιας νέας συνθήκης «ειλικρινούς αλληλεγγύης» ανάμεσα σε όλες τις ευρωπαϊκές κυβερνήσεις που θα εξασφάλιζε αιώνια την πολιτική ανεξαρτησία και εσωτερική ασφάλεια όλων των κρατών2.

1. VPR, τομ. ΙΑ' σ. 567-570.

2. Π. Πετρίδη, Η ευρωπαϊκή πολιτική του Ιωάννη Καποδίστρια (1814-1821), Μελέτες τομ. A' σ. 42 επ., του ίδιου, Τα πολιτικά σχέδια του Καποδίστρια για μια νέα τάξη πραγμάτων στην Ευρώπη, ό.π., σ. 155 επ.

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Υπόμνημα προς τον τσάρο της Ρωσίας Αλέξανδρο (Τρόππαου 24 Οκτωβρίου/5 Νοεμβρίου 1820)1

Second agenda. De l’ exécution du système arrêté par rapport à Naples

Le système relativement à Naples étant arrêté par les actes dont nous venons de tracer le canevas, il restarait à savoir encore comment les cabinets réunis procéderaient à son exécution, après avoir acquis le certitude préalable, autant du moins qu’il est donné à la prudence humaine de l’ obtenir:

1) que nulle précaution ne serait négligée, afin de préserver le roi et sa famille des dangers qui les menacent et qui doivent être nécessairement aggravés par les démarches que les cours alliées vont faire auprès du gouvernement napolitain;

2) que de même aucun moyen ne serait négligé pour écarter toute opinion erronée en Italie et dans le reste de l’Europe sur les intentions de cours alliées au moment où elles entreprendront la grande oeuvre de pacifier le Royaume des Deux-Siciles dans ses rapport intérieurs et de le réconcilier avec l’ ordre social européen;

3) que nul effort enfin ne serait négligé à l’effet d’atteindre ce but éminent par la voie seule des négociations amicales et qu’on réserverait ainsi la puissance matérielle des armes, comme garantie d’une succès définitif immanquable, et en attendant de la durée des opérations à l’ égard de Naples.

Considérant donc que ces trois grandes questions ne peuvent être efficacement résolues que par le mode même tf après lequel les puissances alliées se décideront à remplir les engagements qu’ils vont contracter, qu’il est dit déjà que la parole doit nécessairement précéder l’ action, il s’ agit en conséquence de parler au gouvernement napolitain, de répondre à sa note du 1er octobre.

Quels que soient les ménagements qu’on veuille employer, quelque bienveillant que soit le langage que l’on tiendra, il est impossible de ne pas articuler d’une manière claire, forte et positive les griefs des puissances alliées et les droits sur lesquels se fonde leur prétention de les voir redressés.

Dès lors il serait indispensable avant tout que cet appel formidable soit accueilli par une autorité susceptible de l’ entendre et de le soutenir.

Or, connaissant l’ asservissement sous lequel gémit à Naples le pouvoir royal et légitime, ce serait se faire une illusion que de s’ attendre à ce qu’il brise d’une part ses liens et que de l’ autre il se mette en état de répondre aux cours alliées selon les voeux qu’elles forment, pour que la restauration du Royaume des

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Deux-Siciles soit l’ oeuvre et le résultat d’une intervention régulière des cours alliées et de leur concert spontanté avec le roi.

Répondre au duc de Campochiaro serait donc annoncer la guerre aux peuples des Deux-Siciles. Le manifeste suivrait, le mouvement des troupes accompagnerait comme cela la première démarche.

Dans cette hypothèse nous voyons:

1) les jours du roi et de sa famille compromis;

2) les rangs de l’ ennemi renforcés et invités aux plus deplorables excès;

3) les hostilités rendues nécessaires, la guerre inévitable.

En voici les chances. Le sang est répandu. Les rebelles forcent le roi à se mettre à leur tête. La révolution de Naples prend sur-le-champ l’ attitude la plus favorable pour elle, la plus maligne aux intérêts des alliés. La cause de la nation défendue par son roi est anoblie. Et l’ humanité, et le repos du monde, et tous les devoirs ensemble, et tous les voeux exigent que cette cause soit flétrie dans son principe par la nation napolitaine la première!

Autre danger non moins imminent. C’est celui où les rebelles dans cette crise s’ empareraient du roi et de ses enfants pour les garder comme otages au milieu de leur frénétique audace.

Plus cette audace sera menacée, plus elle se portera aux dernières extrémités, et plus mous entrevoyons de dangers pour la royale existence qu’il s’agit de garder saintement.

Les difficultés majeures que nous venons de signaler, imprimeraient aux mouvements de l’ armée une hésitation qui pourrait mettre dans un faut jour tout le système, et ce spectacle ne resterait pas indifférent à la vue du Piémont, de la Lombardie et des ennemis de l’ ordre en Europe.

Cependant ces considérations chanceuses ne peuvent pas et ne doivent point détourner les puissances alliées de leurs résolutions et de l’ accomplissement de leurs devoirs. Seulement pour qu’ils soient mieux exécutés, il faut peut-être un mode plus prudent. Nous essayerons de l’ indiquer.

Au lieu de répliquer a la note du duc de Campochiaro les cabinets alliés pourraient annoncer officiellement au ministère napolitain que pour répondre à cette communication, comme ils de doivent aux sentiments qui les animent pour la vraie prospérité des Deux-Siciles, ils invitent s.m. le roi à leur envoyer à Troppau un ou deux personnages revêtus de sa confiance et de celle de la nation et de les autroriser à procurer tous les éclaircissements que peuvent désirer les puissances, afin de connaître au juste l’ événement du mois de juillet avec ses conséquences.

Cette note d’invitation serait rédigée de manière à inspirer au gouvernement de Naples tout l’ empressement possible d’y répondre et de l’ accueillir avec abandon et d’envoyer ensuite à Troppau les hommes qui se distinguent le plus à Naples maintenant.

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    En établissant une comparaison fort juste à tous égards entre l’ ennemi qu’il fallait combattre à cette époque, et celui qu’il s’agit de vaincre maintenant, on prouverait sans peine qu’aujourd’hui il est plus difficile, mais plus important encore d’ adopter un système commun.

    Le développement de ce parallèle ne laisserait aucune incertitude sur l’ urgente nécessité de discutèr et de décider avant toutes les autres les deux questions que nous venons de poser.

    On est autorisé à croire que cette première partie des travaux de Troppau aurait forcément pour résultat:

    1) un système de conduite général et fondé en droit;

    2) la définition de ce système dans des termes clairs par les actes des conférences.

    Mais quel sera le second objet des délibérations ou quel doit être le but de ce système?

    Soit que les actes de 1815 et 1818 constituent la doctrine que professeront en commun les cours alliées, soit qu’elles arrêtent de nouvelles stipulations, ces puissances ne pourront se proposer que d’anéantir le pouvoir des insurrections dans les pays qui ont eu le malheur d’en éprouver les fatales conséquences, de rétablir dans ces contrées l’ autorité légitime des souverains, d’l’ asseoir sur des principes sages et réparateurs et d’ assurer ainsi aux Etats, victimes des excès révolutionnaires, et à l’ association européenne de double bienfait d’une heureuse tranquillité au-dedans et d’une complète indépendance audehors.

    Ce grand problème a été résolu par les cours alliées en 1814 et 1815 lors de la restauration de la monarchie française.

    Cependant it y a des hommes d’Etat qui n’ approuvent point les déterminations qu’elles prirent dans ces graves conjonctures, et sous ce rapport les opinions sont partagées.

    Les uns pensent et soutiennent que s’il existe des germes de révolution en Europe, que s’ils viennent de se développer avec une effrayante rapidité en Espagne, à Naples et au Portugal, c’est parce que la révolution n’a point été étouffée dans son berceau, parce que toutes ses suites n’ont point été annihilées en 1814 et 1815 et qu’au contraire elle a reçu une espèce de sanction par la charte constitutionnelle qui soumet à des restrictions le pourvoir souverain.

    D’après ce jugement, si les puissances alliées ont une résolution à accomplir, pour sauver les peuples qu’opprime encore une fois le joug dont ils étaient à peine délivrés, c’est d’ adopter une marche et des principes entièrement contraires à ceux qui ont été suivis en 1814 et 1815 à l’ égard de la France.

    D’autres considèrent l’ état actuel de choses d’un point de vue différent.

    En examinant la révolution française dans ses causes et dans ses effets comme toute autre révolution politique, ils invoquent le témoignage de l’ expérience de tous les siècles et prétendent démontrer, l’histoire à la main, qu’il