Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Ι΄

Τίτλος:Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Ι΄
 
Τόπος έκδοσης:Κέρκυρα
 
Εκδότης:Εταιρεία Κερκυραϊκών Σπουδών
 
Συντελεστές:Δήμητρα Πικραμένου-Βάρφη
 
Έτος έκδοσης:1983
 
Σελίδες:324
 
Θέμα:Επιστολές προς Εϋνάρδο, Λεοπόλδο του Σαξ Κόμπουργκ και Μιχαήλ Σούτσο
 
Χρονική κάλυψη:1829-1831
 
Άδεια χρήσης:Εταιρεία Κερκυραϊκών Σπουδών
 
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on n’a pas annoncé en même temps aux citoyens qu’ils ont le droit d’y prendre part.

On a renouvelé la promesse de l’emprunt; mais on ne laisse pas même entrevoir que cet emprunt offrira quelques secours au pays qu’il grève d’une nouvelle dette.

Enfin le nouvel état est d’une part soulagé des indemnités que lui imposait le protocole du 22 mars, mais de l’autre l’article de l’amnistie le menace de l’obligation onéreuse de rendre aux Turcs qui voudront rentrer en Grèce leurs propriétés.

Ces dispositions sont exprimées de manière à faire appréhender aux Grecs qu’elles tendent à attaquer de front et à compromettre à la fois les intérêts de toutes les classes: marins, soldats, cultivateurs, employés publics, tous se croient à la veille de perdre jusqu’à l’espoir de se refaire de leurs longues infortunes.

Ce sont ces hommes que je suis condamné à voir, à chaque instant; mon cabinet ne désemplit pas. Je fais tout ce qui dépend de moi pour les tranquilliser. Je tâche de leur démontrer que leurs alarmes sont sans motifs; mais la confiance n’est plus de saison. J’avais ce pressentiment il y a peu de jours, et je me suis fait par conséquent un devoir de supplier Votre Altesse Royale de hâter son arrivée en Grèce. Aujourd’ hui mon pressentiment commence à se réaliser, et ce sont les faits qui me portent, mon prince, à vous réitérer la même prière.

Il y a de mauvais esprits et des intrigants en Grèce comme partout ailleurs; mais ici il y en a plus encore. Des étrangers, qui n’ont cessé depuis longtemps de semer la discorde, continuent aujourd’hui plus que de coutume leurs coupables menées. C’est avec une effronterie qui se donne des airs d’autorité, qu’ils répètent à ceux même qui ne veulent pas les entendre, que si la Grèce est réduite à la frontière de l’Aspropotamos, si Candie et Samos sont rendues aux Turcs, et si les autres clauses du protocole ne sont pas plus conformes à ses vœux légitimes, c’est que l’Europe a dû se garantir des vastes et ambitieuses combinaisons politiques du gouvernement provisoire actuel. Or ce gouvernement provisoire c’est moi, et ces vastes et ambitieuses combinaisons ce sont mes prétendues relations secrètes avec la Russie.

Quelque absurdes et ridicules que soient ces insinuations, elles ne manquent pas cependant de produire une impression funeste. Il n’y a pas de Grec qui n’ait souffert des pertes considérables; il n’y en a pas qui n’espère des dédommagements. Tous ceux donc qui se croient près de porter la peine de la confiance qu’ils ont placée en moi m’accablent de leurs demandes; ils ne voient de salut que dans les concessions que je leur ferai.

Ce n’est pas de quelques individus qu’il s’agit: ce sont les com-

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munautés d’Hydra, de Spetzia et de Psara; c’est l’armée, c’est la milice, ce sont leurs chefs, ce sont enfin toutes les provinces.

Rejeter tout à fait leurs demandes, ce serait légitimer la méfiance de ces hommes, les pousser aux partis extrêmes, et donner lieu au désordre et à l’anarchie. Les accueillir complètement, ce serait faire preuve de faiblesse, encourager d’autres prétentions, et léguer au gouvernement de Votre Altesse Royale des embarras sans cesse renaissants.

Dans une pareille situation, ce ne sont que des termes moyens, combinés de bonne foi et avec quelque sagacité, qui peuvent arrêter le débordement; et jusqu’à ce moment ces termes moyens m’ont réussi. Mais je le déclare avec une respectueuse franchise à Votre Altesse Royale, leur efficacité ne peut durer que pour peu de temps, et elle sera nulle, si la caisse publique ne reçoit des secours pour le mois de mai.

J’avais compté sur les ressources de la banque nationale; mais au lieu des placements que devaient lui procurer les nouvelles garanties offertes aux prêteurs par l’hypothèque des domaines nationaux, elle est tous les jours épuisée par les anciens actionnaires, qui lui demandent la restitution de leurs capitaux, et le gouvernement ne peut pas s’y refuser, sans manquer à la foi publique.

Ce n’est pas tout: les fermiers de l’année dernière doivent encore à l’état des sommes, dont la commission des finances, malgré ses efforts, n’a pu recouvrer jusqu’ici la moindre partie. On peut se rembourser par la vente de leurs biens; mais qui les achètera?

Enfin les revenus des provinces seront-ils affermés cette année avec autant d’avantage qu’ils l’ont été l’année dernière? C’est dans le courant du mois qu’on procédera à cette opération importante, et j’en ignore le résultat. Mais quand même il serait satisfaisant, les nouveaux fermiers seront-ils plus exacts que les anciens? J’en doute.

Telle est la situation critique de la Grèce, de son gouvernement provisoire, et de ses finances. Au moment où j’écris à Votre Altesse Royale, il n’existe dans la caisse qu’environ 600.000 francs, dont 250.000 vont être distribués parmi les marins qui ont des créances sur l’état, et qui demandent quelques avances pour remettre à flot leurs bâtiments. Nous devons vivre le mois d’avril, et préparer le trimestre de l’armée qui échoit le 11 mai, ce qui en d’autres termes veut dire qu’il faut de toute nécessité faire arriver en Grèce pour les premiers jours de mai, au moins 1.000.000 de francs. Si l’évacuation des provinces occidentales doit s’effectuer dans ces entrefaites, il est aussi urgent que d’autres fonds soient mis à la disposition du gouvernement grec.

Par ma lettre particulière du 25 mars/6 avril j’ai fait part à Votre Altesse Royale des considérations majeures qui doivent l’engager à se trouver sur les lieux, pour diriger en personne les opérations difficiles

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de la délimitation. Aujourd’hui d’autres considérations non moins graves, et qui ont trait à la situation intérieure du pays, m’imposent le devoir de vous réitérer, mon prince, avec plus d’instance le même vœu. Jusqu’à son accomplissement je ne négligerai aucun effort, pour maintenir dans les provinces la tranquillité et l’ordre dont elles jouissent maintenant. J’aime à espérer qu’avec l’aide de Dieu j’y réussirai, si toutefois les secours pécuniaires arrivent à temps, et si, comme j’ai pris la liberté de l’énoncer dans ma lettre particulière, Votre Altesse Royale les apporte elle-même.

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ΙΩ. ΚΑΠΟΔΙΣΤΡΙΑΣ ΠΡΟΣ I. Γ. ΕΫΝΑΡΔΟ

Correspondance, τόμος IV, σ. 20 - 22.

[Ο Κυβερνήτης γράφει στον Εϋνάρδο για να τον ενημερώσει για το περιεχόμενο της επιστολής που απηύθυνε στον πρίγκηπα Λεοπόλδο του Σαξ Κοβούργου. Επίσης αναφέρεται και πάλι στα οικονομικά προβλήματα που αντιμετωπίζει.]

Λ M(onsieur) le Chevalier Eynard, à Paris.

Nauplie, 12/24 avril 1830

C’est à la complaisance de M(onsieur) de Rouen que je dois la satisfaction de vous écrire ces lignes par le courrier qu’il expédie à sa cour, avec le résultat de la commission que, conjointement avec ses collègues, il a rempli auprès du gouvernement provisoire grec.

Je ne vous parlerai ni des communications que j’ai reçues de la part des résidents des cours alliées, ni de la réponse que je leur ai donnée. Vous les connaîtrez, et dans tous les cas je vous en enverrai une copie par la première occasion.

L’ensemble des documents que je mets aujourd’hui sous les yeux du prince Léopold méritera, j’espère, son approbation. Je serai bien aise de l’apprendre.

Voici en peu de mots les vœux que je lui exprime. Que S(on) A(ltesse) arrive une heure plus tôt en Grèce, et qu’elle m’envoie, tout au plus tard pour les premiers jours de mai, au moins 1.000.000 de francs. Ce

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n’est qu’à ces deux conditions (et ces conditions sont de rigueur), que je pourrai être de quelque utilité à ce pays et à S(on) A(ltesse) R(oyale), et pour le présent et pour l’avenir.

La volumineuse expédition que je lui adresse lui prouvera que plus je désire justifier sa confiance, et plus je dois lui faire ma profession de foi, et sur la situation critique de ce pays, et sur les moyens que S(on) A(ltesse) R(oyale) peut et doit employer pour en prévenir les funestes conséquences.

Vous devez avoir reçu à cette heure ma lettre du 22 mars/6 avril par le prince de Wrède.

Depuis lors les esprits se sont émus et alarmés, plus des explications données par la note officielle des résidents, que par la teneur du protocole du 3 février. J’ai calmé et je calme tout ce monde, et j’aime à me flatter qu’avec l’aide de Dieu j’aurai encore quelque succès. Mais je le répète, si le prince ne hâte pas son arrivée en Grèce, et que dans ces entrefaites il ne m’envoie pas les secours que je lui demande, je ne lui réponds plus de rien, car nul n’est tenu à l’impossible.

Tâchez, mon cher Eynard, avec votre infatigable activité de faire arriver à temps ces secours. C’est le 11/23 mai que je dois payer le trimestre à l’armée. Jugez quelles seraient les conséquences, si dans ce moment de crise l’armée se voyait dans la nécessité de se débander. Les soldats diraient: Notre terre natale doit rentrer sous la domination des Turcs, et pour nous forcer à y rentrer aussi le gouvernement ne nous paie pas. Ce serait pousser 8.000 hommes au désespoir et au brigandage. Qu’on y prenne garde. J’en ai le cœur serré; mais je ne me décourage pas. Dieu nous aidera.

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IΩ. ΚΑΠΟΔΙΣΤΡΙΑΣ ΠΡΟΣ I. Γ. ΕΫΝΑΡΔΟ

Correspondance, τόμος IV, σ. 23 - 27.

[Ο Καποδίστριας διαβεβαιώνει τον Εϋνάρδο ότι δεν πρέπει να ανησυχεί για τις φήμες που κυκλοφορούν, αφού η κατάσταση δεν έχει ξεφύγει από τον έλεγχό του. Επείγει, ωστόσο, η σύναψη και η αποστολή του δανείου, καθώς και η άφιξη του πρίγκηπα Λεοπόλδου του Σαξ Κοβούργου].

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A M(onsieur) le Chevalier Eynard, à Paris.

Nauplie, 1/13 mai 1830

J’ai sous les yeux, mon cher Eynard, les journaux de France jusqu’au 20 avril. J’y vois que le prince Léopold est arrivé à Paris le 8; mais par les deux bâtiments qui viennent de nous apporter ces gazettes, je n’ai pas reçu une ligne de votre part.

Vous devez avoir entre vos mains la longue lettre que je vous ai écrite par M(onsieur) de Wrède, et celle qui est partie plus tard par un courrier de M(onsieur) de Rouen. Je ne vous répéterai pas leur contenu, mais je le résumerai en deux mots: Que le prince nous envoie le plus tôt possible de l’argent, et qu’il arrive lui-même.

Les personnes qui pensent et parlent des affaires de la Grèce, comme le Courrier de Smyrne et d’autres journaux que je ne désignerai pas, répandent des bruits alarmants sur la situation intérieure du pays. Ils disent que les chemins sont infestés de brigands, et qu’il y a des insurrections dans toutes les provinces. Tout cela est faux. Ce qu’il y a de vrai, c’est que les intrigants continuent plus que jamais leur métier, et qu’ils n’ont réussi jusqu’ici dans aucune de leurs entreprises. J’ose croire qu’ils ne réussiront pas davantage par la suite, du moment que le prince répondra aux longues lettres que j’ai pris la liberté de lui adresser, et qu’il répondra de manière à déjouer tous les petits complots, dont la Grèce peut à la longue devenir la victime.

Je viens de faire une tournée à Poros, à Syra, à Égine, et dans la province de Corinthe; elle n’aura pas été faite sans fruit. Si la diplomatie m’en laisse le temps, j’en ferai sous peu de jours une seconde dans l’intérieur du Péloponèse et j’aime à croire qu’elle sera aussi utile.

Les meneurs étrangers et grecs tâchent de porter le peuple à l’insurrection et à la mutinerie, dans le but unique de prouver au prince que le système actuel est improuvé par la nation, et qu’elle le rejette. Ainsi que je vous l’ai dit, cette poignée de misérables n’a rien pu faire, si ce n’est de mettre à l’épreuve ma vieille expérience, et de m’obliger à redoubler de vigilance et d’activité. Cependant cet état de choses ne peut pas durer, et il est de toute urgence que le prince y mette un terme. Il faut par conséquent qu’il arrive, et qu’il se fasse précéder sans perte de temps par une bonne déclaration. Je me suis expliqué à ce sujet avec S(on) A(ltesse) R(oyale) d’une manière assez claire et positive. Ayant ainsi rempli mon devoir en toute conscience, il ne me reste plus qu’à attendre, et à faire des vœux sincères pour que S(on) A(ltesse) R(oyale) n’aggrave pas involontairement la crise dont ce pays est menacé. Le prince se léguera des embarras qui lui rendront bien pénible la tâche toujours difficile qu’il est appelé à remplir.

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Les stipulations de Londres que le sultan vient d’accepter, doivent enfin être exécutées. Celles qui concernent la délimitation feront naître une foule de complications périlleuses, et ce n’est que le prince qui sur les lieux pourra les prévenir, ou du moins en mitiger les funestes conséquences.

Je n’écris pas à S(on) A(ltesse) R(oyale) par la poste d’aujourd’hui; je ne fais que de descendre de cheval, et je suis entouré de pétitionnaires, de fonctionnaires publics, et de toute sorte de tracasseries.

Je suis aussi dans l’attente des directions, que S(on) A(ltesse) R(oyale) a bien voulu m’annoncer par sa lettre du 16 février. Vous pouvez cependant l’assurer que je ne négligerai aucun moyen ni aucun effort, pour maintenir le pays dans une parfaite tranquillité, et pour le lui faire trouver très-disposé à répondre aux intentions bienfaisantes et paternelles qui animent S(on) A(ltesse) R(oyale). Mais je le répéterai encore une fois, et pour la dernière fois; que S(on) A(ltesse) R(oyale) daigne aussi ne pas me faire attendre au delà du mois de mai les subsides et les réponses que j’ai sollicitées.

J’opère aujourd’hui dans mes dispositions financières, comme si j’avais en caisse les 200.000 francs que vous avez mis à ma disposition, et les 400.000 que S(a) M(ajesté) l’empereur de Russie a déjà accordés éventuellement pour compléter, avec les 600.000 que j’ai touchés, 1.000.000. Jugez de l’importance que j’attache à recevoir une heure plus tôt ces secours. Grâce à mes économies sévères, j’ai encore 200.000 francs des 600.000 que forme le subside du trimestre.

Si l’on m’envoie d’Égine la gazette qui renferme ma réponse à la communication de Messieurs les résidents des cours alliées, je la joindrai ici. Dans le cas contraire vous la recevrez sous peu de jours.

M(onsieur) de Rouen et ses employés m’ont fait comprendre que ma réponse serait mal accueillie. A qui en est la faute? J’ai conjuré Messieurs les résidents de vouloir bien discuter avec moi leur communication. Je leur aurais proposé des termes moyens. Chacun de nous aurait rempli ses devoirs, et le public ne serait nullement instruit de nos débats diplomatiques. Le prince, et par son entremise les cours alliées, auraient pris connaissance des vœux de la Grèce. Ces messieurs ont été inébranlables dans leur marche.

Je vous donne, mon cher Eynard, en passant cette notion préliminaire, pour qu’au cas de besoin vous soyez à même de ne pas laisser dans l’erreur les personnes qui m’honorent de leur bienveillance.

Je finis, parce que la poste doit partir. Je vous recommande de ne pas m’oublier, et de penser que je compte les jours dans l’attente de vos nouvelles.

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IΩ. ΚΑΠΟΔΙΣΤΡΙΑΣ ΠΡΟΣ I. Γ. ΕΫΝΑΡΔΟ

Correspondance, τόμος IV, σ. 33 - 39.

[Ο Καποδίστριας ανησυχεί επειδή δεν έχει ειδήσεις του Εϋνάρδου αλλά ούτε και του Λεοπόλδου του Σαξ Κοβούργου. Αναφέρεται στην προσωρινή διευθέτηση των οικονομικών προβλημάτων της Ελλάδος, αλλά και στις ανησυχίες που προκαλούν νέες αντιπολιτευτικές ενέργειες, τις οποίες αναλύει.]

A M(onsieur) le Chevalier Eynard, à Paris.

Nauplie, 12/24 mai 1830

Je vous envoie, mon cher Eynard, ci-jointe une réponse qui met en ordre notre correspondance d’office.

Je suis toujours dans l’attente de vos lettres et de vos secours. S(on) A(ltesse) R(oyale) me laisse ignorer ses intentions, et ne m’envoie aucun subside. Mes moyens sont épuisés, et les intrigants vont grand train, dans l’espérance de provoquer des troubles et d’amener l’anarchie. Ainsi que je vous l’ai déjà dit, ils n’ont pas réussi et ne réussiront pas dans leurs coupables desseins, aussi longtemps que je pourrai payer régulièrement les marins, les soldats et les employés publics.

A force de persévérance dans le système d’une sévère économie, j’ai pu couvrir la dépense du trimestre qui est échu hier. La caisse a déboursé environ 500.000 francs, et l’armée est payée; mais j’ai dû réduire la liste civile, et les employés ne reçoivent que la moitié de leur traitement en espèces, et l’autre leur est assurée dans trois mois. Malgré cette réduction, chacun reste à son poste, et l’administration continue d’aller passablement bien. Notre état financier encourage les étrangers titrés et non titrés, qui s’obstinent à vouloir se mêler de nos affaires, et cette poignée de Grecs dont ils se sont entourés, pour créer ce que ces messieurs appellent une opposition.

Après avoir échoué deux fois depuis l’année dernière dans le projet de mettre l’armée en pleine insurrection, ils ont essayé, et ils s’efforcent même actuellement, de porter les provinces du Péloponèse à se refuser au paiement des impôts. C’est par les Maïnotes et par les provinces de la Messénie qu’ils ont commencé leurs manœuvres. Heureusement que les Pétro-Bey, et d’autres misérables dont ils se sont servis, sont des instruments usés. Toutefois il a fallu prendre des mesures.

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Le général Schneider a montré dans ces circonstances tout ce que peuvent dans un esprit droit et dans une âme noble les sentiments de l’honneur et du devoir. Aux premiers symptômes de la mutinerie, il m’a offert spontanément la coopération des troupes françaises. Je l’ai prié de les faire parader autour des villages, où des actes d’insubordination avaient eu lieu. Je vous assure que le seul mouvement de ses troupes produira un effet salutaire, et qu’il n’y aura pas besoin d’en faire davantage.

Comme si ces tracasseries ne suffisaient pas, les meneurs se sont tous groupés maintenant à Nauplie, et j’apprends que dans leurs conciliabules d’Égine ils ont arrêté de faire circuler en secret, au moyen de leurs émissaires, un écrit par lequel les signataires adressent leurs remerciements aux Puissances pour l’élection du prince Léopold, et supplient le prince de hâter son arrivée en Grèce.

On m’a parlé de cet acte, et j’ai répondu aux hommes qui en paraissent préoccupés, que la forme en était illégale; que le gouvernement s’était déjà acquitté de ce devoir, soit envers les Puissances alliées, soit envers le prince; et que si les citoyens voulaient de leur côté exprimer leurs sentiments et leurs vœux, pourquoi le feraient-ils en secret et par le moyen d’émissaires, et pourquoi ne s’adresseraient-ils pas au gouvernement? Celui-ci leur aurait offert le moyen de remplir cette tâche d’une manière honorable, en faisant signer l’adresse dans les bureaux des gouverneurs civils ou d’autres fonctionnaires publics dans toutes les provinces.

J’ignore ce qui adviendra de cette nouvelle intrigue. Elle me paraît cependant encouragée et dirigée sous main par une espèce de diplomatie que je ne veux pas qualifier. Ce que je déplore le plus, c’est que la Grèce en portera les conséquences funestes, sans que personne puisse en tirer aucun profit, ni pour le présent ni pour l’avenir.

La haute politique semble redouter les prétentions constitutionnelles des insurgés grecs, dont elle a fait un état indépendant. Elle a improuvé tacitement et le congrès d’Argos et les institutions dont cette assemblée a osé poser les bases. Aussi Messieurs les résidents des cours alliées m’ont-ils souvent entretenu de leurs alarmes, si, pour répondre à leurs communications, je convoquais le congrès. Or d’où vient que ces messsieurs ne s’alarment nullement des adresses signées par des citoyens sans aveu, lesquels prétendent à leur tour représenter la nation et parler en son nom?

Mais il y a plus. Quelques-uns de ces messieurs, en s’entretenant avec moi de ces adresses, non-seulement ne s’en sont point montrés alarmés, mais ils m’ont paru ne pas les désapprouver. A l’un d’eux j’ai exprimé d’un mot seul toute ma pensée à cet égard: «Ce que vous me

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dites, Monsieur le baron, est un trait de lumière; je commence à être sur la voie, et vous m’y mettez».

Jugez, mon cher Eynard, d’après cet aperçu comment ces messieurs et leurs clients préparent le terrain où le prince doit fonder le nouvel état. Ils divisent de plus en plus les Grecs qui composent l’administration actuelle, et ceux qui se sont placés en dehors. Ils créent un simulacre de pouvoir national à côté du pouvoir national réel, et ils prétendent par là choisir les Hellènes avec lesquels le prince Léopold organisera le pays et y affermira l’ordre et la tranquillité.

Toutes ces pauvres combinaisons n’ont qu’un seul but, et quelle que soit ma répugnance, je le signalerai. On veut faire accroire au prince et à l’Europe, que depuis que je m’acquitte de ma pénible tâche, rien n’a été fait que dans l’intérêt d’un parti en non dans l’intérêt de la nation tout entière, et que par conséquent la nation est impatiente de secouer le joug de ma tyrannie, pour jouir réellement de la liberté et des droits que les souverains lui reconnaissent.

Ces pauvres esprits caractérisent ce qu’ils appellent mon parti, de parti russe, et par conséquent ils s’efforcent d’accréditer l’opinion que, si la conférence de Londres a restreint les limites du nouvel état, c’est pour ne pas donner à ce parti une force et une consistance, qui pourraient troubler la paix de l’Europe, mais qu’une fois ce parti chassé des affaires tout s’arrangera, sur le continent et sur la ligne maritime, selon les vœux des Grecs.

D’après ce plan, le prince se hâterait de faire table rase. Il considérerait comme non-avenu tout acte de mon administration. Il fonderait dans d’autres principes son gouve[r]nement, et surtout il se garderait bien d’appeler dans ses conseils ou dans l’exercice des fonctions publiques les hommes qui m’ont aidé dans mes travaux.

C’est avec cette monnaie qu’on paie, jusqu’ici sans succès, quelques coryphées et une nuée d’émissaires qui couvrent le pays. Le fait est que les meneurs étrangers et grecs ont appris avec peine que le prince Léopold comptait sur les services que je pourrais lui rendre. Ils font et feront tout au monde pour me mettre dans l’impossibilité de m’acquitter de ce devoir envers la Grèce et envers S(on) A(ltesse) B(oyale) elle-même.

Je n’entretiens pas de ces détails le prince; mais je le ferai du moment que S(on) A(ltesse) R(oyale) me témoignera le désir d’être informé par moi de ce qui se passe ici. Comme je vous l’ai écrit, le prince m’a annoncé par sa lettre du mois de février qu’il allait m’écrire longuement. Je suis toujours dans l’attente des directions qu’il a bien voulu me promettre. Je lui ai adressé quatre volumineuses lettres. Je n’ai plus qu’à attendre ses ordres. Jusque-là veuillez vous-même, mon cher Eynard, faire part à S(on) A(ltesse) R(oyale) de la présente.

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La Porte a accédé au protocole; mais rien ne paraît arrêté encore quant au mode d’exécution. Je fais des vœux bien sincères pour que les négociations se prolongent jusqu’à ce que le prince lui-même soit sur les lieux. Il dirigera alors les opérations relatives à tous ces arrangements; et ces arragements s’éxécuteront, sans que de nouvelles complications compromettent encore une fois les grands intérêts qu’on a voulu concilier par les transactions de Londres. Je ne cesserai pas de répéter ma profession de foi à cet égard, et puis il en sera ce qu’il plaira au bon Dieu.

Je suis de retour ici depuis quelques jours. Si je puis me débarrasser du courant des affaires, je continuerai ma tournée dans les provinces du Péloponèse. Le Courrier anglais dira que c’est pour achever les coups d’état dont il m’accuse.

Que ces braves gens sont mal informés! J’ai vu les articles par lesquels le Courrier français a répondu. Je joins ici les journaux qui renferment les actes sur lesquels porte l’accusation. Vous verrez s’il s’est agi de faire minuter une constitution au sénat, ou des mesures qui entravent l’exécution des vues des cours alliées. D’ailleurs les travaux dont le sénat doit s’occuper sont prescrits par les décrets du congrès d’Argos, et ces décrets datent du mois de juillet de l’année dernière, et non du mois de février de cette année.

Les articles cependant du Courrier anglais sont remarquables, et il est bon d’en prendre acte, parce qu’ils jettent un grand jour sur les menées dont je viens de vous donner un aperçu.

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ΙΩ. ΚΑΠΟΔΙΣΤΡΙΑΣ ΠΡΟΣ ΛΕΟΠΟΛΔΟ ΤΟΥ ΣΑΞ ΚΟΒΟΥΡΓΟΥ

Correspondance, τόμος IV, σ. 45 - 47.

[Ο Κυβερνήτης επαναλαμβάνει στον πρίγκηπα Λεοπόλδο ότι είναι απαραίτητο να επισπεύσει την αποστολή του δανείου και την άφιξή του στην Ελλάδα.]

A S(on) A(ltesse) R(oyale) le Prince Léopold.

Nauplie, 24 mai/5 juin 1830

Ce n’est qu’aujourd’hui que je reçois la lettre du 22 avril, dont Votre Altesse Royale a bien voulu m’honorer.

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Celles de M(onsieur) Eynard qui l’accompagnent portent la date du 30, et m’annoncent que la grande affaire de l’emprunt a été enfin décidée selon les vues sages et bienfaisantes de Votre Altesse Royale. M(onsieur) Eynard m’envoie aussi 154.000 francs, et j’aurai par conséquent de quoi pourvoir aux besoins les plus pressants de l’administration pour quelques jours encore.

Si Votre Altesse Royale a reçu toutes les lettres que j’ai pris la liberté de lui adresser, en date du 6 et du 22 avril et du 24 mai, elle aura accueilli, j’espère, les vœux que je lui ai exprimés sur la nécessité d’envoyer de prompts secours, ainsi que de hâter, mon prince, votre arrivée en Grèce.

Cette nécessité devient tous les jours plus urgente, et Votre Altesse en aura la preuve en jetant les yeux sur les documents ci-joints.

Je déplore les menées odieuses, par lesquelles on s’efforce de présenter sous un jour défavorable l’état intérieur de la Grèce. Néanmoins il est assez satisfaisant, et Votre Altesse en aura la conviction, lorsqu’elle sera sur les lieux.

Dans mes lettres particulières j’ai exprimé avec une entière franchise à Votre Altesse Royale mon opinion respectueuse sur la confiance que la nation place, mon prince, dans les nobles intentions que vous avez manifestées par votre lettre du 28 février, et que celle à laquelle je réponds confirme, s’il se peut, d’une manière encore plus rassurante.

Je suis dans l’attente des ordres de Votre Altesse, pour connaître l’époque et le lieu de son embarquement. Les bâtiments grecs qui viendraient à sa rencontre sont prêts.

Je me réserve sous peu de jours de vous entretenir plus en détail, mon prince, des intérêts de ce pays qui doivent fixer avant tout l’attention et la sollicitude de Votre Altesse Royale.

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ΙΩ. ΚΑΠΟΔΙΣΤΡΙΑΣ ΠΡΟΣ I. ΕΫΝΑΡΔΟ

Correspondance, τόμος IV, σ. 47-48.

[Ο Καποδίστριας πρόκειται να διαθέσει το ποσό των 154.860 φράγκων που στέλνει ο Εϋνάρδος για να αντιμετωπίσει τις επείγουσες ανάγκες της δημόσιας διοίκησης. Υπολογίζει ότι για την εκπαίδευση και τη γεωργία θα μπορέσει να διαθέσει ίσο ποσό όταν θα φθάσει το δάνειο.]

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A M(onsieur) le Chevalier Eynard, à Paris.

Nauplie, 24 mai/5 juin 1830

Vos lettres, mon cher Eynard, du 23 et du 30 avril ne me sont arrivées qu’aujourd’hui. Vous voyez que notre correspondance ne va pas au gré de nos vœux. Il faut prendre patience et passer par là.

Vos 154.860 francs arrivent à point, car il n’y avait plus dans la caisse que quelques centaines de talaris. Je m’en servirai par conséquent pour les besoins de l’administration, sauf à destiner plus tard aux écoles et à l’agriculture une somme égale, que je prendrai sur le secours de 1.200.000 francs que vous avez sollicité de la conférence de Londres, et que je vous recommande très-instamment de me faire parvenir le plus tôt possible.

C’est depuis le 7 mars aujourd’hui la première fois que je reçois de vos nouvelles. Veuillez par la suite me dédommager de ce long silence.

Je joins ici une lettre pour S(on) A(ltesse) R(oyale) que je vous prie de lui transmettre.

Je n’ai pas d’expression, mon cher Eynard, pour vous remercier de toutes les preuves d’intérêt que vous donnez à ce pays.

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ΙΩ. ΚΑΠΟΔΙΣΤΡΙΑΣ ΠΡΟΣ ΛΕΟΠΟΛΔΟ ΤΟΥ ΣΑΞ ΚΟΒΟΥΡΓΟΥ

Correspondance, τόμος IV, σ. 48-52.

[Ο Κυβερνήτης ενημερώνει τον πρίγκηπα Λεοπόλδο για τα οικονομικά προβλήματα της χώρας, τα οποία επιτείνονται από τις αντιπολιτευτικές κινήσεις που πληθαίνουν συνεχώς. Σύμφωνα με τις απόψεις του Καποδίστρια, οι ενέργειες των αντιπολιτευομένων κύκλων έχουν για στόχο να αναγκάσουν τον Κυβερνήτη να εγκαταλείψει την Ελλάδα. Τέλος, επαναλαμβάνει ότι είναι απαραίτητο να επισπευσθεί η δανειοδότηση της χώρας και η ανάληψη της εξουσίας από τον πρίγκηπα Λεοπόλδο.]

A S(on) A(ltesse) R(oyale) le Prince Léopold.

Nauplie, 30 mai/11 juin 1830

Je prends la liberté de joindre ici les duplicata des deux lettres que j’ai eu l’honneur d’adresser à Votre Altesse Royale en date du 12/24 mai et du 24 mai/6 juin.

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Par cette dernière je me suis réservé, mon prince, de vous entretenir avec quelque détail de la situation difficile et critique où se trouve ce pays. Je m’acquitte aujourd’hui de ce devoir, en profitant d’un bâtiment de guerre russe qui se rend à Naples. Monsieur le comte de Panin a l’obligeance de me faire espérer que mon paquet arrivera promptement et sûrement entre les mains de Votre Altesse Royale.

Les subsides accordés par L(eurs) M(ajestés) l’empereur de Russie et le roi France couvrent notre déficit jusqu’à la fin du mois de mars. Avec ces fonds j’ai néanmoins pu faire payer le trimestre de la solde à l’armée, et fournir aux dépenses de tous les services, jusqu’au moment où la générosité de M(onsieur) Eynard est venue me procurer les moyens de soutenir encore pour quelques jours l’administration. Je viens de recevoir de sa part environ 150.000 francs; mais cette somme est déjà presque épuisée. Les revenus de l’état nous offriraient des ressources; mais elles sont incertaines, à raison des efforts que les intrigants ne cessent de faire pour paralyser le gouvernement. Ces hommes de malheur sont encouragés, et aujourd’hui ils se montrent avec une effronterie qui serait redoutable, si le peuple ne les connaissait déjà. Cependant les moyens de séduction dont ils se servent peuvent à la longue avoir du succès, surtout si le gouvernement n’est pas mis en mesures de payer régulièrement l’armée et les employés.

La bande des meneurs se compose de quelques étrangers, qui faute de jugement et de bonne conduite ont échoué dans tout ce qu’ils ont cru pouvoir entreprendre dans ce pays. Elle se compose aussi d’une poignée de Grecs, auxquels une mauvaise conscience impose la nécessité de chercher hors de la nation l’influence et le crédit, qu’ils ont perdus dans l’opinion de la grande masse de leurs concitoyens.

Tant que leurs moyens d’action se réduisaient aux diatribes du journal de Smyrne, les conséquences n’en pouvaient nullement devenir funestes à ce pays; et alors je n’ai jamais pensé qu’il convînt à la dignité du gouvernement de descendre dans une arène semblable pour les combattre. Mais depuis que les actes de Londres nous ont été communiqués, et que Votre Altesse Royale a daigné m’écrire sa lettre du 16/28 février, ils ont multiplié leurs attaques, non-seulement dans le journal de Smyrne, mais ils ont commencé à agir directement sur toutes les classes. Ils leur prêchent des doctrines qui feraient fortune, si le peuple avait moins de bon sens et de sagacité.

Ils disent aux Rouméliotes : «Secouez le joug d’un gouvernement qui vous livre aux Turcs. Prenez les armes; appelez un homme fort et habile à votre tête, et montrez-vous décidés à périr plutôt que de vous soumettre ou de quitter vos foyers».

Aux employés: «Pourquoi renoncez-vous à l’avenir que vous pro-

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met un nouvel ordre de choses? Vous servez le président: donc vous serez écartés, proscrits».

Aux marins: «Demandez les indemnités que vous doit l’état. Le président a reçu des sommes considérables; il les emploie à bâtir des palais, et à soudoyer des émissaires».

Aux laboureurs: «Pourquoi payez-vous les impôts? Le prince vous en délivrera pour quelques années, afin de vous donner les moyens de vous refaire. C’est pour cela qu’il n’arrivera en Grèce qu’avec des millions».

Aux anciens clephtes: «Délivrez-vous une heure plus tôt du gouvernement actuel. Prouvez qu’il n’a plus d’autorité sur vous; faites votre ancien métier: dépouillez les voyageurs».

J’ ai fait procéder à une enquête, et elle m’a fourni jusqu’ici plusieurs notions, qui ne me laissent pas de doute sur le but auquel tendent toutes ces machinations. Ce but, ainsi que je l’ai fait observer à Votre Altesse Royale, est toujours le même. On veut me forcer à quitter mon poste avant même l’arrivée de Votre Altesse Royale, ou du moins rendre impossible la continuation de mon séjour en Grèce, lorsque vous aurez, mon prince, pris la direction des affaires. Ma présence et les témoignages que je puis donner sur les choses et sur les personnes, feraient peut-être envisager à Votre Altesse Royale l’état intérieur de ce pays d’une manière peu favorable aux combinaisons et aux espérances de cette poignée d’intrigants.

Si Votre Altesse Royale m’honore de sa confiance, et si elle ne doute pas de la vérité des faits dont je viens de l’entretenir, elle jugera encore une fois combien sont fondés les motifs qui me portent à la supplier de se rendre une heure plus tôt en Grèce. Si toutefois des considérations d’un ordre supérieur vous forçaient, mon prince, à différer pour quelque temps encore votre départ, veuillez au moins me transmettre un acte qui, en proclamant vos intentions, servira plus que toute autre mesure à déjouer de coupables manœuvres, et à préserver ce pays du désordre.

Je ne fatiguerai pas Votre Altesse Royale, en lui démontrant l’urgence des secours que j’ai sollicités. J’aime à espérer que, grâce à votre bienveillante intercession, mon prince, la démarche de M(onsieur) Eynard auprès de la conférence de Londres aura obtenu à cette heure un plein succès.

La circulaire que j’ai adressée à tous les gouverneurs civils de l’état produira un effet salutaire. Toutes les provinces exprimeront maintenant dans des formes légales des vœux qui ne peuvent être qu’agréables à Votre Altesse Royale.

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ΙΩ. ΚΑΠΟΔΙΣΤΡΙΑΣ ΠΡΟΣ I. Γ. ΕΫΝΑΡΔΟ

Correspondance, τόμος IV, σ. 63-67.

[Ο Καποδίστριας ανακοινώνει στον Εϋνάρδο, ότι πρόκειται σύντομα να παραλάβει τη νέα οικονομική βοήθεια που έστειλε ο τελευταίος και η οποία φθάνει σε πολύ κατάλληλη στιγμή, γιατί η είδηση ότι ο πρίγκηπας Λεοπόλδος του Σαξ Κοβούργου παραιτήθηκε από την υποψηφιότητά του για τον Ελληνικό θρόνο προκαλεί σημαντικά προβλήματα. Ανακεφαλαιώνοντας τις προϋποθέσεις κάτω από τις οποίες και μόνον μπορεί να διατηρηθεί η τάξη στην Ελλάδα, παρακαλεί τον Εϋνάρδο να συνεχίσει τις προσπάθειές του για τη σύναψη του δανείου].

A M(onsieur) le Chevalier Eynard, à Paris.

Nauplie, 20 juin/2 juillet 1830

Vos dernières lettres, mon cher Eynard, sont de la date du 30 avril. Depuis lors plusieurs bâtiments français sont arrivés à Modon. Tout le monde a reçu des lettres et des journaux jusqu’à la date du 30 mai. L’un de ces bâtiments, à ce que vient de m’écrire M(onsieur) le général Schneider et de me confirmer l’amiral de Rigny, m’apporte 300.000 francs de votre part. Manquant d’informations relativement à ce secours, je le recevrai comme un bienfait de la Providence, et j’attendrai sans inquiétude que vos lettres me l’expliquent.

Celles que je vous ai adressées précédemment par duplicata, et la nouvelle de l’abdication du prince Léopold, que je ne connais que par les gazettes, vous donnent la mesure de la crise que subit dans ce moment la Grèce. Avec l’aide de Dieu elle en sortira honorablement, du moins je l’espère, si vous continuez à l’aider.

Les intrigants qui ont comploté pour adresser sous le voile du mystère l’expression de leurs vœux au prince Léopold, ont été complètement déjoués par ma circulaire, et par les adresses légales et publiques que toutes les provinces m’ont envoyées, dans le noble but de témoigner aux Puissances alliées leur reconnaissance, et au prince Léopold les espérances que leur ont fait concevoir les sentiments généreux qui l’animent en faveur de sa nouvelle patrie. C’est au moment où je comptais publier par les journaux ces adresses, c’est lorsque j’allais les envoyer en original à S(on) A(ltesse) R(oyale) que j’apprends son abdication.

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Ces documents restent en dépôt aux archives, et le temps me dira quel est l’usage que je pourrai en faire.

La communication qui notifie aux cours alliées l’abdication de S(on) A(ltesse) R(oyale) n’articule aucune des observations que j’ai pris la liberté de faire au prince, afin de l’engager à se rendre sans retard sur les lieux. La première partie de mes dépêches et de mes lettres particulières lui rendait compte avec loyauté et franchise des difficultés. La seconde lui proposait le moyen de les aplanir; et ce moyen, je le répète encore, dans l’état actuel des choses ne peut plus se trouver qu’entre les mains du nouveau gouvernement de la Grèce, c’est-à-dire entre celles de S(on) A(ltesse) R(oyale), si elle n’avait pas renoncé, ou de tout autre qui acceptera la souveraineté de ce pays.

Les intrigants se gardent bien de croire à la sincérité de mon opinion sur cette grande question. Ils s’efforcent au contraire de la rendre suspecte, et les agents de je ne sais pas trop quelle Puissance étrangère, les ont encouragés, et les encouragent aujourd’hui plus que jamais, à redoubler d’activité dans des menées odieuses. Ces menées ont pour but de faire considérer ma réponse officielle, ainsi que les observations du sénat et mes dépêches au prince Léopold, comme autant de moyens dont je me suis servi pour porter le prince à abdiquer, et par conséquent pour ne pas quitter mon fauteuil de président. Que Dieu le leur pardonne !

Jusque-là cependant il faut maintenir l’ordre et prévenir l’anarchie, à laquelle les intrigants grecs et étrangers poussent cette malheureuse nation.

Ainsi que je vous l’ai dit, ils n’ont pas réussi, et j’aime à me flatter qu’ils ne réussiront pas non plus par la suite; mais pour cela il faut:

1o. Que les cours alliées ne tardent pas à donner à la Grèce un souverain.

2o. Que le secours de 1.200.000 francs soit envoyé dans le courant de juillet, ou tout au plus tard dans le mois d’août.

3o. Que les agents des cours alliées en Grèce reçoivent l’ordre de déclarer les intentions de leurs souverains relativement au gouvernement de la Grèce, jusqu’à ce que le nouveau souverain soit élu et prenne possession de la souveraineté.

A ces conditions je réponds de la tranquillité du pays, et je ne me refuserai pas à continuer ma pénible tâche. Dans le cas contraire je ne réponds de rien.

J’étais à ce point de la présente, lorsque enfin je reçois vos lettres du 24 et du 25 mai. Je vous en accuse aujourd’hui la réception par la voie ordinaire de la poste. Vos lettres sont restées au moins dix jours entre les mains du commandant de la Diligente. Il se peut que ce ne

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soit qu’une négligence de sa part, mais elle est bien malheureuse; et comme ces accidents se renouvellent presque à chaque courrier qui arrive de France, je dois vous réitérer la prière de m’adresser vos lettres par la voie du commerce, ou par Marseille, ou par l’Italie.

Dieu vous rendra, mon cher Eynard, le bien que vous faites à ce pays. Vos 340.000 francs me mettent hors d’embarras et d’angoisse pour le mois de juin et peut-être aussi pour le mois de juillet.

Persévérez dans vos démarches, et faites en sorte que les secours que vous avez sollicités arrivent; mais je le répète, qu’ils ne tardent pas au delà de quelques jours du mois d’août.

Je vais m’occuper de l’idée que vous m’annoncez. Il n’est pas aussi facile que vous le pensez de porter le sénat ou les provinces à prendre l’initiative sur le choix du souverain. Cependant je tâcherai de tirer parti des adresses que les provinces viennent de m’envoyer. Je verrai quelle est la communication que je pourrai faire, pour bâter les décisions définitives des cours alliées.

Sans doute les deux candidats qui paraissent en première ligne, c’est-à-dire le prince Frédéric des Pays-Bas et un prince de Bavière, doivent également réunir les suffrages de la Grèce. L’un est déjà trèsavantageusement connu dans ses états, et par la place éminente qu’il occupe, et par les immenses services qu’il a rendus à la Hollande. L’autre a pour lui la reconnaissance qu’inspirent aux Grecs les bienfaits et l’intérêt bienveillant que leur a prodigués le roi de Bavière. Je verrai sous peu de jours si je puis adresser sur ces grandes questions un mémoire aux cours alliées. En attendant, je vous autorise à vous servir du peu de mots que je vous adresse à cet égard, là où vous jugerez le plus utile.

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ΙΩ. ΚΑΠΟΔΙΣΤΡΙΑΣ ΠΡΟΣ I. Γ. ΕΫΝΑΡΔΟ

Correspondance, τόμος IV, σ. 67 - 69.

[Ο Καποδίστριας ενημερώνει τον Εϋνάρδο για τις αντιδράσεις που προκαλεί στο εσωτερικό της χώρας η παραίτηση του πρίγκηπα Λεοπόλδου του

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Σαξ Κοβούργου και αναφέρεται στις ενέργειες στις οποίες προτίθεται να προβεί.]

A M(onsieur) le Chevalier Eynard, à Paris.

Nauplie, 21 juin/3 juillet 1830

J’ai déjà répondu, mon cher Eynard, à vos lettres du 24 et du 25 mai, et je vous ai adressé mes actions de grâces pour le secours de 340.000 francs que la Grèce doit à votre persévérante sollicitude. Dieu vous rendra le bien que vous lui faites.

Je profite aujourd’hui de l’obligeance de M(onsieur) l’amiral de Rigny. Il a la bonté de m’avertir que le courrier qu’il expédie se chargera de la présente, et je la place sous les auspices de M(onsieur) Litardi.

Je ne vous répéterai pas les raisons qui me portent à faire des vœux bien sincères et bien ardents, pour que les cours alliées ne tardent plus à procéder au choix du nouveau souverain, et à faire connaître aussi à la Grèce leurs intentions.

Il y aura nécessairement un intervalle entre le choix du souverain, son acceptation, et son arrivée en Grèce. Durant ce temps de crise, il est d’un grand intérêt que le pays reste tranquille, et que les Puissances puissent y exécuter leurs décisions, si la Porte n’élève pas de difficultés à cause de l’abdication du prince Léopold.

Ce qui aurait été sans doute moins embarrassant et plus heureux sous ce rapport, c’eût été que le prince Léopold n’eût pas renoncé. J’ ignore quelle est l’impression que lui laisseront les lettres que je lui ai adressées durant les mois de mai et de juin. Si des motifs d’une autre nature ont engagé S(on) A(ltesse) R(oyale) à résigner, mes lettres ne produiront aucun effet. Dans le cas contraire, elles le porteront peutêtre à revenir de sa résolution et à accepter encore une fois. Quoi qu’il en soit, je vous supplie d’insister sur les observations et sur les demandes que vous avez faites à Messieurs les ambassadeurs des Puissances.

Nous sommes ici travaillés par les intrigants de tout genre. Vous connaissez l’affaire des adresses au prince Léopold. Aujourd’hui il est question d’une nouvelle adresse que cette poignée de soi-disant mécontents enverrait à la conférence de Londres, afin de solliciter l’élection d’un souverain. On m’a fait plusieurs rapports sur cette nouvelle intrigue, et j’ai donné la même réponse. J’ai dit et répété qu’une démarche semblable ne peut avoir un effet utile qu’autant qu’elle sera faite dans des formes légales et avec la sanction du gouvernement.

Les diplomates qui sont accrédités auprès du gouvernement actuel m’ont parlé de ces menées. Je leur dis: «Laissez faire, Messieurs, ces

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gens-là; mais laissez-les faire tout seuls. Qu’en arrivera-t-il? De deux choses l’une. Ou les cours alliées reconnaîtront cette poignée d’hommes comme les véritables et légitimes représentants de la nation, ou non. Dans le premier cas, c’est de ces hommes que je formerai la régence; ainsi délivré de mon énorme fardeau, je serai heureux. Dans le second cas, ces hommes de malheur seront considérés pour ce qu’ils sont, et la Grèce en sera enfin délivrée».

Hier en discutant amicalement cette thèse avec M(onsieur) l’amiral de Rigny, je lui ai démontré avec une évidence incontestable que je ne redoutais pas ces menées ni leurs résultats; que si les Puissances voulaient mettre encore une fois à l’épreuve ces prétendus patriotes de la Grèce, elles n’auraient qu’à leur confier, ne fût-ce que pour quelques jours, la direction des affaires de cette malheureuse nation; qu’en mon particulier je me retirerais, et que les faits caractériseraient mieux que je ne veux le faire et ces hommes et leurs œuvres. Monsieur l’amiral a paru d’accord avec moi. Il est bon que vous soyez au courant de tout ceci.

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ΙΩ. ΚΑΠΟΔΙΣΤΡΙΑΣ ΠΡΟΣΛΕΟΠΟΛΔΟ ΤΟΥ ΣΑΞ ΚΟΒΟΥΡΓΟΥ

Correspondance, τόμος IV, σ. 79 - 85.

[Ο Καποδίστριας ανακεφαλαιώνει τη στάση του απέναντι στον πρίγκηπα Λεοπόλδο του Σαξ Κοβούργου και επισημαίνει ότι τόσο ο ίδιος όσο και ο ελληνικός λαός περίμεναν πολλά από την εκλογή του στο θρόνο της Ελλάδος.]

A S(on) A(ltesse) R(oyale) le Prince Léopold.

Nauplie, 14/26 juillet 1830

Les documents qui accompagnaient la lettre dont Votre Altesse Royale a bien voulu m’honorer en date du 1er juin étaient déjà parvenus à la connaissance de la Grèce par la voie des journaux.

Si, comme je l’espère, Votre Altesse Royale a reçu les dépêches

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que j’ai pris la liberté de lui écrire dans le courant du mois de mai, elle aura jugé des motifs qui me portaient à solliciter Votre Altesse Royale avec tant d’instance de hâter son arrivée en Grèce.

Ma lettre du 30 mai/11 juin vous donnait, mon prince, les informations les plus détaillées sur l’état intérieur du pays. Elle vous rendait compte des mesures que j’avais prises pour éclairer les provinces sur d’odieuses intrigues. J’avais mis sous les yeux de Votre Altesse la circulaire du 24 mai/5 juin, et je lui avais annoncé en même temps que je ne doutais pas de ses résultats.

Je n’ai pas été déçu dans mon attente. Toutes les provinces ont exprimé dans des adresses légalement faites la gratitude dont elles étaient pénétrées pour les bienfaits des cours alliées, et la confiance sans bornes qu’elles étaient heureuses de placer dans vos nobles intentions. Toutes d’une voix unanime suppliaient Votre Altesse de hâter le moment de son arrivée, car elles reconnaissaient qu’il était désormais réservé au prince souverain, investi de la confiance des cours alliées, d’accomplir les destinées de la Grèce.

J’allais transmettre à Votre Altesse l’expression de ces sentiments et de ces vœux, lorsque la publication des notes du 15 et du 21 mai vint frapper les Hellènes d’étonnement et de douleur.

Que Votre Altesse Royale me permette de fixer encore une fois son attention sur la marche que le gouvernement a dû suivre pour s’acquitter de ses devoirs envers le pays, et pour répondre en même temps à la confiance des cours alliées et à celle de Votre Altesse Royale.

Je le répéterai, mon prince: il aurait cru mal remplir cette double tâche, s’il n’avait pas soumis aux augustes fondateurs du nouvel état et à Votre Altesse ses observations respectueuses, tant sur quelquesunes des dispositions du protocole du 3 février, que sur le mode d’après lequel il lui avait été notifié; mais en même temps il appréciait trop l’étendue des obligations qu’imposait à la Grèce cet acte qui lui garantit le plus grand bienfait, celui d’une indépendance complète, pour ne pas se laisser guider dans sa réponse officielle aux résidents des cours alliées par la seule impulsion de sa reconnaissance.

Daignez, mon prince, jeter les yeux sur ce document, et vous en aurez, j’espère, la conviction.

Le gouvernement grec y déclarait qu’il exécuterait les clauses du protocole, lorsqu’il en serait requis; et que, puisqu’il restait encore à la Grèce des vœux à former, des espérances à nourrir, c’était dans le sein de Votre Altesse Royale qu’elle les déposerait.

Ces vœux et ces espérances, le sénat les a consignés dans son mémoire; et par ma correspondance particulière je me suis borné à donner à Votre Altesse toutes les notions qui pouvaient la mettre à même d’en porter

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    on n’a pas annoncé en même temps aux citoyens qu’ils ont le droit d’y prendre part.

    On a renouvelé la promesse de l’emprunt; mais on ne laisse pas même entrevoir que cet emprunt offrira quelques secours au pays qu’il grève d’une nouvelle dette.

    Enfin le nouvel état est d’une part soulagé des indemnités que lui imposait le protocole du 22 mars, mais de l’autre l’article de l’amnistie le menace de l’obligation onéreuse de rendre aux Turcs qui voudront rentrer en Grèce leurs propriétés.

    Ces dispositions sont exprimées de manière à faire appréhender aux Grecs qu’elles tendent à attaquer de front et à compromettre à la fois les intérêts de toutes les classes: marins, soldats, cultivateurs, employés publics, tous se croient à la veille de perdre jusqu’à l’espoir de se refaire de leurs longues infortunes.

    Ce sont ces hommes que je suis condamné à voir, à chaque instant; mon cabinet ne désemplit pas. Je fais tout ce qui dépend de moi pour les tranquilliser. Je tâche de leur démontrer que leurs alarmes sont sans motifs; mais la confiance n’est plus de saison. J’avais ce pressentiment il y a peu de jours, et je me suis fait par conséquent un devoir de supplier Votre Altesse Royale de hâter son arrivée en Grèce. Aujourd’ hui mon pressentiment commence à se réaliser, et ce sont les faits qui me portent, mon prince, à vous réitérer la même prière.

    Il y a de mauvais esprits et des intrigants en Grèce comme partout ailleurs; mais ici il y en a plus encore. Des étrangers, qui n’ont cessé depuis longtemps de semer la discorde, continuent aujourd’hui plus que de coutume leurs coupables menées. C’est avec une effronterie qui se donne des airs d’autorité, qu’ils répètent à ceux même qui ne veulent pas les entendre, que si la Grèce est réduite à la frontière de l’Aspropotamos, si Candie et Samos sont rendues aux Turcs, et si les autres clauses du protocole ne sont pas plus conformes à ses vœux légitimes, c’est que l’Europe a dû se garantir des vastes et ambitieuses combinaisons politiques du gouvernement provisoire actuel. Or ce gouvernement provisoire c’est moi, et ces vastes et ambitieuses combinaisons ce sont mes prétendues relations secrètes avec la Russie.

    Quelque absurdes et ridicules que soient ces insinuations, elles ne manquent pas cependant de produire une impression funeste. Il n’y a pas de Grec qui n’ait souffert des pertes considérables; il n’y en a pas qui n’espère des dédommagements. Tous ceux donc qui se croient près de porter la peine de la confiance qu’ils ont placée en moi m’accablent de leurs demandes; ils ne voient de salut que dans les concessions que je leur ferai.

    Ce n’est pas de quelques individus qu’il s’agit: ce sont les com-