Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Ι΄

Τίτλος:Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Ι΄
 
Τόπος έκδοσης:Κέρκυρα
 
Εκδότης:Εταιρεία Κερκυραϊκών Σπουδών
 
Συντελεστές:Δήμητρα Πικραμένου-Βάρφη
 
Έτος έκδοσης:1983
 
Σελίδες:324
 
Θέμα:Επιστολές προς Εϋνάρδο, Λεοπόλδο του Σαξ Κόμπουργκ και Μιχαήλ Σούτσο
 
Χρονική κάλυψη:1829-1831
 
Άδεια χρήσης:Εταιρεία Κερκυραϊκών Σπουδών
 
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Εμφανείς σελίδες: 201-220 από: 323
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Tous mes efforts se réduisent aujourd’hui à maintenir le statu quo, au moins jusqu’à l’arrivée des réponses qu’on attend de France et d’Angleterre, et qu’on lui fait espérer favorables à l’accomplissement de ses desseins. Ce statu quo n’est rien moins qu’inoffensif pour la nation. Les bâtiments hydriotes oppriment et ravagent l’Archipel, fomentent les troubles et la guerre civile dans le Magne, coupent enfin, autant qu’ils le peuvent, les communications maritimes du gouvernement avec différents points de l’état.

Plus cette crise se prolonge, et plus le gouvernement est dans la douloureuse nécessité d’armer les citoyens pour la défense de leurs propres foyers. Tout ceci se passe au moment où je n’ai, comme je vous l’ai marqué itérativement, ni fonds en caisse, ni subsides, ni crédit, ni l’espoir d’obtenir des uns ni de l’autre. Néanmoins nous nous défendons, et la révolution ne fait pas de progrès. Si elle n’était pas encouragée, elle ferait des pas rétrogrades sur le terrain étroit qu’elle a choisi pour le centre de ses folles et criminelles entreprises.

Dans cet état de choses, M(onsieur) Gordon de retour de son ambassade à Constantinople est arrivé à Nauplie après avoir visité Athènes. J’ai l’honneur de connaître M(onsieur) Gordon depuis longtemps, ayant été en relations d’affaires avec lui à Vienne, à Carlsbad, à Laybach et ailleurs. Nous nous sommes donc entretenus longuement à cœur ouvert sur la déplorable situation de la Grèce. Je lui ai fait part avec un entier abandon des observations que j’avais pris la liberté d’adresser à Milord Palmerston, et de celles que j’ai consignées dans le mémoire destiné à la conférence de Londres.

M(onsieur) Gordon semble avoir jugé des hommes et des choses comme un personnage de sa sphère le doit, et les vœux qu’il m’a témoignés le prouvent. Il a désiré contribuer à rétablir en quelque sorte la confiance entre les représentants des cours alliées, les commandants des stations et le gouvernement, et leur faire adopter d’un commun accord des mesures au moyen desquelles on puisse arrêter dans leur source les menées révolutionnaires, au moins jusqu’à ce que la conférence de Londres se prononce ou que le congrès national soit assemblé.

Je ne vous répéterai pas les longs entretiens que j’ai eus avec Monsieur) Gordon. Vous en aurez une première idée dans la copie ci-jointe d’un billet que m’a écrit hier matin M(onsieur) le baron Rukmann, et dans la courte réponse que je lui ai faite.

Le courrier de ce jour partira avant que la négociation dont Monsieur) Gordon a eu l’extrême bonté d’être l’intermédiaire ait un dénouement. Ce que je puis vous dire cependant d’avance, c’est qu’elle ne peut avoir de suite, que pour autant que le gouvernement s’assurera que les Hydriotes sont mis dans l’impossibilité matérielle et morale de continuer

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leurs pratiques hostiles contre le gouvernement et les provinces de l’état, tant dans l’Archipel que dans le Péloponèse et dans la Grèce continentale.

Ils seront dans l’impossibilité matérielle, lorsque les commandants des stations alliées leur auront enlevé les moyens de faire sortir du port d’Hydra des bâtiments armés, ou lorsqu’ils n’auront plus en main des gages qui leur donnent une pleine et entière sécurité à cet égard.

Ils seront dans l’impossibilité morale, lorsqu’en prenant ces mesures on procédera dans des formes qui puissent convaincre les hommes de la révolution et tous les Hellènes de la haute improbation dont les représentants des cours alliées frappent les projets insensés et coupables, qui menacent des suites de l’anarchie ce malheureux pays.

Hors de là, tout ce qu’on ferait dans un système de prétendue conciliation aggraverait le mal, et rendrait peut-être inefficace plus tard l’action salutaire d’un prompt remède.

Ma conviction est à cet égard aussi profonde qu’invariable; Monsieur) Gordon paraît ne pas en douter. Nous allons voir ce qui en résultera; mais je ne m’attends à rien de bien satisfaisant, et la raison en est que Messieurs les résidents et Messieurs les commandants se sont trop avancés avec les coryphées de notre essai révolutionnaire.

Ils ont pensé, et ils pensent encore, que le peu d’hommes dont ils se sont laissés entourer depuis deux ans, représentent la nation. Ils ont accordé à ces hommes pleine confiance. Ils ont répété peut-être à leurs cours les informations qu’ils leur ont données. Messieurs les résidents et Messieurs les commandants sont donc dans la pénible nécessité de les soutenir. Il ne leur suffit pas de les sauver. Ils veulent plus: ils veulent leur garantir une espèce de considération et d’influence, si ce n’est dans le pays, au moins auprès de leurs cours.

Toute la question est là. Je n’ose pas me flatter que M(onsieur) Gordon puisse la trancher de manière à satisfaire Messieurs les résidents et Messieurs les commandants, et à obtenir en même temps l’assentiment du gouvernement provisoire.

Quelles que soient mes dispositions personnelles à tout concilier, je ne puis pas y donner suite au prix des devoirs que j’ai à remplir pour répondre à la confiance de la nation.

En jetant un coup d’œil sur l’ensemble des faits, il me semble démontré jusqu’à la dernière évidence que le gouvernement a toujours voulu ramener les hommes égarés, par la voie de la persuasion et non par celle de la force.

Tant qu’ils n’ont fait que parler, écrire des adresses, et imprimer des libelles, il les a laissés faire. Les menées et les complots datent du mois de janvier. Quelles mesures le gouvernement a-t-il prises pour les arrêter?

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Aucune. Il a voulu que ces hommes fussent jugés par leurs œuvres. Il a voulu plus: il a mis à l’épreuve la nation. Il s’est dit: Si elle sait apprécier ses véritables intérêts, elle ne se laissera pas ébranler, et elle demeurera tranquille. Cette attente n’a pas été trompée. La nation en masse a rejeté et rejette les projets coupables de nos révolutionnaires, quoique appuyés au moins par les apparences d’une protection imposante.

Mais le gouvernement pouvait-il, devait-il, laisser ces hommes agir hostilement contre lui, et ce qui est plus encore, contre les provinces amies de l’ordre et de la tranquillité? C’est alors, et ce n’est qu’alors, qu’il a dû se garantir au moyen de la force.

Tel est le point de vue sous lequel je vous engage à faire envisager nos tristes affaires et la position du gouvernement, toutes les fois qu’il s’agira de faire des apologies. Je répugne à croire que la conférence de Londres vous place dans cette nécessité.

Les expéditions que les Hydriotes ont faites à Maïna portent leur fruit. On se bat dans les montagnes. J’ai été obligé de mettre à l’abri d’un coup de main Calamata et Mistra. En attendant, la piraterie a commencé sur les côtes du Magne. J’y ai envoyé trois de nos bâtiments. J’ignore ce qu’ils pourront faire.

Les choses restant dans l’état actuel, c’est-à-dire si l’insurrection continue à être protégée, le mal empirera tous les jours davantage. Il sera plus tard difficile, sinon impossible, d’y remédier. Pendant qu’il en est temps encore, tout peut être sauvé. L’ordre peut se rétablir: mais il faut que la conférence de Londres se prononce; il faut qu’elle envoie des subsides. Ce sont les deux conditions de rigueur.

Insistez sur ces points. Faisons notre devoir; Dieu fera le reste.

P. S. Les protecteurs des Hydriotes se plaignent maintenant que le gouvernement ait mis en accusation les promoteurs de la catastrophe de Poros.

En réponse j’ai fait une observation, sur laquelle il importe que vous vous arrêtiez en cas de besoin.

L’attentat de Poros a été consommé le 1/13 août. Le rapport du ministère de la justice et la proclamation du gouvernement portent la date 14/26. Que s’est-il passé dans cet intervalle?

Messieurs les commandants des stations alliées ont déclaré aux Hydriotes que leurs bâtiments ne sortiraient pas du port; et que s’ils sortaient ils y seraient refoulés, et qu’une croisière allait être établie à cet effet.

Malgré la déclaration, malgré la croisière, trois expéditions ont passé sous les yeux du brick chargé de la croisière: l’une pour Salamine, l’autre pour l’Archipel, et la troisième pour Maïna.

Ce n’est que lorsque le gouvernement a reçu les rapports de Salamine,

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de Maina, de Syra et de Siphnos, qu’il a signé la proclamation du 14/26, et expédié des troupes sur la côte du Péloponèse opposée à l’île d’Hydra. Pouvait-il se dispenser de prendre ces mesures? Il a laissé aux Hydriotes le temps de reconnaître leur crime, et de revenir spontanément sur la route du devoir et de l’honneur. Il leur aurait pardonné; ils ne l’ont pas voulu.

Si les déclarations de Messieurs les commandants des stations alliées étaient vraies et formelles, en ne s’y conformant pas les Hydriotes n’auraient-ils pas dû perdre tout droit quelconque à l’intervention de Messieurs les commandants et de Messieurs les résidents? Tout au contraire: ces messieurs les protègent encore.

Je reviens avec une peine inexprimable sur ces observations. Vous en ferez l’usage que vous jugerez le plus nécessaire.

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ΙΩ. ΚΑΠΟΔΙΣΤΡΙΑΣ ΠΡΟΣ Μ. ΣΟΥΤΣΟ

Correspondance, τόμος IV, σ. 405 - 415 και Αρχείο Καποδίστρια.

[Ακόμη μία φορά ο Καποδίστριας εκφράζει την αδημονία του για την ολοκλήρωση των διαβουλεύσεων της διάσκεψης του Λονδίνου. Περιγράφει τις νέες εξελίξεις των επαναστατικών κινημάτων και αναλύει τη στάση του, η οποία είναι πάντοτε σταθερή].

A M(onsieur) le Prince Soutzos, à Paris.

Nauplie, 14/26 septembre 1831

M(onsieur) de Regny est arrivé, et il vient de me remettre votre lettre du 10/22 août. Vous ne m’accusez que la réception des miennes en date du 1/13 juillet. Celles qui les ont suivies jusqu’à la date du 31 du mois passé, et que je vous ai expédiées par la voie d’Ancône et de Modon, doivent à cette heure vous être parvenues. J’aime à espérer que, muni de toutes les informations qu’elles vous apportent, vous aurez pu remplir

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avec succès la tâche importante que la confiance du gouvernement vous a assignée.

Je continuerai d’abord le récit de nos misères. Je vous avais annoncé par ma dernière du 31 août / 12 septembre les négociations amicales de M(onsieur) Gordon; mais en même temps je ne vous ai point laissé ignorer le peu d’espoir que j’entretenais d’un résultat satisfaisant.

Les pièces ci-jointes sous les lettres A et B vous prouvent que je ne me suis pas trompé. La première est un projet de note verbale dont la rédaction appartient, me dit-on, à M(onsieur) le commandant Lalande. M(onsieur) Gordon en me la communiquant confidentiellement a reconnu avec moi qu’il m’était impossible de l’admettre. L’esprit dans lequel cette pièce était conçue, les termes dans lesquels elle exposait l’état des choses, les mesures enfin qu’elle proposait pour y remédier, tout était de nature à encourager d’une part l’insurrection, et de l’autre à déconsidérer le gouvernement. Le peu de notes dont j’accompagne cette pièce vous donnent le résumé de mon entretien avec M(onsieur) Gordon.

Ayant reconnu, comme je viens de vous le faire observer, qu’il m’était impossible de recevoir une semblable communication et de consentir aux mesures qu’elle proposait, M(onsieur) Gordon prit la plume, et voulut bien tracer sur le papier la courte proposition que je lui exposai de vive voix. C’est l’annexe sous la lettre B.

Après avoir expliqué encore une fois à M(onsieur) Gordon toute ma pensée sur la situation intérieure du pays, je l’ai instamment prié de solliciter les décisions définitives de la conférence, ne fût-ce que sur les deux questions vitales, c’est-à-dire la nomination du prince souverain et les subsides.

M(onsieur) Gordon est parti le jour même, et j’aime à me flatter qu’il ne tardera pas à informer Milord Palmerston des faits dont il a été témoin durant le peu de jours qu’il est resté ici.

Le lendemain du départ de M(onsieur) Gordon, Messieurs les commandants des stations alliées m’ont fait l’honneur de venir me voir. Ils m’ont parlé de deux propositions que M(onsieur) Gordon leur avait communiquées. J’en ai pris connaissance, et je leur ai répété que j’étais prêt à les adopter, et à concourir de tous mes efforts pour que les mesures qu’elles indiquent soient mises à exécution.

M(onsieur) Lalande qui portait la parole de la part de ses collègues revint alors sur la nécessité d’accorder aux Hydriotes la liberté de faire sortir leurs bâtiments de commerce, et de leur promettre en même temps qu’ils seraient reçus dans les ports de l’état.

Il serait trop long, mon prince, de répéter ici toutes les observations que j’ai dû faire à M(onsieur) Lalande, pour lui démontrer que le gouvernement ne pouvait consentir ni à l’une ni à l’autre de ces deux demandes.

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Ma conclusion a été: que les Hydriotes rappellent tous les bâtiments armés qu’ils ont expédiés sur les côtes du Péloponèse et dans la mer Egée; qu’ils désarment ; qu’ils montrent par le fait qu’ils ne sont plus en état d’hostilités envers la nation et le gouvernement. Alors le gouvernement pourra leur ménager le moyen de ravitailler leur île ; peut-être même celui de la réconciliation, non avec les hommes sur lesquels pèse l’accusation de haute trahison, mais avec la communauté d’Hydra, laquelle est victime innocente de tant de crimes et de folies.

Voyant que nulle insistance ultérieure ne pourrait me faire changer de détermination, M(onsieur) Lalande se chargea de faire connaître aux Hydriotes les conditions auxquelles ils obtiendraient les sûretés que je venais de donner à Messieurs les commandants. Pour hâter ce résultat, ces messieurs sont convenus de faire arriver à bord de leurs bâtiments une députation d’Hydra.

Dans les entrefaites j’ai appris que dans l’île on préparait une nouvelle expédition de trois bâtiments armés. J’en ai prévenu moi-même Messieurs les commandants, et je leur ai déclaré que si, au moment où ils honoraient encore les hommes d’Hydra de leur intérêt, ces derniers leur manquaient au point de faire une nouvelle expédition, je ne consentais plus à la possibilité d’un arrangement quelconque.

M(onsieur) Lalande me répondit qu’il savait bien qu’on armait des bâtiments, mais qu’il était assuré que c’étaient des bâtiments qu’on destinait au commerce.

J’insistai à mon tour auprès de lui, comme auprès de M(onsieur) l’amiral Ricord, pour que ces bâtiments fussent empêchés de sortir.

Peines perdues. Les bâtiments armés sortirent, en surprenant la vigilance des croiseurs. Deux se rendirent dans les îles de Zéa et de Thermia, pour châtier les habitants qui avaient rejeté leurs agents révolutionnaires, et qui avaient appelé à leur secours le brave Canaris. Un troisième, dit-on, est allé renforcer la division hydriote qui travaille à insurger les hommes de Liméni et de Calamata.

C’est sous ces auspices que la députation d’Hydra embarquée sur un brick français vint dans le golfe de Nauplie, et que M(onsieur) Lalande me fit dire par un de ses officiers qu’il désirait connaître mes intentions.

Ma réponse a été courte et claire. La voici: «Du moment que les Hydriotes ont manqué à tout ce qu’ils devaient au bienveillant intérêt de Messieurs les commandants, et qu’ils ont fait partir leurs bricks armés malgré leurs déclarations réitérées et le blocus, il m’est impossible d’admettre que Messieurs les commandants puissent désormais compter sur la parole de ces gens-là. Par conséquent je ne puis plus consentir à ce qu’on leur promette rien, mais rien au monde, au nom et de la part du gouvernement.»

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J’ai fait la même réponse à M(onsieur) l’amiral Ricord, et je me suis abstenu de toute autre explication. La députation est retournée à Hydra. J’ignore ce qui en adviendra.

Si ces gens rappellent tous leurs bâtiments, s’ils renoncent à se considérer comme le noyau autour duquel doit bientôt se grouper une soi-disant représentation nationale; en un mot s’ils veulent et peuvent demeurer paisibles dans leur île, et que les faits m’aient assuré que telle est leur situation et leur détermination, assurément je ne persisterai plus alors dans les mesures de rigueur dont je les environne dans ce moment. Les principales consistent dans quelques troupes que j’ai fait camper sur la côte du Péloponèse opposée à Hydra, et dans les ordres donnés aux employés du gouvernement de ne pas recevoir dans les ports de l’état les barques et les bâtiments d’Hydra.

Les choses en sont restées là jusqu’à ce moment, pour ce qui concerne le foyer de l’insurrection.

Il n’en est pas de même d’une de ses émanations, le foyer de Liméni. Les bâtiments hydriotes échappés, dit-on, à la croisière arrivèrent à Liméni. Les brigands qui s’y tenaient assemblés, sans cependant avoir osé rien entreprendre depuis le mois de mai, reçurent une députation d’Hydra, laquelle leur apporta enfin des déclarations, des munitions de guerre, des vivres, et qui plus est une somme d’argent considérable.

Le projet de cette députation révolutionnaire était d’armer les Spartiates en masse, de les pousser d’une part vers Calamata, dans les provinces de la Messénie, de là vers Tripolitza et, s’il était possible, jusqu’à Argos; de l’autre par Marathonisi et Mistra.

Les Spartiates ont rejeté les offres de la députation d’Hydra; et à l’exception des Mavromichalis, et de 5 à 600 hommes qui ont été gagnés par de fortes paies, le reste des provinces est demeuré tranquille et attaché au gouvernement.

Les Mavromichalis avec leur suite, aidés par les bâtiments hydriotes, se sont présentés aux environs de Calamata. Ils ont même occupé cette ville. Les troupes que j’y avais envoyées pour la défendre auraient suffi, si les bâtiments de l’état étaient arrivés à temps.

Le retard qu’ils ont mis à se rallier à cause des temps contraires, et une foule d’autres circonstances, ont favorisé les insurgés. Calamata a été pillée, dévastée, rançonnée par ces héros constitutionnels.

Au moment où les bâtiments étaient arrivés, et que des renforts considérables de troupes s’assemblaient aux environs de Calamata, au moment où ces troupes allaient prendre des positions pour forcer les Maïnotes et les Hydriotes à se retirer, M(onsieur) le général Guéhéneuc se décida de son propre mouvement à y envoyer un détachement de ses troupes.

Je joins ici sous les lettres C, D, E, la lettre qu’il m’a adressée, la

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réponse que je lui ai faite, et celle aussi que M(onsieur) de Rouen me donna, par une suite de la communication confidentielle que je lui fis de cette correspondance.

Je ne doute pas que M(onsieur) le général Guéhéneuc n’admette ma demande. Si je dois cependant m’en tenir aux informations que je reçois à chaque instant, et de Calamata et des villages et des faubourgs qui sont entre les places de la Messénie et ce point centred, les Français ont répandu le bruit qu’ils vont occuper militairement Calamata, et qu’ils y resteront jusqu’à ce que le général reçoive des ordres de Paris.

Ces bruits me semblent tout à fait malveillants, et je ne veux leur donner aucun crédit. Au surplus je ne puis en juger que sur le témoignage des faits, et la réponse que le général m’enverra en constatera le principe.

Jusqu’ici cependant il paraît que le commandant Barthélémy a aussi voulu occuper Nisi, où se trouvent assemblées les troupes du gouvernement sous les ordres du général Colocotronis. Sur l’invitation qui lui a été faite de se retirer, il a répondu comme il devait. Il a déclaré qu’il ne bougerait pas, à moins qu’on ne lui présentât un ordre du gouvernement.

Si avant le départ du courrier je reçois la réponse du général Guéhéneuc, je vous en ferai part.

Je viens aussi de recevoir la nouvelle qu’à l’arrivée de la petite division des bâtiments de l’état et de M(onsieur) l’amiral Ricord dans le golfe de Calamata, les insurgés ont mis le feu à trois de nos bâtiments et en ont fait échouer un.

Ces nouvelles catastrophes et l’invasion de Calamata ont produit un double résultat, lequel est utile, quels que soient les regrets et la peine que doivent faire éprouver les circonstances dont il dépend.

Il est prouvé de l’aveu même du général Guéhéneuc (voyez sa lettre) que la soi-disant commission constitutionnelle de Liméni, ainsi que son auxiliaire la commission constitutionnelle d’Hydra, est un assemblage de brigands dont le mouvement ne peut produire que spoliation et anarchie.

Il est prouvé en second lieu que la totalité de la population guerrière de Sparte est restée inébranlable dans ses sentiments envers le gouvernement, et qu’elle veut l’ordre et la tranquillité, même à Sparte.

Il est prouvé en troisième lieu que le Péloponèse réprouve les menées révolutionnaires des Hydriotes, attendu que le général Colocotronis a sous ses ordres 1,500 hommes de la milice de toutes les provinces.

Si les dispositions des habitants de ces provinces étaient différentes, nul doute que les constitutionnels de Sparte et d’Hydra n’eussent fait des progrès. Ni le temps, ni l’argent, ni la protection, ne leur ont manqué.

Non le temps; parce que l’incendie de Poros et la désorganisation complète du service de la marine ayant enlevé au gouvernement les moyens d’armer promptement des bâtiments, les Hydriotes ont eu l’avantage

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tage de se montrer sur tous les points des côtes de Maïna pendant environ six semaines.

Non l’argent; ils ont apporté avec eux environ 50.000 francs. Le gouvernement n’a jamais eu en caisse et disponibles dans ces périlleuses circonstances au delà de 15 à 20.000 francs, et n’a pu payer les marins et les soldats qu’avec de petits à-compte et avec des assignations.

Non la protection; parce que après les déclarations de Messieurs les commandants des stations alliées et malgré la croisière, la sortie des bâtiments hydriotes est envisagée par les Grecs comme une forte présomption en faveur de la protection dont jouissent les insurgés de la part des Français et des Anglais.

Plusieurs autres circonstances les confirment dans cette opinion. Quelques officiers français radicaux approuvent et encouragent dans leur particulier les menées qui ont pour but un prétendu changement constitutionnel dans l’ordre intérieur du pays.

On va même jusqu’à répéter que les hommes de Liméni ont reçu de Modon et de Navarin des munitions de guerre.

Tout ceci peut tourner à mieux. Ces opinions peuvent se rectifier, si le général Guéhéneuc retire de Calamata son détachement. Dans le cas contraire on ne persuadera pas aux Grecs que les Maïnotes n’agissent point par une impulsion étrangère.

Les Mavromichalis, ainsi que les Hydriotes, sont restés à Calamata, et sont maintenant sous la sauvegarde des troupes françaises.

Peuvent-ils y rester sans produire une impression défavorable dans l’esprit de la nation qui les improuve, qui les combat, qui les maudit, parce qu’ils veulent troubler la tranquillité intérieure, tranquillité que d’ailleurs on leur recommande de maintenir au nom et de la part des Puissances alliées?

J’aime à espérer, mon prince, que vous n’aurez pas besoin de faire usage des informations que renferme la présente pour hâter les décisions de la conférence de Londres.

Ces décisions doivent être prises à cette heure. Mais vous en ferez usage pour démontrer à L(eurs) E(xcellences) qu’ils n’ont plus de temps à perdre.

Les faits déplorables que je vous retrace viennent vous démontrer que je ne me suis pas trompé en jugeant depuis le mois de mai de notre situation, des causes qui la rendent périlleuse et critique, et des remèdes que j’ai sollicités et que je sollicite en vain depuis lors.

Je vous répète et je vous autorise à répéter, que je ne dévierai pas de ma marche. Je ne trahirai aucun de mes devoirs. Je les remplirai tous jusqu’au dernier moment.

Lorsque j’aurai la conviction de ne pouvoir plus rien faire pour sauver

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ce malheureux pays des horreurs de la guerre civile, de l’anarchie ou bien d’une occupation militaire, je mettrai sous les yeux de la nation Grecque et du monde l’historique vrai et sincère des choses et des hommes, et je me retirerai en emportant avec moi le plus grand des biens, la pureté et le repos de ma conscience.

Il me reste à vous dire un mot du congrès national. Les élections commencent à se faire. La plupart des provinces ont préféré des hommes nouveaux pour plénipotentiaires. Les nominations sont bonnes. Je ne presse pas la réunion. Elle devrait avoir lieu après-demain. Il se peut qu’elle tarde encore un mois. Je le désire pour que les îles de l’Archipel aient le temps d’envoyer aussi leurs députés. D’ailleurs il se peut que jusque-là la conférence de Londres nous ait fait connaître ses décisions, soit définitives, soit transitoires.

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ΙΩ. ΚΑΠΟΔΙΣΤΡΙΑΣ ΠΡΟΣ I. Γ. ΕΫΝΑΡΔΟ

Correspondance, τόμος IV, σ. 415-417.

[Ο Καποδίστριας περιγράφει, ακόμη μία φορά στον Εϋνάρδο τα προβλήματα, τα οποία αντιμετωπίζει και ιδιαίτερα όσα σχετίζονται με την έλλειψη οικονομικών πόρων].

A M(onsieur) le Chevalier Eynard, à Genève.

Nauplie, 14/26 septembre 1831

Mon cher Eynard, M(onsieur) de Regny est arrivé. Je viens de le voir; il m’a remis votre lettre du 5 du mois passé.

Je vous remercie infiniment du secours que vous m’envoyez dans cet homme, qui me paraît aussi être celui que je cherche depuis longtemps.

Il dînera demain chez moi avec les employés des finances. Il tâchera avant tout de connaître l’état actuel de notre administration; il me donnera ensuite ses idées.

Dieu veuille que dans ces entrefaites les événements du dehors me laissent les moyens et le temps d’utiliser M(onsieur) de Regny. Je vous dis les événements du dehors, parce que nos petites échauffourées révolutionnaires

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naires ne sont que la conséquence directe et immédiate de ces mêmes événements, et des efforts des hommes qui les exploitent à leur avantage personnel.

Ces hommes ne sont pas seulement ceux qui composent la clique d’Hydra; il y en a d’autres ici même à Nauplie, qui les poussent. Ce sont ces derniers dont les événements du dehors devraient nous délivrer. Sans cela à la longue il n’y a pas de salut véritable pour ce malheureux pays.

Au moment où je vous écris, je n’ai pas un sou en caisse. Je fais néanmoins aller le service avec une espèce de papier-monnaie, que le gouvernement reçoit en son temps en paiement des revenus et des droits de douane.

Cet expédient réussit, mais cela ne peut pas aller longtemps. Il faut du crédit, et le gouvernement ne peut pas en avoir, lorsque les cours alliées lui promettent depuis six mois des secours pécuniaires sans les lui donner; lorsque le commandants des stations et Messieurs les résidents de France et d’Angleterre témoignent de l’intérêt aux hommes assemblés à Hydra, lorsque enfin les incertitudes planent sur ce même gouvernement, que l’alliance prétend étayer de son appui moral.

C’en est assez sur ce grand et triste chapitre.

Quelques personnes et quelques journaux se montrent peu satisfaits du gouvernement grec: je ne m’en étonne pas, vu leurs opinions politiques; cependant le témoignage qui me paraît le seul irrécusable est celui des faits, et les faits prouvent que le gouvernement n’a éloigné des affaires et du service que ceux qui malversaient ou qui intriguaient contre l’ordre actuel des choses et qui tâchaient de le renverser. Le général Schneider qui est arrivé en France, donnera, j’espère, des renseignements qui ne seront pas défavorables au gouvernement grec.

Ni la crainte des intrigues et des intrigants, ni celle des longues colonnes de quelques journaux, ne me fera dévier de ma marche. On dira, on écrira ce qu’on voudra; mais à la longue les hommes ne sont pas jugés d’après ce qu’on dit ou écrit de leurs actions, mais d’après le témoignage de ces mêmes actions. Fort de cette maxime, j’ai vécu dans le monde avec ces principes jusqu’au déclin de ma vie, et je m’en suis bien trouvé. Il m’est impossible à cette heure d’en changer; je ferai ce que je dois, advienne ce qui pourra.

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Σελ. 212
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ΠΑΡΑΡΤΗΜΑ

Σελ. 213
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Σελ. 214
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Τα κείμενα που ακολουθούν αποσκοπούν στο να συνδέσουν τις επιστολές του Καποδίστρια με εκείνες που έγραψαν ο Λεοπόλδος και ο Εϋνάρδος και οι οποίες είναι ήδη δημοσιευμένες. Η ανατύπωση μερικών από αυτές ή αποσπασμάτων τους κρίθηκε απαραίτητη για να συγκεντρωθεί στον τόμο αυτόν υλικό που διαφωτίζει τις ενέργειες του Κυβερνήτη για την επίλυση των σημαντικών προβλημάτων που αντιμετωπίζει η Ελλάδα.

Σελ. 215
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Σελ. 216
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1. (σ. 3-4).

Βλ. την επιστολή του Ι.-Γ. Εϋνάρδου, από Παρίσι, 26 Οκτωβρίου 1829 (Θεοτόκης, Αλληλογραφία, αρ. 155, σ. 220-226), από 8που και τα αποσπάσματα που δημοσιεύονται στη συνέχεια. Με το πρώτο, ο Εϋνάρδος αναγγέλλει ότι, επειδή έχει αποτύχει στις ενέργειές του να επιτύχει τη σύναψη του δανείου, στέλνει στην Ελλάδα 700.000 φρ. από δικά του χρήματα:

Θεοτόκης, σ. 221.

[...] Je crois m’apercevoir aujourd’hui que le refus de la France de vous envoyer des fonds et, d’un autre côté, ce qui a empêché Pozzo di Borgo de faire une avance, ce qu’il aurait pu à la rigueur, vient de ce qu’on ne sait pas encore le candidat qui sera choisi. Si c’est un protégé des deux puissances, elles n’auront alors aucune difficulté, je pense, à soutenir la Grèce par la garantie d’un emprunt. Si le candidat déplaît, on pourrait bien, dans ce cas, refuser l’emprunt. Dans cet état de choses, je suis donc assez exposé pour les 700/m francs que je vous expédie, néanmoins, je ne balance pas; il y aurait trop de cruauté à laisser la Grèce sans moyens et, quel que soit le prince, il est de l’intérêt de tous que la Grèce soit tranquille; et cette tranquillité est surtout désirable au moment où la forme du gouvernement est sur le point de changer.

Cependant, comme je ne peux me dissimuler que je fais une forte brèche à ma fortune, vous pourriez, pour diminuer mes risques, m’envoyer un ordre pour retirer de chez les frères Riccardo de Londres les 115/m £. S. de bons grecs qui sont encore dans leursm ains. Cela serait toujours ma sûreté pour une partie de mes avances. [...]

Στο δεύτερο απόσπασμα, ο Εϋνάρδος αναφέρεται στις αντιδράσεις κατά του Καποδίστρια και γράφει ότι ο ίδιος τον θεωρεί ως τον μόνο κατάλληλο να κυβερνήσει την Ελλάδα.

Θεοτόκης, σ. 224-225.

[...] On discute maintenant à Londres d’importantes affaires pour la Grèce, tout annonce que vous serez entièrement indépendants; aujourd’hui, cela convient politiquement aux puissances et je ne doute presque pas que la chose ne doive se décider favorablement. On s’occupe également d’un intérêt bien grave; le choix du prince. Vous avez loyalement indiqué vous-même le choix, mais je vous avance que je crains presque que vous n’ayez été trop facile à désigner le candidat sur lequel on peut choisir. Quel que soit le prince, la Grèce ne peut absolument

Σελ. 217
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se passer de vous pendant plusieurs années encore. Vous seul pouvez et devez, j’ose le dire, rester au timon des affaires et diriger l’inexpérience du prince. Quelques belles qualités qu’il ait, il va être entouré d’intrigues et d’intrigants; c’est le sort de tous les nouveaux venus et le prince aura à s’en garantir plus que tout autre. Le pourra-t-il? Le voudra-t-il? Voilà la question à faire. Malgré votre dévouement, votre patience et votre résignation à tout souffir pour votre patrie, je crains, je l’avoue, que, fatigué de nouvelles entraves qui peuvent vous atteindre, vous ne finissiez par vous dégoûter. Mais, je vous en conjure, mon cher Comte, résistez à tout et faites tête à l’orage qui se prépare peut-être; prouvez à vos ennemis et à ceux qui voyent avec regret les destinées qui attendent la Grèce, que vous saurez vous sacrifier. Il entre, je crois, dans les vues de plusieurs personnes, que vous quitterez la Grèce. Les uns veulent voir en vous, un homme trop attaché à la Russie, les autres, plus profonds, voyent en vous l’homme qui ne veut que le bien de la Grèce, ils craignent que vos moyens, vos vertus, votre passion de régénérer votre patrie ne développent trop rapidement le nouvel état dont il est del’intérêt de gêner le commerce et la prospérité, d’autres vous détestent personnellement et veulent à tout prix vous dégoûter et vous forcer à abandonner la Grèce. Punissez les uns et les autres par votre noble persévérance à continuer la belle œuvre à laquelle vous a destiné la Providence. Vous finirez par triompher de tous les obstacles, j’en ai la plus entière conviction. D’ailleurs, n’est-il pas certain que le nouveau prince, quelles que soient les erreurs qu’il puisse commettre dans le principe, ne tardera pas à revenir à de vrais intérêts et si, dans le début, vous êtes abreuvé de quelques dégoûts, vous êtes bien sûr que votre dévouement patriotique et votre désintéressement vous ramèneront le prince qui aurait pu s’égarer un moment sur les vrais intérêts de sa nouvelle patrie. J’ai voulu, mon cher comte, vous informer des bruits qui courrent. Il y a peut-être de l’exagération, je le crois même, mais il était bien de vous prévenir d’avance; un mal connu est à moitié évité. Croyez, mon excellent ami, qu’il y va de votre gloire et de votre honneur de rester en Grèce: toute l’Europe a les yeux sur vous, vous ne pouvez abandonner la Grèce que lorsque son organisation et sa considération seront établies d’une manière stable. Si quelque injustice dont vous seriez la victime vous fait quitter le pays, on vous accuserait d’avoir manqué de courage et de persévérance, on serait peut-être injuste en vous jugeant si sévèrement; mais on le ferait, et moi tout le premier, je vous le dis tout franchement.

Pardon, mille fois pardon, mon cher Comte, d’oser vous écrire si franchement, mais vous m’avez permis de tout vous dire et vous excuserez ce qui pourrait vous déplaire en pensant à mon tendre attachement. [... ]

2. (σ. 5-6).

Βλ. τις επιστολές του Ι.-Γ. Εϋνάρδου, από Παρίσι, 5 Νοεμβρίου 1829 (Θεοτόκης, Αλληλογραφία, αρ. 156, σ. 226-228) και 15 Νοεμβρίου 1829 (Θεοτόκης, Αλληλογραφία, αρ. 157, σ. 228-235 και συνημμένη: αρ. 158, σ. 235-240). Στο απόσπασμα που ακολουθεί ο Εϋνάρδος ενημερώνει τον Καποδίστρια για τις φήμες που κυκλοφορούν σχετικά με τον υποψήφιο για το θρόνο της Ελλάδος. Θεοτόκης, σ. 235.

Σελ. 218
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P.S. Dans ce moment même, une personne bien instruite et qui approche le Roi me dit que tout semble indiquer que le prince de Cobourg sera le souverain de la Grèce. Tout ce que j’apprends est en sa faveur, c’est un prince qui a un très bon caractère, le jugement sain et un grand désir de faire du bien à la Grèce. Je sais qu’il vous estime beaucoup et qu’il veut se laisser guider par vos conseils. Sa fortune particulière, car on dit qu’il a économisé, et ses 50/mille livres sterling de rente sont une chose nécessaire pour un souverain. Le malheur est qu’il n’a point d’enfants. Je voudrais aussi qu’il y eut moyen de capitaliser les 50/mille £ de manière qu’à sa mort, s’il se marie, la fortune ne fût pas éteinte. Il vaudrait mieux pour la Grèce que le Roi eut 600/mille francs de rente reversible à ses enfants plutôt que 1200/mille francs sur sa tête. Ce sont des considérations importantes à faire valoir.

4. (σ. 9-12).

Βλ. τις επιστολές του Ι.-Γ. Εϋνάρδου, από Παρίσι, 27 Δεκεμβρίου 1829 (Θεοτόκης, Αλληλογραφία, αρ. 159, σ. 240-243), 30 Δεκεμβρίου 1829 (Θεοτόκης, Αλληλογραφία, αρ. 161, σ. 243-248) και 5 Ιανουαρίου 1830 (Θεοτόκης, Αλληλογραφία, αρ. 170, σ. 263).

Το απόσπασμα που δημοσιεύεται αφορά στις προτάσεις για τη διάλυση των ατάκτων και την απομάκρυνση των αδελφών του Καποδίστρια, θέματα πάνω στα οποία ο Κυβερνήτης απαντά αναλυτικά:

Θεοτόκης, σ. 242-243.

Je vois souvent le maréchal Maison. Il est impossible d’être plus attaché à la Grèce et à vous en particulier. Il ne cesse de défendre votre cause avec chaleur et franchise et, lorsque les Chambres seront rassemblées, vous aurez en lui un pair dévoué qui ne laissera échapper aucune occasion de vous être utile. Le Maréchal qui a la bonté de me témoigner de la confiance, m’a communiqué plusieurs lettres où, après avoir fait le plus grand éloge du Président, on dit cependant les mots suivants:

«Les frères du Président ne sont pas aimés et font souvent tort au »comte Capodistrias qui a si bien réussi auprès du peuple grec. Cepen»dant, beaucoup de partisans du Président ont vu avec peine plusieurs »démissions et surtout celle de Miaoulis. Coundouriotis, Mavrocordato, »Tricoupi ont également cessé tout emploi public. Ils cherchent à in»triguer contre le Président et font leur cour au parti anglais.

»Il serait bien à désirer pour la Grèce que le Comte se hâtât de li»cencier les troupes irrégulières. Elles ne font que du mal et leur entre»tien épuise le pays. Elles servent d’ailleurs de point d’appui aux mécon»tents. La Grèce ne sera assurée de sa tranquillité que lorsque ces palli»caris indisciplinés n’existeront plus en bandes armées etc., etc.»

Vous voyez que je continue à tout vous dire, j’aime et j’estime trop vos frères pour ne pas être persuadé qu’on les calomnie, cependant, il est bien qu’eux et vous sachiez ce qu’on dit. On m’avait plusieurs fois fait le même rapport sur eux mais, sachant combien le blâme et la calomnie sont faciles, je n’y avais fait aucune attention. Ces plaintes se renouvelant et les personnes qui ont écrit au Maréchal étant de vos admirateurs, j’ai cru alors devoir vous prévenir de ce qu’on disait.

Σελ. 219
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Ο Εϋνάρδος ενημερώνει, επίσης, τον Καποδίστρια για τις εξελίξεις στο θέμα του υποψήφιου για τον ελληνικό θρόνο,

Θεοτόκης, σ. 247-248.

Il paraît tout à fait décidé que le prince de Saxe-Cobourg sera choisi pour le souverain de la Grèce. Le courrier qui porte cette approbation de la France est parti pour Londres il y a deux jours. Les journaux français se sont emparé de la question et ils blâment avec amertume cette décision qui paraît au premier coup d’œil un choix anglais. Je peux cependant vous certifier que le reproche est injuste et que le candidat d’Angleterre était le prince Frédéric des Pays-Bas que la France a refusé. Celle-ci portait d’abord un prince de la famille du roi de Saxe (il paraîtrait qu’il a refusé). Le prince Léopold ayant franchement et loyalement déclaré qu’il acceptait la souveraineté de la Grèce et la France sachant que la Russie approuverait ce choix, elle l’a proposé à l’Angleterre qui l’a accepté.

Pour la masse de la population française, le Prince, je l’avoue, paraît tout à fait un candidat anglais et je suis persuadé, d’après tout ce qu’on dit du prince Léopold, qu’il sera entièrement indépendant; et, une fois qu’il aura accepté la couronne grecque, il sera comme vous, seulement Grec et Grec avant tout. Il ne favorisera aucune nation plus qu’une autre, il ne songera, qu’au bonheur et à la prospérité de sa nouvelle patrie. Si les Anglais voyent ce choix avec plaisir, c’est un avantage pour la Grèce, car il lui convient que les Anglais soient ses amis parce qu’à défaut de bien, ils peuvent faire beaucoup de mal aux Grecs. Votre patrie a besoin, par dessus tout, de l’amitié et de la protection de toutes les puissances. Le prince de Cobourg, par sa position, lui assure cet avantage et je suis persuadé que, lorsque les Français le connaîtront mieux, ils verront que ce n’est pas un choix seulement anglais. D’après les informations que j’ai cherché à prendre chez les gens sages et sans passions, voici ce que j’ai recueilli sur le prince de Cobourg.

C’est un homme fort loyal, d’un caractère sage et posé, écoutant avec plaisir les avis des gens sages et éclairés et ne se décidant qu’après avoir bien réfléchi. Il aime le militaire et les arts et mettra son amour-propre à rétablir la Grèce dans un état de gloire et de prospérité. Le Prince est économe, il a une belle fortune et sa pension ne le rend nullement dépendant de l’Angleterre, car il peut vendre cette pension et en faire ce qu’il voudra. De toute part, on m’a confirmé que le Prince avait la plus haute estime de vos talents et de votre caractère. Puisque vous avez le dévouement de rester en Grèce, personne ne doute que le Prince, dans ses intérêts et dans ceux de sa nouvelle patrie, ne vous donne toute sa confiance et alors, je ne vois pour la Grèce qu’un avenir heureux et brillant. Dieu exauce les vœux que je forme à cet égard !

Le choix une fois fait, il faudrait que vous en fussiez prévenu d’avance, afin que vous puissiez annoncer la chose au Sénat grec d’une manière honorable pour la nation et pour le prince souverain. Il faudrait également que le Prince arrivât sur un bâtiment grec, sur votre belle frégate «l’Hellas»; ce serait la manière de nationaliser le nouveau monarque.

Σελ. 220
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Αναζήτηση λέξεων και φράσεων εντός του βιβλίου: Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Ι΄
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    Tous mes efforts se réduisent aujourd’hui à maintenir le statu quo, au moins jusqu’à l’arrivée des réponses qu’on attend de France et d’Angleterre, et qu’on lui fait espérer favorables à l’accomplissement de ses desseins. Ce statu quo n’est rien moins qu’inoffensif pour la nation. Les bâtiments hydriotes oppriment et ravagent l’Archipel, fomentent les troubles et la guerre civile dans le Magne, coupent enfin, autant qu’ils le peuvent, les communications maritimes du gouvernement avec différents points de l’état.

    Plus cette crise se prolonge, et plus le gouvernement est dans la douloureuse nécessité d’armer les citoyens pour la défense de leurs propres foyers. Tout ceci se passe au moment où je n’ai, comme je vous l’ai marqué itérativement, ni fonds en caisse, ni subsides, ni crédit, ni l’espoir d’obtenir des uns ni de l’autre. Néanmoins nous nous défendons, et la révolution ne fait pas de progrès. Si elle n’était pas encouragée, elle ferait des pas rétrogrades sur le terrain étroit qu’elle a choisi pour le centre de ses folles et criminelles entreprises.

    Dans cet état de choses, M(onsieur) Gordon de retour de son ambassade à Constantinople est arrivé à Nauplie après avoir visité Athènes. J’ai l’honneur de connaître M(onsieur) Gordon depuis longtemps, ayant été en relations d’affaires avec lui à Vienne, à Carlsbad, à Laybach et ailleurs. Nous nous sommes donc entretenus longuement à cœur ouvert sur la déplorable situation de la Grèce. Je lui ai fait part avec un entier abandon des observations que j’avais pris la liberté d’adresser à Milord Palmerston, et de celles que j’ai consignées dans le mémoire destiné à la conférence de Londres.

    M(onsieur) Gordon semble avoir jugé des hommes et des choses comme un personnage de sa sphère le doit, et les vœux qu’il m’a témoignés le prouvent. Il a désiré contribuer à rétablir en quelque sorte la confiance entre les représentants des cours alliées, les commandants des stations et le gouvernement, et leur faire adopter d’un commun accord des mesures au moyen desquelles on puisse arrêter dans leur source les menées révolutionnaires, au moins jusqu’à ce que la conférence de Londres se prononce ou que le congrès national soit assemblé.

    Je ne vous répéterai pas les longs entretiens que j’ai eus avec Monsieur) Gordon. Vous en aurez une première idée dans la copie ci-jointe d’un billet que m’a écrit hier matin M(onsieur) le baron Rukmann, et dans la courte réponse que je lui ai faite.

    Le courrier de ce jour partira avant que la négociation dont Monsieur) Gordon a eu l’extrême bonté d’être l’intermédiaire ait un dénouement. Ce que je puis vous dire cependant d’avance, c’est qu’elle ne peut avoir de suite, que pour autant que le gouvernement s’assurera que les Hydriotes sont mis dans l’impossibilité matérielle et morale de continuer